Le conflit syrien a créé plusieurs tensions au sein de la population arabe israélienne ces dernières années. Il y a ceux qui sont pour une « révolution contre un tyran, responsable de crimes de guerre », et ceux qui pensent qu’une « conspiration a été menée contre le peuple syrien et la politique nationale du pays ».

Ce différend anime de longs débats au sein de cette communauté, parfois même de manière virulente, et la bataille décisive à Alep est devenue la bataille décisive entre ces deux camps.

Les réseaux sociaux sont le champ de lutte entre partisans de l’armée syrienne et dénonciateurs de « crimes contre l’humanité ». Essam Makhoul, ancien député au Parlement israélien (Knesset), et actuellement directeur à l’Institut Emil Touma pour les Etudes palestiniennes et israéliennes à Haïfa, a déclaré que la communauté était partagée entre ceux qui s’alignent sur « l’axe du Qatar et de l’Arabie Saoudite », et ceux qui soutiennent la lutte contre le « terrorisme en Syrie ».

Mohammad Khateeb/I24 news

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Des appels ont dernièrement été lancés sur Facebook pour que les résidents de Haïfa manifestent leur solidarité auprès des civils assiégés à Alep, alors que dans le même temps, des attaques ont été coordonnées sur les réseaux sociaux par ceux qui défendent les forces syriennes soutenues par l’Iran, la Russie et le Hezbollah.

Les militants du parti arabe israélien le Front démocratique pour la Paix et l’Égalité (Hadash) sont les principaux défenseurs de la lutte syrienne contre le « terrorisme ». Les partisans du parti Balad (Ligue démocratique nationale) ont pour leur part adopté la position d’Azmi Bishara, contre le président syrien Bachar el-Assad et son régime. Quant aux activistes islamiques, la dimension ethnique du conflit syrien est leur préoccupation principale.

Polarisation

« La victoire des Syriens à Alep représente un nouvel équilibre international et régional du pouvoir, nécessaire aux Palestiniens pour faire valoir leurs droits », a confié Aleef Sabbagh à I24News, journaliste et militant politique.

Sabbagh précise par ailleurs que « la Syrie est un champ de bataille régional et international, et en raison de son emplacement géopolitique, le pays s’oppose à servir les intérêts des Etats-Unis qui soutiennent Israël. Ces deux Etats ont jugé nécessaire de remplacer le gouvernement syrien qui refusait de coopérer avec la Maison Blanche depuis 2003 ».

« Aleef Sabbagh »

Unité

« Cette tension au sein de la population arabe montre à quel point la situation s’est dégradée, nous en sommes arrivés aujourd’hui à ne plus être capables d’entendre d’autres opinions », déplore Baker Zoabi sur Facebook, rédacteur en chef pour un journal local.

« Depuis le début de la crise en Syrie, je suis resté à l’écart de tous les débats sur les forums, mais ce que nous sommes devenus me dégoûte », affirme un autre internaute.

Un haut responsable de la municipalité de Nazareth, la plus grande ville arabe d’Israël, est également intervenu.

« Il semble que la bataille d’Alep se soit transformée en une ‘question palestinienne’, et ces disputes internes me rendent affreusement malade. J’ignore où tout cela va finir », a-t-il dit.

Réactionnaire

Selon Essam Makhoul, le conflit syrien est la conséquence d’une « conspiration contre la Syrie », et la grande majorité des Arabes israéliens sont conscients du malheur.

« Les dirigeants des Emirats du Golfe défendent les organisations terroristes et tout ce qu’ils y gagnent c’est le soutien d’Israël contre une victoire syrienne », a-t-il déclaré.

« Essam Makhoul »

Makhoul souligne que « depuis le début de la crise en Syrie, les Arabes sont divisés en deux parties, la première soutenant une division de la Syrie dans le cadre d’un nouveau plan pour le Moyen-Orient comme en Irak, en Libye ou au Soudan, la seconde, plus progressiste, soutient le peuple syrien dans sa guerre contre le terrorisme ».

D’après l’ancien député israélien, les tensions croissantes sont dues au fait que « la plupart de la population arabe voit enfin un espoir après la libération d’Alep, qui n’est qu’un début pour l’avenir de la Syrie ».

« La distinction fondamentale entre les différentes tendances au sein de la population arabe est due à l’existence du pouvoir politique engagé intellectuellement et économiquement des pays du Golfe, en particulier du Qatar et de l’Arabie Saoudite », a-t-il ajouté.

« C’est cet engagement même qui crée la division et l’hostilité à l’égard de la Syrie, et ils ne savent plus quoi penser de la victoire d’Alep « , a-t-il affirmé.

Des dizaines de manifestants ont récemment participé à un rassemblement organisé par le parti Balad et le Mouvement islamique à Haïfa, au cours duquel le régime d’Assad a été dénoncé, ainsi que le « massacre et le génocide commis par l’armée syrienne et ses alliés à Alep ».

Ils ont appelé à lever « le blocus d’Alep » et à « renverser le régime syrien ».

Mohammad Khateeb est journaliste pour le site Web i24news en arabe

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