La fin de la guerre israélo-arabe : un nouveau cadre stratégique forgé par réaction au Jihad, à l’Iran et à la Maison Blanche.

Il est probable que l’histoire marquera le début de l’année 2015 comme la fin de la guerre israélo-arabe, un conflit qui a duré depuis 1948, lorsque l’Etat moderne d’Israël a été proclamé. 

Israel's Prime Minister  Menachem Begin and Egypt's President Anwar Sadat at Camp David, Sept. 16, 1978. / Corbis

Cependant, la fin de « la guerre israélo-arabe », en aucun cas, ne marque la fin du conflit lancé en vue de la création d’un Etat palestinien séparé, ni la fin du conflit continu contre Israël, mené par la Turquie non-arabe, l’Iran non-arabe, le Qatar, et à un second degré, avec le soutien de la Maison Blanche américaine (mais pas l’ensemble du gouvernement américain, en soi).

La fin de ce conflit général israélo-arabe est le résultat d’un rapprochement croissant des perspectives, entre un certain nombre d’Etats de la Péninsule Arabe et Israël, particulièrement à partir de problèmes autour de l’endiguement des forces djihadistes, et de façon encore plus significative, sur les façons de contenir la domination grandissante de l’Iran sur la région. 

Ce repositionnement s’est développé depuis plusieurs décennies, et a largement commencé par les échanges de contacts très discrets entre Israël et Oman, à la fin des années 1970, mais qui se sont particulièrement épanouis, quand l’ancien monarque saoudien disparu, le Roi Abdallah bin ‘Abd al-’Aziz al Sa’ud et le gouvernement israélien se sont rendus compte que leurs préoccupations convergeaient et se chevauchaient, au sujet de l’Iran. 

Les Emirats Arabes Unis ont largement suivi l’Arabie Saoudite, à cet égard. La Jordanie s’est montrée constamment pragmatique dans les relations avec Israël et vice-versa. 

L’hostilité « arabe » envers Israël ne s’est pas renversée, ou n’a pas décliné de manière continue et uniforme. 

Le gouvernement égyptien du Président Anouar al Sadate a entamé une forme de « normalisation » avec Israël, par les Accords de Camp David 1978,mais les relations israélo-égyptiennes sont demeurées purement formelles, tout en maintenant le calme au cours de l’ère du Président Hosni Moubarak (1981-2011) et sont devenues plus pragmatiques, durant le gouvernement d’intérim du Maréchal Mohamed Hussein Tantawi Soliman (2011-12),mais ont fait machine arrière pour être carrément hostiles – tout en poursuivant des relations diplomatiques quasi-normales- du temps du gouvernement des Frères Musulmans, sous Mohamed Morsi (2012-2013). 

On n’en est pas seulement revenu à une relation chaleureuse, après le renversement du Président Morsi, par le plébiscite égyptien de 2013 [Le Mouvement Egyptien pour le Changement -Tamarod- a recueilli 22 millions de signatures appelant à la démission de Morsi, conduisant, en définitive à l’installation au gouvernement du Président Abdel Fattah Saeed Hussein Khalil al Sissi] ; Cela a débouché sur une relation israélo-égyptienne fondée sur la mise en oeuvre multidimensionnelle d’intérêts stratégiques mutuels. 

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La fin de la relation spéciale américano-égyptienne, par l’élection du gouvernement de Sissi en 2014 et le rejet des Etats-Unis par l’Arabie Saoudite, cette même année, ont contribué à rétablir le profond soutien saoudo-émirati (et koweitien) pour l’Egypte, étant donné que tous ces Etats arabes partageaient le rejet de l’Egypte, concernant l’option favorité du Président Barack Obama ( ainsi que du Président turc Recep Tayyip Erdogan et de l’Emir du QatarTamim bin Hamad Al Thani) pour la région : les Frères Musulmans. 

Ce qui a émergé, c’est, maintenant, un bloc solide d’Etats nouvellement alliés (ou mutuellement intéressés) : Israël, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Emirats et, à un certain point, le Koweit. Oman et le Maroc disposent de leurs liens séparés avec Israël. Ils ne sont pas tous du même avis sur toutes choses. Oman est prudent, comme toujours, à propos de l’Arabie Saoudite, particulièrement en ce moment, du fait de la gestion par Riyad de la situation au Yémen (et, en effet, les Omanis, Musulmans Ibadi, agissent en édifiant des ponts en direction de l’Iran sur bien des sujets, car l’Ibadisme est antérieur à la fois au Sunnisme et au Chiisme). Le Maroc est inquiet à cause du soutien historique de l’Arabie Saoudite à l’idéologie radicale Wahhabite. Et ainsi de suite. 

De façon significative, dans le « camp antisioniste », l’Iran est fermement en désaccord avec la Turquie et le Qatar, et se méfie de l’Administration Obama dans tous les domaines. L’hostilité de l’Iran envers Israël, est, en tout cas, un problème relativement récent et pas un de ceux – comme dans le cas de « la guerre israélo-arabe »- qui a jailli en 1948. L’Iran/la Perse a entretenu une relation profonde et importante avec Israël qui remonte à quelques 2.500 ans. Il se pourrait qu’iol en aille à nouveau ainsi, une fois ce présent conflictuel  se serait dissipé : 

L’Iran a toujours cherché à disposer d’un pied ferme en Méditerranée et y est parvenu grâce à ce qui est, aujourd’hui, Israël, tout en maintenant, également des liens puissants avec les Juifs de la région, depuis la mise à sac du Premier Temple de Jérusalem, par Nabuchodonosor II, après le siège de Jérusalem en 587 avant l’ère ordinaire. Les tirbus juives captives se sont graduellement implantées vers l’Est au sein de l’Empire Perse. 

A la périphérie de ce tableau du monde arabe, on trouve la forte relation d’Israël avec l’Ethiopie, survenue à une époque où :

 – a) Djibouti cherche à fusionner avec l’Ethiopie (à laquelle elle appartenait avant d’être louée par l’Empereur Menelik II d’Ethiopie à la France pour une durée de 99 ans) ;

 – et b) une prudente relation de travail commence à émerger entre l’Ethiopie et l’Egypte, à propos du partage des eaux du Nil.

Ainsi, pas à pas, l’Ethiopie semble logiquement disposée – surgissant à nouveau en tant que facteur maritime important en Mer Rouge – à se joindre un jour ou l’autre, à ce nouveau bloc. 

Ce qui est en train d’apparaître, dans ce nouveau cadre, c’est la création d’une région nouvellement renforcée, au sein de laquelle l’investissement mutuel et le commerce ont déjà commencé à s’épanouir. 

Les prêts et investissements de l’Arabie Saoudite, des Emirats et du Koweit à l’Egypte, en 2014-2015, ont marqué le départ d’un véritable investissement commercial en Egypte, qui comprendra probablement le financement du « Nouveau Caire », construit entre la vieille ville existante du Caire et le Canal de Suez, dans les toutes prochaines années, également dans une période où la grande expansion du Canal apparaît : un Canal de Suez élargi et plus ouvert aux navires – d’autant plus importante en matière de navigation – est sur le point d’être inauguré en août 2015. Un tel bloc commercial, s’il voit réellement le jour, sera une élément stabilisateur pour la région, ainsi qu’à l’égard de l’ensemble de l’Est de la Méditerranée et des liaisons maritimes de l’Océan Indien et du Pacifique. Et il se pourrait bien qu’il se dégage de toute influence occidentale (c’est-à-dire américaine) forte. 

A l’extérieur du monde arabe, l’hostilité mutuelle turco-iranienne se poursuit ( mais reste feutrée, ménagée avec prudence). Comment cela se terminera sera déterminant pour comprendre jusqu’à quel point la Turquie survivante décidera (certainement, dans l’après-Erdogan) de se joindre, ou non, aux bénéficies mutuels de la région… 

Par Gregory R. Copley, Editeur, GIS/Defense & Foreign Affairs

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Adaptation : Marc Brzustowski

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oxomars

On ne peut qu’être ravi de cette projection à moyen terme. Faut-il encore craindre les réactions des pro-djihadistes qui s’agitent dans l’ombre car les conflits du Moyen-Orient servent depuis très longtemps, les appétits financiers les plus crasseux.
Imaginez un Mahmoud Abbas, perdant les avantages financiers de son actuel position. Et enfin, les occidentaux qui cultivent les tensions avec des godillots, croyez-vous qu’ils vont accepter de perdre tous ces mirifiques contrats au profit de ces Juifs qu’ils détestent tant ?

Armand

Israel ne fait que recolter les fruits de ses investissements .

La seule puissance jouissant de la democratie , de la parole donnee , de son honnetete morale etc……

A cela rajouter que c’est l’une des meilleures armees du monde , vous pouvez lui faire confiance , il ne vous trahira jamais .

En general c’est le contraire qui se passe . Oui bien sur nous pensons d’abord a la Turquie naturellement .

Maintenant je suis d’accord avec l’article ci dessus , le commerce entre nations est la clef des relations pacifiques entre elles .