Deux des imams de la grande mosquée de Genève, financée par les Saoudiens, sont des Français convertis, fichés « S » par les services de renseignements.

La Ligue islamique mondiale, fondée à La Mecque en 1962 pour propager l’islam et lutter contre les fausses allégations visant à détruire l’unité des musulmans, prend son temps. Elle n’est arrivée que la semaine dernière à Genève, alors que depuis plusieurs années déjà la grande mosquée du Petit-Saconnex, financée par l’Arabie saoudite, est accusée de propager une vision de la religion parmi les plus rétrogrades. Plus embarrassant, deux de ses fidèles sont partis se battre en Syrie et deux de ses imams font l’objet d’une surveillance accrue de la part des services de renseignements français.

Le numéro de portable de l’un des deux imams, un Toulousain, figurerait au moins à sept reprises dans la liste des appels entrants et sortants du téléphone de Mohamed Merah, emprunté à sa mère. Les domiciles des deux imams, des Français convertis, domiciliés à Ferney-Voltaire, dans le département de l’Ain, juste de l’autre côté de la frontière, ont été perquisitionnés en novembre 2015. Répondant à une interview dans Le Matin Dimanche, J. A., l’imam toulousain, affirme, parlant de Toulouse, « Mohamed Merah venait d’un autre quartier. Nous ne fréquentions pas la même mosquée. […] Je n’ai aucun souvenir de l’avoir jamais rencontré. » Par ailleurs, selon une note de la Direction départementale de la police aux frontières de l’Ain, ce Français converti serait soupçonné d’être « l’un des personnages-clés dans l’organisation d’une filière djihadiste ». Une accusation que J. A. dément.

À l'intérieur de la grande mosquée du Petit-Saconnex, à Genève (photo d'illustration).

« Partir en Syrie ? Ce n’est pas son problème »

Quant à l’autre imam, F. T., qui fait également l’objet d’une fiche « S », il a fait ses études en Arabie saoudite, avant de travailler pour la grande mosquée de Genève en 2008. Parti un temps en Jordanie, il est revenu ensuite en Suisse officier dans ce lieu de culte appartenant à la Ligue islamique mondiale. Interrogé par la télévision suisse pour savoir s’il était pour ou contre la lapidation, il a préféré répondre « joker ». Plus grave, au printemps 2015, deux jeunes, un Suisse converti et un Tunisien, liés à « un groupe de jeunes radicalisés fréquentant la mosquée du Petit-Saconnex », sont partis en Syrie.

Lorsque la mère du Suisse converti appelle un imam de la mosquée pour lui demander de l’aide, celui-ci lui répond « [qu’]il ne le connai[t] pas, [que] ce n'[es]t pas [s]on problème ». « Il m’a mal répondu », raconte la mère dans La Tribune de Genève, en août 2015. Saïd Ramadan, le gendre d’Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans égyptiens, et père d’Hani et de Tariq, a bien participé à la création de la Ligue islamique mondiale en 1962. En revanche, il a coupé les ponts avec l’Arabie saoudite quelques années plus tard. Le centre islamique de la famille Ramadan, installé au bord du lac Léman, n’a officiellement pas de relations avec la grande mosquée établie au Petit-Saconnex. Hani Ramadan, son directeur, a toujours manifesté son hostilité quant à l’envoi de djihadistes en Irak ou en Syrie.

Une direction imposée par les Saoudiens

Les « dysfonctionnements » de la grande mosquée ont donc contraint la Ligue islamique mondiale à venir la semaine dernière remettre de l’ordre dans la ville du bout du lac. À l’origine, le déplacement devait demeurer confidentiel. Les représentants de l’Arabie saoudite ont refusé de rencontrer la presse et « de s’entretenir avec la communauté musulmane de Suisse ». « Ces gens descendent dans les palaces, mais ne cherchent même pas à dialoguer avec ceux qui fréquentent la mosquée ! Décidément, rien ne change », déplore Hafid Ouardiri, porte-parole de la Fondation culturelle islamique de l’Entre-Connaissance. Ancien porte-parole de la grande mosquée, il a été licencié en 2007 pour avoir demandé la nomination d’une direction issue de la communauté locale, et non imposée par l’ambassade d’Arabie saoudite.

Pour l’Arabie saoudite, qui entend tordre le cou à toutes les accusations évoquant ses liens avec le terrorisme, la grande mosquée, la première construite en Europe en 1978, fait incontestablement désordre. Car elle « est devenue la plus polémique d’Europe », constate Hasni Abidi, politologue d’origine algérienne. Mais de là à démocratiser son fonctionnement…     

Le Pont.fr

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