La Banque mondiale avertit des risques de stagflation.

L’institution de Washington revoit fortement à la baisse sa prévision de croissance pour 2022, de 4,1 % anticipés en janvier à 2,9 %, et craint une période de stagnation économique combinée à une inflation élevée. La crise économique s’accélère et tous les feux passent au rouge. Pendant ce temps l’immobilier israélien, qui croit à un miracle continu, avec une soif irraisonnée de profit, risque d’entrainer beaucoup de propriétaires dans une difficulté sans nom, alors que les vendeurs auront fait de gros bénéfices.

Guerre en Ukraine, inflation galopante, problèmes d’approvisionnement à cause du Covid-19, retrait partiel des aides publiques mises en place pendant la pandémie… La Banque mondiale décrit une tempête économique sur tous les fronts dans son rapport bisannuel sur l’état de l’économie, publié mardi 7 juin. Elle revoit donc très fortement à la baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2022, de 4,1 % anticipés en janvier à 2,9 %.
Surtout, elle craint que ce violent coup de frein soit durable, avec un possible retour de la stagflation, soit une période de stagnation économique combinée à une inflation élevée. « Même si une récession mondiale est évitée, la douleur de la stagflation pourrait persister pendant plusieurs années, sauf si une amélioration majeure du côté des problèmes d’offre ne se met en place. (…) Plusieurs années d’inflation au-dessus de la tendance de long terme et de croissance en dessous de la tendance sont maintenant probables, avec des conséquences potentiellement déstabilisantes pour les pays à revenus faibles et moyens. C’est un phénomène [la stagflation] que le monde n’a pas connu depuis les années 1970. »
Le choc actuel, sorte de tempête parfaite, est majeur, souligne l’institution de Washington. En 2021, la croissance mondiale était exceptionnelle, à 5,7 %, à la suite du rebond artificiel provoqué par la (presque) fin de la crise sanitaire. En 2022, elle devrait être réduite de moitié, à 2,9 %. A court terme, la zone euro et les Etats-Unis doivent connaître cette année une hausse de leur produit intérieur brut similaire (2,6 % et 2,5 %), mais la première devrait décrocher en 2023 par rapport aux seconds (1,9 % contre 2,4 %).
La guerre en Ukraine rend la zone euro plus fragile, dans la mesure où elle dépend nettement plus du gaz russe. De surcroît, elle est davantage touchée par les problèmes d’approvisionnement sur les chaînes logistiques. L’Ukraine produit par exemple certaines pièces automobiles dont la fabrication est fortement réduite, ce qui provoque l’arrêt de certaines usines au sein de l’Union européenne. Les économies les plus fragiles restent cependant les pays émergents. Ainsi, selon la Banque mondiale, la croissance devrait y atteindre 3,4 % en 2022, contre 6,6 % en 2021.

Eviter les subventions au pétrole et à l’énergie

Les parallèles avec les années 1970 sont frappants. La hausse du cours du pétrole observée depuis deux ans est la plus forte depuis le choc de 1973. De plus, toutes les énergies sont touchées : pétrole, gaz, charbon, ainsi que l’ensemble des produits pétroliers, ce qui n’était pas le cas il y a cinquante ans. « Il y a moins de marge de manœuvre pour substituer [à l’or noir] une autre énergie fossile alternative », est-il indiqué dans le rapport. La conséquence est une inflation mondiale qui, en avril, s’élevait à 7,8 %, du jamais-vu depuis 2008. Pour les pays développés, elle est la plus haute depuis 1982. L’impact sera quasi mécanique, avec une réduction de la croissance mondiale de 0,8 point, uniquement à cause de la flambée des prix.
Néanmoins, il reste d’importantes différences avec les années 1970, constate la Banque mondiale. En valeur réelle, le baril de pétrole avait dépassé la barre des 150 dollars après le choc de 1979, alors qu’il demeure actuellement inférieur à 120 dollars (112 euros). Les prix alimentaires n’ont pas non plus retrouvé les sommets atteints à l’époque.
Par ailleurs, les principales banques centrales bénéficient d’une « autonomie opérationnelle renforcée », selon le rapport. C’est particulièrement évident dans la zone euro, où la Banque centrale européenne est une institution indépendante, là où, il y a un demi-siècle, les banques centrales des pays européens étaient souvent contrôlées par les gouvernements. Cela peut permettre une action plus rapide pour enrayer l’inflation, en augmentant les taux d’intérêt. En outre, les anticipations d’inflation (ce que les ménages et les entreprises pensent que l’inflation sera à l’avenir) restent faibles, preuve que l’idée d’une hausse permanente des prix n’est pas encore généralisée.
En matière de politiques publiques, la Banque mondiale en conclut qu’il faut éviter les subventions au pétrole et à l’énergie. Elle privilégie au contraire « les politiques [visant à] encourager les économies d’énergie et [à] accélérer la transition vers des sources d’énergie à bas carbone ». Si elle ne l’évoque pas explicitement, elle retoque ainsi l’idée du bouclier tarifaire français, qui bénéficie à tous les Français, sans inciter à des changements de long terme. A la place, l’institution recommande « un soutien temporaire ciblé » pour les ménages à bas revenus.

JForum – Eric Albert(Londres, correspondance)

 

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