Ouest-France Publié le
Une professeure d’espagnol âgée de 41 ans, qui enseignait dans un collège de Perpignan (Pyrénées-Orientales), a décidé de démissionner de l’Éducation nationale. Elle estime ne pas avoir été suffisamment soutenue par sa hiérarchie après son agression par deux élèves de 3e, relate L’Indépendant.
Les faits se sont déroulés le 18 septembre dernier. La professeure voulait exclure de son cours deux garçons perturbateurs, d’après son témoignage. Comme ils ne sortaient pas, elle avait demandé à un autre élève d’aller chercher la CPE.
« Je m’étais levée refermer la porte quand je les ai sentis tous les deux derrière moi. Je me suis retournée, ils étaient à 10 cm à peine, ils me bloquaient le passage », raconte-t-elle au quotidien local. L’un des deux garçons serait ensuite sorti pour enfoncer la porte de l’extérieur tandis que l’autre aurait coincé l’enseignante. Agrippé à la poignée, son bras avait fini par céder. Les deux jeunes en auraient profité pour s’enfuir.
La peur des représailles
La professeure a rapporté l’incident au principal du collège puis s’est rendue chez son médecin qui lui a prescrit une ITT de quatorze jours et un arrêt de travail, depuis prolongé. Elle a porté plainte pour violences en réunion contre les deux élèves. Elle a ensuite prévenu leurs familles. « Ils m’ont hurlée dessus, ils m’ont traitée de raciste et m’ont menacée de retourner la plainte contre moi », se souvient-elle dans les colonnes de L’Indépendant.
Si elle témoigne anonymement, c’est parce qu’elle craint les représailles. Chez la quadragénaire, quelque chose s’est définitivement brisé avec l’assassinat de Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géo décapité près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour avoir montré des caricatures à ses élèves. « Je refuse de continuer plus longtemps à servir une institution qui ne me défend pas », assène-t-elle, citée par nos confrères.
Le directeur académique du département prêt à la recevoir
Les deux élèves ont finalement été renvoyés chez eux quelques jours quand l’enseignante avait réclamé une exclusion définitive. La professeure indique avoir saisi l’Inspection d’académie à Perpignan et le Rectorat à Montpellier mais n’avoir toujours pas eu de nouvelles de leur part.
Joint par L’Indépendant, le directeur académique des services de l’Éducation nationale dans les Pyrénées-Orientales, Frédéric Fulgence, a qualifié d’« inadmissible » cette agression.
Il dit soutenir la décision du principal du collège en question et insiste sur l’importance d’accompagner la professeure. « À l’Inspection comme au Rectorat, […] nous avons à cœur de prendre soin de nos personnels », assure Frédéric Fulgence auprès de nos confrères. Il annonce qu’il recevra l’enseignante à l’issue de son arrêt maladie pour discuter des solutions possibles