Dévoilement de la plaque dans la synagogue de Tours. © Photo NR

On ne saura sans doute jamais pourquoi on a attendu un siècle avant de rendre hommage aux deux poilus juifs tourangeaux morts pendant la Première Guerre mondiale, s’interroge Paul Lévy.


Mardi, le président de la communauté juive de Tours a évoqué l’histoire d’André Bloch et Jean Brunschvicg. Employé aux écritures, le premier faisait partie du 131e  RI et est mort en Argonne. Sous officier au 66e RI, le second a été blessé en 14, soigné à La Riche, décédé un mois après son admission à l’hôpital.


Le nom de ces deux hommes est désormais gravé dans le marbre, sur un des murs de la synagogue de la rue Parmentier à Tours. Le fait n’est pas anodin. Tour à tour, des représentants de la Ville et du Département ; le grand rabbin de France et la préfète d’Indre-et-Loire ont insisté sur le devoir de mémoire mais également sur l’importance que le premier conflit mondial avait revêtu dans l’esprit de la communauté juive.


Historien, Paul Lévy explique qu’après les déferlements antisémites liés à l’affaire Dreyfus, les juifs s’étaient « grâce » à la guerre, senti de nouveau intégrés à la communauté nationale. D’où l’incrédulité de ceux qui s’étaient battus dans les tranchées lorsque le régime de Vichy prit ses premières mesures discriminatoires.


Nièce de Jean Brunschvicg, Chantal Lazarus évoque l’épouse du poilu « qui portait le deuil avec un visage impressionnant de tristesse ». Avec d’autres membres de sa famille, Chantal Lazarus s’est engagée dans un réseau de résistance, à Paris, pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle avait à peine quinze ans mais transportait déjà du courrier et des armes.


“ Essentielle et bouleversante ” Elle est désormais « le témoin des témoins » pour reprendre l’expression de Haïm Korsia. Le grand rabbin de France juge cette cérémonie « essentielle et bouleversante ».

Il évoque une autre cérémonie à laquelle il a assisté, il y a quelques années, de l’autre côté du Rhin. Il s’agissait alors, dans un petit cimetière allemand, de compléter une plaque commémorative ; de rajouter à la longue liste des soldats allemands morts pendant la première guerre, celui d’un soldat juif allemand, dont l’identité avait été sciemment oubliée par le régime nazi.


Revenons en France. La préfète Corinne Orzechowski explique que la loi de 1905 visait à « sanctuariser le respect » dû à ceux qui croient et à ceux qui ne croient pas ; que la Nation était là « pour accueillir les cultes, les croyances, les identités plurielles et pour favoriser une assimilation qui n’était, en aucune façon, une dissolution identitaire ». Un message aujourd’hui plus que jamais d’actualité.

lanouvellerepublique

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Bonaparte

Les Juifs sous Napoléon .

Service militaire .

A l’époque napoléonienne on n’était incorporé dans les armées que si on avait tiré un « mauvais numéro » lors de la conscription. Chaque appelé en puissance devait tirer un numéro, genre de loto, dont certains étaient dispensés de service militaire et d’ autres devaient l’effectuer. Le « mauvais numéro » était celui qui vous obligeait d’aller à l’armée, le « bon numéro » vous en dispensait.

Par contre quand on avait tiré le « mauvais numéro » et lorsqu’ on avait des moyens financiers relativement importants, il était possible de s’acheter un remplaçant, c’est à dire se faire remplacer contre monnaie sonnante et trébuchante par un conscrit dispensé du service armé – ayant tiré un « bon numéro » l’exemptant de service. Ceci à condition que le remplaçant fut dans le besoin, ou veuille guerroyer.

Ce procédé de remplacement était courant et les classes plus aisées en profitaient pour que leurs enfants n’aient pas à participer aux guerres de l’ Empire. Ceci était la règle générale.

Toutefois, il était interdit aux juifs malchanceux de se faire remplacer ; ils devaient partir à la guerre . Finalement après de nombreuses demandes pour bénéficier des mêmes conditions que leurs concitoyens, et par mesure disons de « bienveillance », Napoléon 1er accepta que les conscrits juifs puissent se faire remplacer, à une seule condition : que le remplaçant fut juif !

On voit ainsi, dans les exemples qui précèdent, que Napoléon 1er, bien qu’originaire d’ une région où les Juifs n’ avaient jamais vécu, s’acclimata très rapidement à toutes les récriminations populaires contre les Juifs .

Bonaparte

J’avais oublié le lien : Je suis impardonnable .

http://judaisme.sdv.fr/histoire/historiq/napo/napoleon.htm

Scusi .

joseph

4.650 Juifs sont morts sous l’uniforme français pendant la première guerre mondiale, dont mon grand-père maternel Joseph.

Ses filles, institutrices, n’ont eu que quelques minutes pour rassembler leurs affaires et quitter leur classe sous les regards goguenards de leurs « collègues », un matin de Novembre 1940.

Mon grand-oncle Léon,z’l, qui me tenait sur ses genoux en lieu et place de Joseph le jour de ma Brit Milah, a eu plus de chance :
Sorti de la tranchée baïonnette en avant, il s’est trouvé face à un Allemand.
Comme Léon récitait le Chema Israel, l’Allemand s’est arrëté à quelques pas, lui a crié « barukh ata », et s’est écarté.

Élie de Paris

La Nouvelle République est un journal locale.
Les 2 Juifs z’l disparus pour la France ne sont pas du tout représentatifs du réel nombre de Juifs tombés durant la guerre-boucherie de 14/18…
Ce sont des milliers, « plus » Français encore, l’Étoile au fusil, qui sont partis donner leurs chairs, sangs et os, à la terre de la douce France.
Et dont les survivants, 25 ans plus tard, trahison indiscible, comble du comble, seront livrés à la machine hachoir, par la même France, si dure. Comme les Juifs allemands « déjà » sur place…
Pour aller plus loin dans l’horreur, combien de Juifs français durent affronter, jusqu’à la mort, des Juifs allemands, les uns comme les autres conscients de la lutte dorénavant aussi fratricide ? Et combien ont opté, dans ce cas, pour se laisser tuer plutôt que tuer ?
Les tourments de la « loi du pays », que les Juifs, héros d’Honneur, ont admirablement observée…