Inspirée d’Hava Nagila, « Talkin Hava negeilah Blues » est la chanson la plus courte du répertoire du Prix Nobel de littérature 2016, voici le texte :

« Here’s a foreign song I learned in Utah
Ha-va-ne-gei-lah
O-de-ley-e-e-oo »

Ce qui signifie grosso modo :
« Voici une chanson de l’étranger apprise en Utah
Réjouissons-nous,
O-de-ley-e-e-oo », qui est intraduisible.

Cette chanson est parue en 1991 dans « The Bootleg Series – volumes 1-3 », une collection d’enregistrements inédits de Dylan, hors albums officiels, qui suit encore son cours aujourd’hui (le volume 13 « Trouble no more » concernant la période 1979-1981 date de novembre 2017).

Il s’agit d’une version « déconstruite » d’Hava Nagila enregistrée à New York en septembre 1961 dont l’humour crève les oreilles.

La voici :

A l’époque, avant d’enchaîner les chefs-d’oeuvres, Dylan fait le pitre en concert, amuse la galerie dans des « Talking Blues » interminables consistant à raconter une histoire sur trois accords de guitare blues et faire rire le public. Au passage, tradition entretenue avec brio par le guitariste virtuose français Marcel Dadi…

Robert Shelton, un critique musical du New York Times de l’époque, ne tarira pas d’éloges sur les premières prestations clownesques de Dylan en concert à l’automne 1961 : « M.Dylan est à la fois comédien et tragédien, comme un acteur de vaudeville sur le circuit rural (« like a vaudeville actor on the rural circuit »), il offre une variété de monologues musicaux drôles. » écrira-t-il dans les colonnes du NYT le 29 septembre 1961 sous le titre : « Bob Dylan, un styliste particulier » (« Bob Dylan : a distinctive stylist »).

Alors que personne n’avait jamais entendu parler de ce jeune poète juif de génie, né à Duluth dans le Minnesota le 24 mai 1941.

Les paroles d’Hava Nagila furent composées en 1918 pour célébrer la victoire britannique en Palestine pendant la Première Guerre mondiale et aussi la Déclaration Balfour de 1917 ; la musique semble plus lointaine, mais le texte aussi…

Ces mots sont probablement inspirés du verset 24 du Psaume 118 : « Voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie ! » (Traduction Bible de Jérusalem).

Mais il y a beaucoup d’autres hymnes à la joie dans les Psaumes qui auraient pu inspirer le texte d’Hava Nagila. Bob Dylan n’a jamais chanté cette version en concert, sauf exceptionnellement aux USA lors du 25ème Chabad Telethon de 1989.

Bien sûr, il y a la version de Rika Zaraï, pétillante, quoiqu’un peu rapide.
Celle d’Iolanda Gigliotti, alias Dalida, chantée du fond de la gorge, celle d’Harry Bellafonte dont le sourire s’entend dans la voix, celle de Dany Brillant, plus Jazzy, mais surtout celle de l’immense Joséphine Baker, et de tant d’autres, souvent magnifiées en vidéos par de joyeuses rondes hébraïques.

Mais la version de Bob Dylan, « Talkin Hava negeilah Blues », enregistrée en septembre 1961 fera date. Toujours d’après Robert Shelton, ce genre de pitrerie lui vaudra de décrocher son contrat avec la Colombia ! On connaît la suite… Hava nagila, venis’mekha !

Olivier Segard Olivier est un cinéaste français ayant réalisé notamment 3 films pour KTO, il est désormais correspondant de presse pour le … [Plus]

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