Gracia Mendès Nassi: la Reine Esther de la Renaissance (1/3)

Comment, celle qui s’est appelée tour à tour Béatriz de Luna, Dona Mendès, Hannah « Gracia » Nassi et, tout simplement, la Segnora a-t-elle impressionné et influencé la communauté juive, l’empereur Charles Quint et les papes de la Renaissance?

De Lisbonne à Constantinople en passant par Londres, Anvers et l’Italie, cette femme au destin exceptionnel sillonna l’Europe, pour échapper aux persécutions tout en gérant ses affaires et en aidant les communautés juives persécutées..

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Mémorial Dona Gracia, Tiberiade (Wikipedia)

 

Première étape: le Portugal (1510-1532)

 

 

Elle appartenait à la dynastie des Nassi, une puissante famille juive originaire d’Aragon qui avait trouvé refuge au Portugal au lendemain de l’expulsion des Juifs d’Espagne par les rois catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, en 1492.

Ce fut à Lisbonne que Béatrice de Luna – le nom que portent les Nassi depuis qu’ils ont été contraints de se convertir en 1497 – vint au monde, en 1510.

Catholiques en apparence, les Luna étaient en réalité des marranes, ou « crypto-juifs », qui continuaient à pratiquer le judaïsme en secret.

C’était une fille jolie, intelligente, attachée au judaïsme qu’elle pratiquai en cachette. Son frère était médecin du roi.

A 18 ans, elle épousa un de ses oncles maternels, Francisco Mendez, dont la famille avait joué un grand rôle auprès des rois d’Aragon et de Castille.

Francisco Mendez, de son vrai nom Semah Benveniste, était un grand homme d’affaires spécialisé dans le commerce des épices et des pierres précieuses.

Bientôt la maison Mendès devient la première maison commerciale d’Anvers et d’Europe, créant des succursales où ils installèrent des parents et des amis, tous conversos.

Quartier juif d’Anvers © Michael Day

Francisco Mendès était un un financier génial, prêta de l’argent au roi du Portugal et travailla avec les banques d’Allemagne.

En 1536, à la mort de son mari, Donna Gracia décida de quitter le Portugal, devenu aussi inhospitalier que l’Espagne; elle emmena Reyna, son unique enfant, ses deux neveux, Joseph et Samuel, et quelques membres de sa famille.

Deuxième étape: Anvers (1537-1545)

A cette époque, Anvers le plus grand port du nord de l’Europe, attirait les conversos de la péninsule ibérique.

Gracia partit à Anvers où se trouvait son beau-frère Diego qui dirigeait une branche de la banque des Mendez-Nassi.

Elle développa des relations suivies avec la plupart des cours d’Europe: celle de Charles Quint et celle de la régente des Pays-Bas.

Rois et princes empruntaient à cette banquière et utilisaient sans scrupules le chantage de l’Inquisition. La famille Mendès était connue aussi pour sa générosité et son sens de l’entraide.

Diego fut en butte à la jalousie et l’hostilité des non-juifs. On le soupçonna d’être converso, il fut inculpé, mis en prison, relâché après que Gracia eut versé de fortes rançons.

En 1542, Diego mourut, Gracia se retrouva ainsi à la tête d’une des plus grandes fortunes d’Europe.

Sa fille était convoitée par toutes les têtes couronnées d’Europe, mais Gracia refusa toutes les offres ; elle ne voulait pas de mariage mixte !

Mais même là, l’Inquisition ne tarda pas à les rejoindre. Si bien que, eux qui avaient fui leur pays pour recouvrer leur liberté perdue, se virent contraints de redoubler de précautions afin de paraître encore plus chrétiens qu’en Espagne même et au Portugal.

L’Empereur Charles V, soupçonnant que quelque chose se tramait, décida de saisir la fortune de la Noble Dame.

Mais celle-ci, le gagnant de vitesse, réussit à quitter Anvers en 1549 avec sa fille, sa sœur devenue veuve, et sa nièce.

Elle emporta avec elle le plus clair de ses biens. (A suivre) 

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Adaptation par JForum

 

 

Sources principales:

Marianne Picard Juifs et Judaïsme de 1492 à 1789 (tome 3) Biblieurope 2004
Naomi Ragen Le fantôme de Doña Gracia Mendes, éditions yodeo 2009 ( traduction française)
Catherine Clément La Signora, éditions Camann Levi 1992

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