Jean-Luc Mélenchon lors de la marche pour le climat à Bordeaux, samedi 8 décembre. (AMEZ / ROBERT/SIPA)

La révolution citoyenne a commencé et le film ne se rembobinera pas : c’est l’idée fixe qu’a répété Jean-Luc Mélenchon tout ce week-end à Bordeaux.

S’il a participé samedi à la marche pour le climat au bord de la Garonne, le leader de la France insoumise est resté à bonne distance des violents heurts qui ont opposé manifestants et policiers samedi soir.

Mais dans le parc des expositions, situé à l’extérieur de la ville, où son mouvement organisait une convention en vue des élections européennes, il aura surtout été question de l’acte 4 de la mobilisation des gilets jaunes qui a secoué le pays tout entier.

« Un événement comme ça, il s’en produit un ou deux dans une vie », s’est réjoui samedi le héraut des insoumis dans son discours devant plusieurs centaines de militants.

Alors pas question de rater la vague qui s’est levée sur les rond-point un peu partout en France.

Surtout au moment où le mouvement fait entendre des revendications proches du programme insoumis : une plus grande justice fiscale avec le rétablissement de l’ISF, la possibilité de révoquer le mandat d’un élu, la hausse du Smic…

 « Les trois quarts des revendications des gilets jaunes sont dans notre programme », a estimé Jean-Luc Mélenchon, en référence à un document conçu par plusieurs porte-parole. Sans toutefois s’attarder sur le quart restant, où l’on trouve la volonté de tarir les flux migratoires.

« Il faut dissoudre »

Partant, comment capter la colère de ce mouvement inédit, protéiforme mais souvent composé par des Français dégoûtés de la politique ?

S’il se défend de vouloir le récupérer dans l’immédiat – ce qui n’empêche pas certains élus insoumis d’enfiler eux aussi leur gilets jaunes… – Jean-Luc Mélenchon compte évidemment apparaître à terme comme son débouché électoral.

Pour cela, l’ex-sénateur joue tantôt à l’ardent révolutionnaire tantôt au recours institutionnel dans la tempête.

Dans son discours samedi soir, il a ainsi multiplié les références à 1789. Il a bien sûr cité Maximilien Robespierre, sa référence à lui.

Et au soir d’une journée qui a vu plus de 1700 manifestants interpellés dans tout le pays, il a aussi lu à haute voix le fameux article 35 de la déclaration des droits de l’homme de 1793. Celui qui dit légitime l’insurrection populaire :

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

Un retour aux fondamentaux révolutionnaires version 1e République. Dans le même temps, le chef des insoumis a une nouvelle fois appelé ses troupes à gonfler le mouvement des gilets jaunes et à accompagner la mobilisation lycéenne, l’autre foyer brûlant de la contestation.

Surtout, il a encore une fois pressé Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, une issue à ses yeux « raisonnable et tranquille » à la crise.

« Si le président veut sortir par le haut d’une manière démocratique, il faut revenir au peuple, il faut dissoudre », a-t-il répété à plusieurs reprises durant le week-end.

Une manière, aussi de ne pas laisser un pouce de terrain à Marine Le Pen qui propose elle aussi la convocation de nouvelles élections.

« Les trois quarts des Français soutiennent les gilets jaunes et les trois quart de l’Assemblée s’y opposent, ça pose un problème de légitimité”, justifie le député insoumis Alexis Corbière.

« S’il y a une dissolution, ce sera un vrai événement politique. Macron ne bénéficiera pas de l’effet post-présidentielle », projette-t-il.

Les insoumis à Matignon ?

A la question de savoir s’il est prêt à gouverner en pareil cas, Jean-Luc Mélenchon a répondu « toujours prêt » dans un grand sourire. Mais quand on leur a soumis l’hypothèse d’une victoire de la France insoumise, plusieurs députés sont restés circonspects.

Autrement dit : Mélenchon à Matignon, personne n’y croit vraiment. Au regard des sondages, la dissolution est aussi vue comme une option risquée par certains élus France insoumise. « Vu le niveau du FN, c’est dangereux », alerte un député. D’autant plus risqué que la France insoumise n’est pas vraiment au top de sa forme dans les sondages en ce début d’automne.

La composition de la liste eux européennes a provoqué le départ de plusieurs cadres, dont celui fracassant de Djordje Kuzmanovic, qui a dénoncé le manque de démocratie à l’intérieur du mouvement.

Lors de la législative partielle dans l’Essonne, une élection pourtant vue comme gagnable, l’insoumise Farida Amrani a été balayée au second tour par un candidat soutenu par La république en marche.

Jean-Luc Mélenchon, lui, a vu son image dégradée dans l’opinion après sa colère lors des perquisitions au siège du parti, un « pétage de plomb » jugé catastrophique » en interne. Mais en cette fin d’année, le député des Bouches-du-Rhône compte bien sur les gilets jaunes pour sortir de la nasse.

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