Georges Garel, a dirigé et coordonné un réseau qui a sauvé 1600 enfants juifs
par le Dr Israël Jamitovsky
Georges Garel Il est né Grigori Garfinkel le 1er mars 1909 à Vilnius. À l’âge de trois ans, sa famille s’installe à Kiev, en 1924 il émigre à Berlin et deux ans plus tard, en 1926, il s’installe à Paris. En France, il obtient une licence en Lettres et Sciences puis obtient le titre d’Ingénieur Electrique au prestigieux Ecole Polytechnique de Zurich. Après avoir obtenu ce diplôme, il commence à travailler à la Société Electro-Mécanique de Lyon (connue sous le sigle CEM) et obtient en 1934 la nationalité française.
Réserviste dans le domaine de l’artillerie, il est mobilisé en 1939, servant à Dauphine (Delfinado en espagnol) à la frontière avec l’Italie. Il est démobilisé en 1940 et reprend ses fonctions au sein de la société CEM.
La même année, il prend contact avec l’abbé Alexander Glasberg, Nina Gourfinkel et Raymond Winter, tous représentants de l’Organisation pour la Sécurité de l’Enfance (OSE) et combattants clandestins, et a pour conséquence son incorporation au Fort de Vénissieux, devenu un camp qui rassemblait 1200 Juifs « prisonniers raciaux », le 26 août 1942 ils sont destinés à être déportés. Garel faisait partie de la commission destinée à « enquêter » sur les « prisonniers raciaux » et joua un rôle de premier plan dans la décision de la commission d’exclusion des adultes et des enfants, évitant ainsi leur expulsion.
Le réseau Garel
La situation des juifs résidant en France se détériore. Le 11 novembre 1942, « la zone libre » est supprimée et devient administrée par l’armée allemande. Un mois plus tard, Joseph Weill, directeur de l’OSE, confie à Georges Garlt la constitution d’un réseau clandestin ayant pour but de cacher et de protéger des enfants de moins de 16 ans, en leur fournissant de fausses identités, visant à les diffuser dans différentes zones du pays dans la population française et pour être viable, les évacuer vers la Suisse. Incontestablement, sa réussite au fort de Vénissieux lui vaut de se voir confier une tâche aussi complexe que risquée.
Ainsi, en janvier 1943, le Garel Rouge (les Français l’ont appelé Circuit Garel) comptant sur le soutien de l’OSE pour leur tâche, à savoir des imprimeurs illégaux, des agents de liaison, des propriétaires fonciers, etc. Dans la mesure du possible, rien n’a été laissé au hasard. Les membres du réseau ne connaissaient pas l’identité des membres des autres réseaux, de sorte que s’ils étaient arrêtés, ils n’étaient pas en mesure de révéler leur identité.
Le danger que les membres du réseau assumaient était énorme. Selon l’Institut Yad Vashem de Jérusalem, sur les 33 premiers militants, seuls 4 ont survécu à la guerre. Les membres qui ont rejoint plus tard ont été arrêtés et envoyés dans des camps de concentration où ils périrent.
Georges Garel obtient le soutien efficace d’organisations catholiques, protestantes, laïques et même de familles privées. Le réseau a déployé ses activités dans le sud de la France et environ 1600 1944 enfants juifs ont été répartis dans cet espace, notamment autour de Toulouse et Lyon ainsi qu’à Valence et Limoges. Sa tâche était ardue et il restait toujours en contact avec les enfants, soucieux de leur sort et de leur bien-être, visant inlassablement à la croissance du réseau, qui fonctionna jusqu’à l’automne 1944.
Fidèle compagnon et résistant
En 1943, Garel entre en relation avec Elise Tager à Lyon, collègue et résistant. Elise est née à Paris en 1921 dans une famille juive émigrée de Russie vers la France en 1919. En novembre 1940, elle participe à une manifestation étudiante place de l’Etoile et est en conséquence détenue pendant trois mois à Fresnes.
Fin 1941, elle s’installe à Lyon, entre dans la Résistance et collabore aux travaux menés par son mari. Sur un plan plus concret, elle a transféré trois groupes de mineurs et d’adultes dans des espaces cachés et est restée un temps détenue au Fort Montluc à Lyon. La résidence de la famille Garel a aménagé un centre de rencontre pour les membres dudit réseau et un lieu de rencontre et de délivrance de faux documents.
Les Garel ont eu sept enfants, tous d’éminents universitaires dans différents domaines.
Après la guerre, Georges Garel est nommé directeur général de l’Organisation pour la Sécurité de l’Enfant (OSE), en 1948 il reprend ses fonctions d’ingénieur à la Société Electromécanique de Lyon et de 1951 à 1978 il est président de l’OSE. Il décède à Paris en 1979 à l’âge de 69 ans des suites d’une crise cardiaque. De son côté, Lili Garet est décédée à Paris en 2013 à l’âge de 93 ans.
Principales reconnaissances
Principales sources
- Le volume Georges Garel, Le Salut des enfants par OSE, 1938-1944, Témoignages de la Collection Shoah, Éditions Le Manuscrit, 2012.
- L’historienne Valérie Perthuis-Portheret a réalisé un film intitulé La nuit de Vénissieux dans lequel il aborde la vie de Lili Garel et surtout son rôle joué les 28 et 29 août 1943, où 108 enfants juifs furent évacués du camp de Vénissieux et sauvés de la déportation. Deux ans plus tard, Lili Garel constatait que malgré le temps qui passait, elle ne parvenait pas à oublier le cauchemar vécu au fort de Vénissieux.
- Le siège de l’OSE dans la synagogue située au 11 rue Fauborg à Paris, s’appelait à l’origine Centre Georges-Garel et a ensuite été étiqueté Centre Georges et Lili Garel.
- Enfin il y a plusieurs mois Georges et Lili Garel ils ont reçu à juste titre le Ordre du Salut des Juifs dans le cadre du précieux engagement promu il y a des années par le Bna’i Brith et l’ Fonds agraire israélien, dans lequel un hommage est rendu à tous ces Juifs qui, au péril de leur vie et de celle de leur famille, ont sauvé la vie de leurs frères pendant l’Holocauste. La cérémonie s’est déroulée dans la Forêt des Martyrs située près de Jérusalem et l’un des enfants du couple a reçu cette distinction. (Denis Garel) et une de ses petites-filles (Naomi Garel Dumond).
Une autre histoire de l’Holocauste marquée par l’héroïsme et l’altruisme de ses protagonistes.