Un mois après l’attaque sanglante du Hamas contre Israël, à l’origine de la guerre dévastatrice, plus de 1159 actes antisémites ont été recensés en France. Une explosion qui plonge la communauté juive dans l’angoisse.

Le Jerusalem Post a rapporté le 29 septembre qu’en France, qui est désormais devenue l’épicentre de l’antisémitisme européen contemporain, « plus de neuf Juifs français sur dix fréquentant l’université ont fait l’expérience de l’antisémitisme ». Le climat est désormais exponentiellement pire en raison de la propagande pro-Hamas diffusée par les islamistes et la gauche radicale.

À Marseille, la communauté juive face à la « montée de la peur » et de l’antisémitisme

Au sein d’une ville réputée pour sa coexistence religieuse, la deuxième communauté juive de France reçoit des soutiens mais aussi des menaces. Elle redouble de vigilance aux abords de ses écoles, de ses synagogues, comme dans ses signes religieux.

A Marseille, qui compte la deuxième plus importante communauté juive de France, la synagogue fait l’objet d’une surveillance renforcée par les forces de l’ordre.

« On avait l’habitude de voir des policiers devant les synagogues. Désormais on en a devant les écoles, les restaurants… » Grand-père de six petits-enfants et membre du conseil d’administration du Consistoire israélite de Marseille, Avi Assouly, souligne « le réel effort » des pouvoirs publics. Depuis le 7 octobre et les attaques du Hamas en Israël, les polices nationale et municipale ont décuplé leur présence autour des lieux fréquentés par la communauté juive de Marseille, la deuxième de France avec près de 80 000 membres.

La communauté « inquiète »

Pour autant ce retraité de 73 ans, ex-journaliste sportif devenu député, craint chaque jour que « la libération inacceptable et incompréhensible de la parole antisémite en France », ne contribue à nourrir un acte criminel. « Dans les jours qui ont suivi le début de la guerre, certains parents n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école. Depuis, la communauté est inquiète et attentive au danger autour d’elle. » Beaucoup de parents accompagnent leurs enfants jusqu’au portail. Quand il y escorte ses petits-enfants – deux sont à l’école juive –, Avi Assouly privilégie les heures où la police veille. « Mais ils ne peuvent pas rester 24 heures sur 24. Alors on redouble de vigilance, regard à droite, à gauche. Imaginez qu’un fou furieux arrive… »

Même tension à la synagogue. « La majorité continue à y aller, même si on note une baisse de fréquentation. Et à la sortie, on ne traîne pas, on rentre chez soi », décrit le fidèle, qui continue pourtant de voir en Marseille « une exception française » en matière de vivre-ensemble. « De nombreux messages d’indignation et de soutien nous sont venus des représentants de toutes les religions. Ici aussi, des juifs reçoivent des menaces, mais on est un peu plus tranquilles… Entre guillemets », précise-t-il, soucieux de « continuer à vivre normalement. »

C’est aussi l’aspiration d’Eden Yaïche étudiante en droit et présidente de la section marseillaise de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Pas évident au quotidien. « Des étudiants m’ont demandé de rédiger un mail au doyen en disant qu’ils ne viendraient pas à des travaux dirigés (TD) lors d’une journée d’appel à la haine contre les étudiants juifs. Moi la première, j’ai eu très peur. » La jeune femme a aussi eu écho de vidéos de combattants du Hamas arborés pendant un intercours, ou encore d’autocollants « La Palestine vaincra » collés sur les murs de la fac. « J’ai demandé à les faire enlever. Cela a été fait le jour même. L’administration nous soutient fortement, contrairement à l’opinion publique. »

Etudes « mises en pause »

Habituée de deux synagogues, l’étudiante décrit « une montée de la peur » devant les lieux communautaires juifs, y compris les établissements scolaires où la rumeur du moindre comportement suspect se répand à vitesse grand V. La tension est montée dès l’attaque du Hamas : réception de captures de vidéos violentes, insultes sur Instagram… « Une de mes amies en a même reçu sur son numéro », rapporte Eden Yaïche, qui tente d’aider au mieux les étudiants ciblés, en lien avec le bureau national de l’UEJF.

Sa vie personnelle n’est pas exempte de changements. « Mon père a décidé de cacher la mezouzah qui est devant chez moi, ma mère me casse la tête pour que j’enlève de mon cou ma magen David, des amies me disent qu’elles ont peur de porter la tsinout [vêtement couvrant genoux et coudes]… On en est à casser notre identité », s’indigne la jeune femme, qui résume la conduite à tenir : « Ne pas se victimiser, éviter d’en faire une psychose, et surtout ne pas entrer dans le conflit sur les réseaux. Mais les faits sont là ! Et ils ont un impact sur beaucoup d’étudiants ». Eden Yaïche voit elle-même ses études « mises en pause » par l’inquiétude latente. « Il y a quelques jours, je suis allée en Israël pour aider. Je me sentais plus en sécurité sous les roquettes de Tel Aviv qu’ici. »

« Protéger nos enfants ? C’est notre quotidien depuis longtemps, rappelle Céline Korchia Saadoun, directrice du Consistoire israélite de Marseille. Écoles et synagogues sont devenues des forteresses. Ça fait des décennies qu’on est organisé, avec notre propre service de sécurité. Mais ça s’accentue. On ne dort plus la nuit. On se demande si nos enfants ne vont pas se faire enlever dans la rue. »

« Les juifs de Toulouse font attention depuis 2012 », rappelle le président d’Hébraïca

Un mois après l’attaque du Hamas sur Israël, on prend des nouvelles de la communauté juive à Toulouse. (Haute-Garonne). Maurice Lugassy, le président de l’association culturelle juive hébraïca était l’invité de France Bleu Occitanie ce mardi.

Maurice Lugassy, le président de l'association culturel juive hébraïca dans les studios de France Bleu OccitanieMaurice Lugassy, le président de l’association culturel juive hébraïca dans les studios de France Bleu Occitanie © Radio France – Clémence Fulleda

Maurice Lugassy : Si on se sent en danger? ça fait 20 ans que j’organise un festival de culture juive. Cela fait plus de quinze ans que j’organise et que j’ai créé un festival de cinéma israélien. Donc je suis assez connu sur la place, donc je n’ai plus à me cacher. Je ne peux plus me cacher. Mais je me cacherai pas de toute façon.

France Bleu Occitanie : Dans nos coups de téléphone aussi, certains interlocuteurs disent qu’ils se cachent, vont cacher leur kippa et vont dire à leurs enfants de faire attention. Vous, vous ne le faites pas ?

On le fait, mais on le fait depuis les années 2000 et on le fait en particulier depuis Ozar Hatorah depuis 2012. Ce qui fait que finalement, on a pris des habitudes qui sont totalement incroyables en France, dans un pays démocratique, laïc, etc… Mais on a pris des habitudes de dissimulation.

Qui ne se sont pas renforcées, là depuis un mois ?

Certains dans mon entourage ont renforcé ces habitudes-là. Parfois, ils ont peur de sortir. Depuis le 7 octobre et nous sommes aujourd’hui le 7 novembre, ça fait près d’un mois. Oui, certains ont peur, vraiment peur.

Et vous voulez leur dire ce matin de ne pas avoir peur ou d’être prudent ?

La peur, elle est là. La peur, elle est, elle est instiller en permanence, par les discours politiques, par les médias, par la montée incroyable des chiffres, des actes antisémites. Donc cette peur est inévitable. Ce qui nous amène plutôt à la fois de la prudence et aussi à continuer à vivre normalement. Par exemple, pour le festival de culture juive qui commence mercredi, nous n’avons absolument rien changé. On a. J’ai averti la préfecture qui m’a assuré qu’un dispositif sera mis en place, mais quelque chose de léger.

Avec des policiers supplémentaires par exemple ?

Je pense qu’il y aura plutôt une voiture qui tournera quelque chose comme cela.

Vous organisez à partir d’aujourd’hui, et jusqu’à fin novembre les Journées de la culture juive de Toulouse qui existent depuis des années maintenant, avec des rencontres, des projections de films. Il y aura notamment Pierre Assouline, Delphine Horvilleur qui vont venir. Vous même, vous allez parler des figures oubliées de l’armée juive pendant la Deuxième Guerre mondiale. Est-ce que ce genre de rencontres peut permettre de pacifier la société ?

C’est le but. C’est à dire que l’antisémitisme a plusieurs formes. Il a évolué avec le temps. Beaucoup de spécialistes en ont très bien parlé. Moi, mon but, c’est de faire connaître cette culture juive, de montrer comment c’est une culture qui est inhérente à la culture française, européenne ou américaine, et que les juifs ne sont pas ce que peut décrire le protocole des Sages de Sion ou par rapport à tous les préjugés… la généralisation est absolument antisémite et stupide. Mais oui, oui, le but c’est de dialoguer. Le but, c’est d’aller avec d’autres publics, de voir, de parler ensemble et de justement montrer que, par exemple, quand je fais les formations auprès des profs, auprès des élèves, il y a une chose que j’aime beaucoup faire parce que je leur parle des juifs, notamment de la propagande de Vichy. Je leur dis moi, je suis juif. Il y a une image tellement faite, tellement contrefaite que finalement, un gars normal, prof, voilà, c’est ça. Cette banalisation du juif peut empêcher justement cette mystification.

JForum avec Ouest-France et France Bleu Occitanie
A Marseille, qui compte la deuxième plus importante communauté juive de France, la synagogue fait l’objet d’une surveillance renforcée par les forces de l’ordre. | ANTOINE LANNUZEL

 

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martin

sortez, faite votre alya tant qu’il est temps, vous etes vous même la matiere premiere de la prophétie si j’ose dire,c’est ce que veut hachem , car l’antissemitisme ira de plus en plus, ne rêvez pas; souvenez vous des années 30,
ils n’y croyais pas mais helas,,
le pays le plus sur pour vous sera malgré tout, israel.
car apres les douleurs de l’enfantement va venir une chose extraordinaire..
c’est pour vous rencontrer que dieu vous ramene, car il ne se repent pas de son election son appel et de ses dons, pour la gloire de son nom.
qu’il bénisse tout israel.