« Ça semble un peu hypocrite ? » Ce lundi 27 août, le Anne Frank Center for Mutual Respect (AFC), une association dédiée aux droits de l’homme et à la mémoire de la jeune fille,  a voulu partager sur sa page Facebook une information sur une nouvelle étude, montrant la méconnaissance fréquente aux Etats-Unis de la Shoah.

Mais, rapporte The Verge, son post a été supprimé sur Facebook (alors qu’il était passé sans encombre sur Twitter).

« Salut Facebook »

Aux demandes d’explication de l’association, le réseau social n’a rien répondu. Au bout de deux jours, le Anne Frank Center a pris à partie publiquement Facebook, via Twitter. « Salut Facebook, vous avez supprimé notre post promouvant la nécessité d’enseigner la Shoah, apparemment pour violation de vos règlements. Vous ne nous avez pas donné de raison, mais vous permettez toujours à des pages de négationnistes de la Shoah de rester en ligne. Ça semble un peu hypocrite ? »

Le post supprimé par Facebook notait que seuls 10 Etats (sur les 50 formant les Etats-Unis d’Amérique) enseignent l’histoire de la Shoah. Ce message était illustré d’une photo d’époque où l’on voyait des enfants nus, émaciés, victimes de camps de concentration.

Quelques heures après cette interpellation, Facebook a restauré le message bloqué puis s’est (encore une fois) excusé. Un porte-parole de l’entreprise a expliqué à The Verge :« Comme l’indiquent nos règlements [« standards de la communauté »], nous n’autorisons pas la diffusion sur Facebook d’images d’enfants nus. Nous reconnaissons que l’image partagée par le Anne Frank Center a une signification et une importance historiques, et elle a été rétablie pour cette raison. »

Deux poids, deux mesures

L’association n’a pas apprécié ce qu’elle considère comme un deux poids, deux mesures entre ses publications et celles de négationnistes. Un de ses représentants a expliqué :

« Alors que Facebook supprime un message de l’AFC sur la nécessité d’éduquer sur le passé, il continue à autoriser des pages et des messages qui nient directement la réalité des morts de plus de 6 millions de gens. Si Facebook prend au sérieux ses règlements, il devrait commencer par s’en prendre aux négationnistes de l’Holocauste et pas aux organisations qui essaient d’éduquer les gens sur la discrimination, les faits et l’histoire. »

L’AFC fait allusion à des propos controversés de Mark Zuckerberg en juillet. Le PDG de Facebook expliquait alors :

« Je suis juif, et il y a un groupe de gens qui nient que l’Holocauste ait eu lieu. Je trouve ça profondément choquant. Mais au bout du compte, je ne crois pas que notre plateforme devrait retirer ça parce que je pense qu’il y a des choses que différentes personnes comprennent mal. Je ne pense pas qu’ils les comprennent mal intentionnellement.

Si vous n’essayez pas d’organiser du mal contre quelqu’un ou n’attaquez pas quelqu’un, alors vous pouvez mettre votre contenu sur votre page » [c’est le distinguo dans la politique de modération de Facebook entre les attaques personnelles et les autres, NDLR].

L’AFC avait réagi en lançant, avec deux autres associations, une pétitionpour demander à Facebook de supprimer les pages négationnistes – cette pétition compte maintenant 184.000 signatures.

Un précédent : la photo d’une fillette durant la guerre du Vietnam

Facebook avait déjà soulevé une vague de critiques en septembre 2016, en bloquant le post d’un journal norvégien qui reproduisait une des plus célèbres images de la guerre du Vietnam, où une fillette nue et brûlée fuit les bombardements au napalm.

Là aussi, Facebook avait plié devant la polémique et remis en ligne le message et la photo en question.

Thierry Noisette

Journaliste

 

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