L’Iran a commencé à retirer ses combattants d’élite de la campagne militaire dirigée par les Russes en Syrie, selon des responsables militaires occidentaux et américains, qui suggèrent que cette union sacrée est en train de se fissurer, dans ce que le Président Obama a raillé, le mois dernier, comme une « coalition à deux têtes ».

Des responsables américains m’ont raconté observer qu’un nombre significatif des troupes des Gardiens de la Révolution iranienne battent en retraite des zones de combat en Syrie, ces dernières semaines, à la suite de la mort et des blessures subies par certains des officiers supérieurs les plus en vue dans la campagne pour reprendre la Province d’Idlib et d’autres zones perdues cette année, face aux forces de l’opposition soutenues par l’Occident et les Etats Arabes du Golfe. La conséquence est que l’offensive déclenchée par les Russes en septembre semble être en passe de perdre un allié important.

Vendredi, lors du Forum Saban organisé par l’Institut Brookings, le Ministre de la Défense israélien Moshe « Booguy » Ya’alon a déclaré que le le plan initial russe consistait à reprendre Idlib et d’autres villes tombées sous le contrôle des rebelles, dans un laps de temps de trois mois (septembre-début décembre). « Ce n’est pas prêt d’arriver à cause des difficultés rencontrées sur le terrain militaire », a t-il constaté, ajoutant que cette campagne, à ce jour, semble bien être « un échec ». Il a souligné « l’incompétence » de l’armée syrienne autant que « le manque de détermination du Corps des Gardiens de la Révolution iranienne ».

Les événements prennent un tournant surprenant. Un certain nombre d’organes de presse occidentaux ont rapporté cet automne que Qassem Soleimani, le chef suprême des forces d’élite Al Qods, et le Ministère de la Défense de Russie avaient négocié une implication des forces iraniennes en Syrie, au cours de l’été dernier, peu de temps après la conclusion des négociations nucléaires entre l’Iran et les six puissances mondiales. Ces renforts étaient supposés changer les tendances lourdes de la guerre en Syrie que, visiblement, le dictateur Bachar al Assad était bel et bien en train de perdre,alors que l’essentiel de son territoire était tombé entre les mains d’une coalition de rebelles soutenus par les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres.

En octobre, le Wall Street Journal rapportait les évaluations d’experts disant qu’il y a un total de plus de 7.000 membres du Corps des Gardiens de la Révolution iranienne et « volontaires » d’autres milices chiites venues au secours du régime syrien. A la fin octobre, le Général Joseph Dunford, le Président de l’Etat-Major conjoint, a témoigné qu’il y avait 2000 hommes de troupes iraniens en Syrie qui menaient le combat pour sauver Assad. 

Aujourd’hui, un tel nombre a sérieusement chuté, selon les Etats-Unis et d’autres responsables occidentaux. Une estimation, qu’un responsable important de la défense occidentale a bien voulu partager avec moi, démontre qu’il n’y aurait plus que 700 membres des Gardiens de la Révolution iranienne qui combattraient actuellement dans le cadre de l’offensive dirigée par les Russes (cette estimation ne comprend pas les conseillers militaires iraniens qui sont intégrés au sein des forces armées syriennes depuis 2012).

L’une des raisons pour lesquelles l’Iran se retire actuellement de Syrie, selon les responsables américains, c’est d’abord parce que de trop nombreux officiers supérieurs ont été tués ou blessés au cours des combats intensifs de cet automne. La communauté des renseignements américaine continue de tenter de vérifier les reportages affirmant que Qassem Soleimani en personne aurait été blessé à la fin novembre à Alep, la plus grande ville de Syrie. Certains disent qu’il souffrirait d’éclats d’obus dans la tête. On sait qu’il n’est pas réapparu lors d’un événement prévu de longue date, le Jour de l’Etudiant iranien, dans une prestigieuse université, coeur battant du régime, lundi 6 décembre, absence qui n’a fait qu’attiser un peu plus les rumeurs courant à son sujet.

Robert Ford, qui a occupé le poste d’Ambassadeur américain en Syrie, entre 2011 et 2014, m’a confié qu’il existe des rapports en provenance de la région qui suggèrent que les membres des Gardiens de la Révolution sont au coeur des batailles les plus dures. « Ils perdent des lieutenants », m’a t-il dit. « Quand vous perdez des lieutenants, cela signifie que vous êtes en train de perdre vos hommes qui combattent en première ligne sur les lignes de front ». L’Iran a commencé à reconnaître certaines de ces pertes dans sa presse officielle.

Ford a déclaré que les combats féroces auxquels les Iraniens et les Russes sont confrontés est un indicateur que le soutien occidental et des pays du Golfe apporté à l’opposition syrienne semble avoir eu un effet significatif.

Mais la véritable question pour les décideurs politiques américains consiste à savoir ce qu’un retrait iranien (compte-tenu de son ampleur réelle) pourrait signifier, à terme, pour la campagne de la Russie. Ces deux pays demeurent très fermes dans l’expression de leur volonté qu’Assad reste au pouvoir dans un avenir prévisible. Le Président russe, Vladimir Poutine, aurait même songé, cette semaine, à employer des armes nucléaires tactiques contre l’Etat Islamique, qui s’est auto-proclamé Califat sur le territoire qu’il a conquis dans l’Est de la Syrie et dans l’Ouest de l’Irak.

Au même moment, certains reportages de presse font état du projet de la Russie d’ouvrir une seconde base aérienne près d’Homs, en plein centre de la Syrie, en supplément des installations autour de Latakiah sur la côte Méditerranée, suggérant que Moscou a décidé de poursuivre l’escalade dans ses frappes aériennes ‘Le site médiatique Russia Today a contredit ces reportages). Au cours de la semaine dernière, des responsables américains déclarent avoir constaté une augmentation significative de cette campagne aérienne russe à Alep. 

Néanmoins, certains décideurs politiques américains soulignent que le Kremlin ne peut pas continuer indéfiniment ses campagnes aériennes. L’adjoint au Secrétaire d’Etat Antony Blinken a rappelé ce point, la semaine dernière lors d’un forum organisé par le Magazine Foreign Policy, en disant qu’alors que l’intervention militaire de la Russie en Syrie a accru ses moyens de pression sur Assad, elle « augmente aussi la pression et le poids du conflit lui-même sur la Russie. La Russie ne peut pas se permettre de faire ce qu’elle est en train de faire actuellement en Syrie pendant une longue période de temps » (non-évalué. NDLR : ainsi n’est-ce pas forcément un indicateur réconfortant, lorsqu’on annonce le tir de tel sous-marin ou de tel type de missiles de croisière, puisqu’en même temps, c’est avouer que la Russie est contrainte « d’écraser une mouche avec un marteau »-pilon et qu’elle sort ses meilleures cartes pour ne pas nécessairement avancer concrètement « sur le terrain ». Une performance technologique n’amène pas forcément les résultats escomptés. Surtout s’il n’y a personne pour faire « le sale boulot »).

Ce conflit a aussi accru la pression sur l’Iran. « Si les Iraniens sentent, sur le long terme, qu’ils auront besoin d’un accord, si le prix à payer pour le maintien du régime Assad au pouvoir est trop élevé pour eux, alors ces évolutions sont positives », m’a confié Ford, qui est actuellement chercheur à l’Institut sur le Moyen-Orient. « S’ils sentent qu’ils peuvent supporter le coût d’un tel combat pendant des mois ou des années, il est probable qu’ils acceptent d’un payer le prix. Ils accordent une très grande valeur à la nécessité pour eux de maintenir le gouvernement Assad tel qu’il est à ce jour ».

Depuis 2011, lorsque le peuple syrien a déclenché le soulèvement contre Assad, l’Iran et la Russie éprouvait la volonté ferme d’accepter de devoir payer le prix du maintien de leur client au pouvoir. Et pourtant, même avec l’adjonction d’une campagne aérienne russe et d’une injection de combattants d’élite iraniens, Assad n’a pas été foutu capable de reprendre le contrôle de son propre pays. L’Administration Obama espère, maintenant, que le retrait des forces iraniennes est un indicateur qu’au moins l’un des bienfaiteurs d’Assad puisse décider de réduire ses pertes au maximum.

Cet éditorial ne reflète pas nécessairement l’opinion du bureau éditorial de Bloomberg.

Pour contacter l’auteur de ce récit:
Eli Lake àelake1@bloomberg.net

 

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Gabriel Taieb Favre

Si cette nouvelle se confirme – je me méfie quand même un peu de la propagande américaine – cela tiendrait en fait à trois raisons:

1. Comme le dit justement cet article, les Iraniens (comme le Hezbollah d’ailleurs) essuient de lourdes pertes sur le terrain comprenant des chefs militaires de premier rang. Cela ne fait que démontrer quels soldats de pacotille ces « forces d’élite » représentent en réalité. Ils se font défoncer par des hordes de barbares fanatisés. Cela étant une bonne nouvelle pour Israël: ils ne feraient pas long feu face à Tsahal.
2. L’Iran accuse la Russie d’un manque caractérisé de soutien ( il y a eu plusieurs articles très intéressant sur ce sujet à JForum) et avec raison: non seulement sur le front avec Daesh, ils ne perçoivent pas de soutien directe de la Russie, mais surtout et le pire, c’est sur la Golan, où l’IAF peut effectuer raid sur raid et anéantir des bases iraniennes -où sont tombés quelques officiers iraniens de haut rang – ou du Hezbollah, sans la mondre réaction russe. La défense anti-aérienne russe n’a pas réagi. De tout cela ressort une coopération étroite entre la Russie et Israël.
3. Depuis environ un mois, donc avant l’attaque du bombardier russe, les liens entre les forces libres du Kurdistan et le Kremlin ont aboutit là aussi à une collaboration intelligente (renseignements et espionage – également avec certains groupes de l’opposition armée syrienne) qui recouvre un soutien logistique et de nombreux instructeurs russes. Depuis la lâche agression des turques, la Russie va également fournir les Kurdes en armement lourd et de systèmes anti-aériens. De plus, l’aviation russe va probablement déployer un bouclier aérien pour protéger les Peshmergas dans la région d’Afrin. A en juger par les reportages -quasi quotidiens – des chaînes russes sur les valeureux guerriers -et guerrières!! – peshmergas, il semble évident que la Russie a trouvé là, le meilleur allié possible et efficace contre Daesh. C’est aussi l’avis des experts israéliens. Qui plus est le PKK est un parti laïque – communiste d’ailleurs, dont les liens remontent à l »appui de l’URSS! – Le Kremlin a dores et déjà crée des liens avec certaines forces syriennes de l’opposition dite « patriotes » qui auraient reçu la promesse de former un gouvernement de coalition avec Assad.

Jcg

Une lecon pour Israel ,a savoir qu il est impossible de tuer des mouches y compris avec des armes sophistiquees.
Chez les muzz tuer et se faire tuer est dans leurs coutume ,la civilisation arabomuzz est le cancer de la planete .Collaborer avec eux mene a notre propre perte.
Aujourd hui ce qui etait l europe est devenu eurabia .vendu corps et ame a ces barbares.
Le danger pour nous est aussi le mepris affiche de la population d eurabia qui est prete a nous vendre pour quelques barils de petrole .