19 Jul 1938, Evian Les Bains, France --- Thirty Nations Discuss Refugee Problems. Evian Les Bains, France: Photo shows Lord Winterton, chancellor of the Duchy of Lancaster, leader of the British delegation addressing the conference of thirty nations which is being held at the Hotel Royal, Evian Les Bains, France to discuss the problem of political refugees. --- Image by © Bettmann/CORBIS

La Conférence d’Evian de 1938 fut organisée à l’initiative du président des États-Unis d’Amérique, Franklin D. Roosevelt et elle se déroula du 6 au 15 juillet 1938 essentiellement à l’hôtel Royal d’Evian.

Son but était de venir en aide aux réfugiés allemands et autrichiens fuyant le nazisme, peu après l’Anschluss.

Cette conférence permit entre autres, la création du Comité intergouvernemental pour les réfugiés (CIR).

80 années plus tard, le douloureux problème des réfugiés demeure toujours d’actualité comme on a pu le voir au cours des derniers jours…

C’est bien connu : Evian est une station thermale réputée, pour son eau minérale, probablement l’une des meilleures au monde, et elle est située sur les splendides bordures du Lac Léman.

Rien dans le caractère très paisible de cette petite ville touristique ne rappelle pourtant l’événement dramatique et majeur dont elle a été le théâtre, en juillet 1938, il y a très exactement 80 ans.

Mais pour mieux le comprendre un rappel historique s’impose: 1938 fut une année déterminante pour les Juifs d’Europe.

A la suite des lois de Nuremberg (1935), plus de la moitié des 500 000 juifs allemands quittèrent leur pays et tentèrent de trouver refuge au sein des autres nations européennes.

Devant le refus de ses pays d’accueillir les Juifs, le président américain, Franklin Roosevelt convoqua, sur les conseils de son Secrétaire d’Etat Cordell Hull, une conférence exceptionnelle afin de statuer du sort des réfugiés Juifs.

Roosevelt aspira à un partage équitable des réfugiés juifs dans le monde et surtout il voulut éviter que trop de Juifs ne demandent l’asile aux États-Unis…

Ne faisant pas partie de la Société des Nations (SDN), les États-Unis se chargèrent d’organiser la conférence qui était prévue de se dérouler à huis-clos, la presse ne devant être informée de son déroulement que par la voie de communiqués officiels.

La Suisse, pays où résida le siège de la SDN, ne voulant pas recevoir la conférence, ce fut t la France qui hébergea la conférence dans la ville d’Evian, avec à la tête de sa délégation officielle le sénateur Henry Bérenger.

Cordell Hull souligna qu’aucun des pays participants à la conférence ne serait dans l’obligation de recevoir les réfugiés. Partant de là, trente-trois pays furent invités.
L’Italie de Benito Mussolini refusa de venir, par solidarité avec Hitler. L’URSS déclina de même l’invitation. La Hongrie, la Pologne, la Roumanie et l’Afrique du Sud n’envoyèrent que des observateurs.

Ni l’Allemagne, ni le Portugal de Salazar ne furent invités, Washington jugeant que vu leurs politiques, ils ne seraient d’aucune aide (à l’époque, les nazis envisageaient encore la « solution au problème juif » en tant qu’expulsion massive et relocalisation des communautés juives hors du Reich, avec par exemple la mise au point du plan Madagascar).

Le Royaume-Uni accepta l’invitation, en s’assurant préalablement que Washington n’exigerait de leur part aucune augmentation des quotas d’immigration.

Le 6 juillet 1938, s’ouvra à Evian ce que les journaux de l’époque appelèrent « la conférence des Juifs » et ce même si à l’époque certains délégués évitèrent soigneusement de mettre en exergue le fait que ces réfugiés étaient juifs.

Elle se tint dans un palace local qui domine le Lac Léman, l’hôtel Royal (voir encadré). 32 pays y participèrent dont 20 d’Amérique latine et 9 d’Europe, ainsi que 24 organismes d’assistance dont l’Agence Juive qui fut représentée par la future Premier ministre de l’Etat d’Israël, Golda Meyerson (Méïr).

Mais personne ne fonda beaucoup d’espoir sur cette réunion qui dura neuf jours. Chaque pays expliqua son incapacité à accueillir plus de réfugiés, pour des raisons économiques et démographiques.

Cordell Hull décrivit un problème de grande ampleur qui ne pourra être résolu rapidement. Il annonça solennellement que son pays accueillerait 27 000 réfugiés juifs par an, un chiffre dérisoire face aux files de demandeurs d’asile qui espèraient rejoindre l’Amérique.

La Grande-Bretagne refusa d’en accueillir en Palestine alors sous mandat britannique craignant des troubles avec la population musulmane. Au contraire elle accentua sa politique de restrictions.

La France, par la voix d’Henry Bérenger, fut sur la même position avec l’Algérie ou d’autres territoires d’outre-mer (Madagascar évoqué en 1936 avec la France par la Pologne pour l’émigration de sa propre population juive avait été définitivement refusé par le ministre Georges Mandel).

La Suisse indiqua qu’elle ne pouvait plus accueillir de réfugiés autrichiens et a même rétabli le système de visa avec ce pays. Le représentant australien indiqua que son pays ne souhaitait pas « importer un problème racial ».

Seul le représentant de la République dominicaine et frère du dictateur Trujillo proposa d’accueillir 10 000 réfugiés juifs contre subventions.

Capture d’écran de Shalom Amigos

Mais cette proposition, intervenant quelques mois après le massacre de milliers d’Haïtiens, n’eut pas de suite.

Des organisations non gouvernementales, en majorité juives, s’invitèrent à la conférence mais ne purent assister qu’aux séances publiques. Elles furent entendues lors d’une sous-commission pour expliquer leur point de vue. Les délégations américaine, britannique et française se mirent d’accord pour une résolution finale qui serait approuvée par l’unanimité des autres délégations.

Seule la création du Comité intergouvernemental pour les réfugiés (CIR), aussi appelé le Comité d’Evian, fut décidée.

Aucune véritable solution ne fut trouvée concernant l’hébergement des réfugiés juifs.

Au cours des jours qui suivirent la presse allemande fut triomphante. Le lendemain de la conférence elle titra : « Juifs à vendre ; même à bas prix, personne n’en veut ! ».

Hitler, dans les jours qui suivirent, ne se priva pas de se moquer de cet échec : « C’était honteux, dira-t-il, de voir les démocraties dégouliner de pitié pour le Peuple juif et rester de marbre quand il s’agit vraiment d’aider les Juifs ! »

Les historiens s’accordèrent à dire que l’échec de la Conférence d’Evian a permis à Hitler de comprendre que la communauté internationale ne se préoccupait pas vraiment du sort des Juifs. Et d’une certaine manière elle a posé les jalons de la Solution Finale.

Quatre mois plus tard, le 9 novembre, les Nazis déclenchèrent la Nuit de Cristal…

Hanokh Kopolovitch

haghesher.com

Bibliographie

  • Raphaël DelpardLa conférence de la honte. Évian, juillet 1938, Michalon, , 249 p. 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Clement levy

i agree with Herve 1005

Hervé

Revoilà le même scénario qui s’est produit, encore à Élian, lors des accords du même nom, entre de Gaulle et le FLN, qui a abouti à l’abandon de l’Algérie, au massacre des français d’algérie et des harkis, sous prétexte que si on ne donnait pas l’algérie la France ne devrait plus s’appeler colombey les deux églises, mais les deux mosquées. On peut voir le résultat aujourd’hui, c’est devenu les dizaines de milliers de mosquées. On peut aimer la france, mais les français sont majoritairement collabos, antisémites, peu patriotes et j’en passe.