« Tu mangeras, tu te rassasieras et tu rendras grâce à l’Éternel ton D.ieu pour le bon pays qu’il t’a donné »(Deutéronome, 8, 10)

Dans sa longue harangue, Moise rappelle ici que pendant les quarante années de leur séjour dans le désert, nos ancêtres ont été redevables de leur nourriture à D.ieu.

C’est lui qui, journellement, leur fournissait la manne; c’est donc bien grâce à sa bienveillance et à sa sollicitude qu’ils avaient pu manger normalement et à leur faim sur ces terres arides.

Chaque matin ils avaient senti, en allant recueillir sous la rosée la nourriture céleste, que c’était bien l’Éternel qui la leur avait préparée. journellement ils avaient eu de la sorte l’occasion de lui exprimer leur reconnaissance.

II allait en être tout autrement maintenant. Ils allaient pénétrer en Canaan, sur une terre de culture où dorénavant, il leur faudra tirer leur nourriture de la terre par leur effort personnel.

Certes « ils ne manqueront de rien », dit l’Éternel, car le pays est arrosé, fertile, produisant de riches récoltes. Mais ils ne pourront en profiter que dans la mesure où ils travailleront la terre.

II ne pourra plus être question de  » recueillir la manne « , si auparavant on n’a pas labouré, semé, arrosé, moissonné, etc.

Cette nouvelle situation recelait un danger contre lequel Moise tient à mettre en garde les enfants d’Israël.

Il se peut que, dans ces conditions, ils en arrivent à  » oublier D.ieu  » et à se dire :  » C’est ma propre force, c’est le travail de mes bras, qui m’a valu toute cette richesse « .

Il se peut qu’ils s’attribuent à eux-mêmes toutes leurs réussites et en arrivent à méconnaître la part de D.ieu dans le résultat de leurs efforts.

Aussi, Moïse tient-il à signaler que, même lorsqu’il peut sembler que D.ieu n’intervient pas directement – comme ce fut le cas dans le désert -dans la fourniture de notre nourriture quotidienne, il est en vérité à nos côtés pour nous faire prospérer et réussir.

II est donc indiqué que nous tenions à l’en remercier.

On a trop tendance à croire qu’il est normal que chaque être vivant trouve sa part quotidienne de nourriture.

II devrait certes en être ainsi, mais malheureusement ce n’est pas le cas et le nombre des hommes affamés – et qui meurent de faim ! – à travers le monde est extrêmement grand. Nombreux sont ceux qui, malgré un travail dur et pénible, n’arrivent pas à manger convenablement ni à nourrir leur famille.

Si nous avons le bonheur de manger à notre faim, sachons ne pas oublier celui qui nous a permis de nous rassasier et prions et agissons pour que de moins en moins d’hommes soient tiraillés par la faim.

Jean SCHWARZ

 

Réciter le Birkat Hamazone

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La Paracha Ekev met l’accent sur les valeurs «matérielles » d’Eretz Israël. C’est ainsi que la qualité de son blé et de son orge, de ses raisins et de ses figues, de ses grenades, de ses olives et de ses dattes illustre l’ampleur des bénédictions divines toutes spéciales accordées à cette terre.

C’est alors que nous est prescrite une mitsva merveilleuse que l’on doit accomplir après chaque repas conséquent – notamment pris avec du pain : « Tu mangeras et tu te rassasieras, et tu loueras Hachem ton D.ieu pour le bon pays qu’Il t’a donné ».

Rav Guédalya Schorr zatsal explique que cette mitsva du « Birkat Hamazone » appartient à la fois aux deux catégories existantes des mitsvot : les commandaments positifs (il faut toujours se souvenir de Hachem), et les mitsvot négatives (ne jamais L’oublier).

En effet, grâce à nos paroles de remerciements ainsi adressées à D.ieu pour la nourriture qu’Il nous a donnée comme Il le fait pour toutes Ses créatures, nous obéissons au commandement positif suivant : « Tu te souviendras de Hachem ton D.ieu, car c’est Lui qui te donne la force de t’enrichir (…) », (Dévarim, chapitre 5, verset 18).

Or, la Torah nous dit aussi en nous prescrivant une interdiction : « Garde- toi d’oublier Hachem, ton Dieu, de négliger Ses préceptes, Ses institutions et Ses lois, que Je t’impose en ce jour. Peut-être, jouissant d’une nourriture abondante, bâtissant de belles maisons où tu vivras tranquille, voyant prospérer ton gros et ton menu bétail, croître ton argent et ton or, se multiplier tous tes biens, peut-être ton coeur s’enorgueillira-til, et tu oublieras l’Éternel, Ton Dieu qui t’a tiré du pays d’Égypte, de la maison de servitude. (…) Et tu diras en ton coeur : ‘ C’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras, qui m’a valu cette richesse ’ ! », (Dévarim, chapitre 8, versets 11 à 17).

Se prémunir contre l’oubli… pour ne pas oublier l’immense générosité de Hachem ! Or, nous constatons là que la Torah s’étend bien plus longuement sur l’aspect négatif de ces commandements que sur leur caractère positif. Pourquoi cela ? C’est que, selon le Or Ha’hayim Hakadoch, l’homme est constamment guetté par son mauvais penchant… Celui-ci a ainsi recours à de nombreuses « ruses » pour lui faire oublier que tout lui vient de Hachem. Et dès le moindre oubli à ce niveau, la voie devient libre pour que le mauvais penchant inocule dans l’être humain des désirs de désobéissance à Hachem, jusqu’à lui faire désirer d’adorer des idoles (voir le verset 19). La moindre fissure dans la muraille de la gratitude que nous devons manifester envers le Créateur est génératrice de ce qu’il y a de pire en matière d’opposition à Hachem.
Tout cela illustre donc clairement le fait qu’il est très important de toujours être conscient que c’est Hachem qui nous donne tout ce que nous avons !

Une attitude de « reconnaissance » et de louanges censée nous inciter à reconnaître en toute circonstance la Providence divine. D’autant que dans la haftara de Chabbat ‘Hazon, le Chabbat précédant Ticha béAv, nous avons entendu le prophète Isaïe clamer ses reproches de toutes ses forces : « Un boeuf connaît son possesseur, un âne la crèche de son maître, mais Israël ne connaît rien, Mon peuple n’a pas de discernement ! », (chapitre 1, verset 3).

Initier le monde à la connaissance de D.ieu par le Birkat Hamazon. Le ‘Hidouché Harim citait son maître, le fameux rabbi de Kotzk, qui rapportait le Midrach relatant comment notre patriarche Abraham Avinou invitait des idolâtres, leur servait un bon repas et les incitait ensuite à réciter le « Birkat Hamazone » afin de remercier le Créateur grâce auquel ils venaient de se rassasier.

C’est en fait de la sorte qu’Abraham initiait le monde à la connaissance divine, à partir des remerciements et de la gratitude contenus dans le Birkat Hamazone, des sentiments susceptibles de pouvoir submerger un athée et de le transformer en croyant ! Il est donc surprenant, disait le rabbi de Kotsk, que nous ne parvenions pas aux plus hauts niveaux de crainte de Hachem en récitant simplement notre Birkat Hamazone…

Rabbénou Bé’hayé explique quant à lui que D.ieu a accompli tous les miracles « nécessaires » de la Sortie d’Égypte pour nous faire atteindre notre but et nous installer en Terre Promise.

Voilà pourquoi c’est grâce à nos souvenirs que nous pouvons nous permettre de pleinement ressentir notre gratitude envers Hachem, un devoir que nous assumons en récitant avec concentration le Birkat Hamazone, faute de quoi nous risquons de perdre toutes nos valeurs juives et toute proximité avec D.ieu !

 

D.ieu attend la prière exprimant la reconnaissance des Justes ! Or, Hachem attend de recevoir les prières des Justes car Il est bon et aspire à nous combler de Ses bienfaits : Il souhaite donc qu’on Le remercie et qu’on prie pour solliciter de Lui les bienfaits dont nous avons besoin.

Grâce à cette idée avancée par rabbénou Bé’hayé, nous découvrons une immense richesse dans le Birkat Hamazone: car se côtoient dans ce texte fabuleux à la fois notre modestie consistant à remercier Hachem – car, encore une fois, nous Lui devons tout, absolument tout ! -, et aussi
une fierté extraordinaire de l’honneur inappréciable de contribuer aux décisions qu’Il prend dans Sa bonté pour nous sustenter.

De nos jours, notre vraie place en tant que Juifs est en Eretz-Israël. Même si notre exil aux quatre coins du monde s’est prolongé pendant de si longs siècles, cette dispersion ne saurait constituer pour nous une norme de vie.

Or, il suffit que la téchouva – le repentir authentique de tout notre peuple – prenne sa véritable dimension pour que Eretz-Israël nous reçoive enfin tous ensemble sous la conduite du Machia’h !

Voilà pourquoi dans notre vie, où qu’elle se déroule, le Birkat Hamazone garde toute sa valeur et toute sa signification contribuant à nous attacher encore davantage à D.ieu. Il est certes bon de manger du pain, mais sachons donc ensuite faire un Birkat Hamazone digne de ce nom !

Rav Hayim Yaacov Schlammé

Chiourim.com

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