Des «Molenbeek» en France ? «Un diagnostic lucide» de Kanner, selon Mariton
LP/ARNAUD DUMONTIER
La phrase fait réagir. Le ministre de la Ville Patrick Kanner a évoqué dimanche la «centaine de quartiers en France» aux «similitudes potentielles avec Molenbeek», commune bruxelloise à la réputation de fief djihadiste.
Une position qu’il réaffirme dans nos colonnes, ce lundi, refusant de parler de stigmatisation.
Un point de vue contesté au sein du PS, mais que Florian Philippot, Hervé Mariton et le président de l’Union des organisations islamiques de France ont soutenu ce lundi.
Les propos de Patrick Kanner avaient rapidement fâché la gauche. Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, avait dans la journée minimisé les propos du ministre et appelé à «ne pas dissoudre la concorde nationale». Julien Dray s’était également exprimé pour appeler à ne pas céder à des formules faciles qui «stigmatisent».
VIDEO. Les propos de Patrick Kanner sur certains quartiers en France
Un chiffre «probablement un peu optimiste»
«C’est donc ça qui fait polémique au PS. Pour une fois qu’on a un ministre, M. Kanner, qui enlève le voile d’aveuglement qu’il a devant les yeux et la bouche, qu’il dit une vérité un peu lucide, il faut au PS qu’on lui tombe dessus», a critiqué Florian Philippot (FN). «C’est lucide et ce n’est pas stigmatisant», a affirmé le conseiller régional d’Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, évoquant des liens entre fondamentalistes et «gros caïds». Selon lui, Patrick Kanner «est probablement un peu optimiste» avec son chiffre d’une centaine. Face à cette situation, il appelle à un retour des frontières nationales au sein de l’UE.
Hervé Martion a de son côté estimé, ce lundi sur France Info, que Patrick Kanner «a le mérite d’un diagnostic lucide sur une situation réellement dangereuse». Si le député Les Républicains de la Drôme rappelle qu’il «ne faut pas faire d’amalgame», il insiste sur le fait que «les quartiers sortis de tout contrôle existent».
«Des phénomènes de radicalisation»
Dans le même temps, le président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), un des piliers de l’islam de France, a affirmé ce lundi sur Europe 1 que «des phénomènes de radicalisation» existaient partout en France, où l’immense majorité des musulmans sont avant tout des «citoyens».
Concernant les propos de Patrick Kanner, Amar Lasfar a répondu sans ambiguïté. «Je suis d’accord, il y a des phénomènes de radicalisation partout, pas uniquement dans un certain nombre de quartiers», a-t-il dit, tout en regrettant une déclaration de nature à «stigmatiser», parce qu’«on ne peut pas réduire Molenbeek à Salah Abdeslam», le 10e homme des attentats parisiens de novembre, arrêté dans sa commune le 18 mars.
«Pendant des années, on a laissé faire. La politique urbanistique de notre pays est responsable, depuis une trentaine d’années. Nous avons alerté les autorités sur ce genre de phénomènes qui se développaient dans les années 90», a poursuivi Amar Lasfar.
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