Josué, successeur de Moïse, avec les enfants d’Israël traversèrent le Jourdain. La conquête du pays qui s’annonçait difficile, dura sept années. Josué installa son quartier général à Shichem, au nord de Jérusalem, où il fit bâtir un sanctuaire à Yahvé.
Jérusalem était alors occupée par les Jébuséens, l’une des sept tribus du pays de Canaan gouvernés par le roi Adonisedech (Deutéronome[2].
« Les fils de Josué ne purent chasser les Jébuséens » qui vécurent à Jérusalem aux côtés des fils de Judée. Vers – 1200, Minephtah, fils de Ramsès II dut riposter aux attaques des Peuples de la mer: il lança une opération en Canaan pour rétablir l’ordre.
Israël n’était pas un royaume, selon le Livre des Juges, une confédération de tribus dirigées par les Anciens, face à un nouvel ennemi: les Philistins.
Sous le dernier Juge (on en compta 14), les Israélites décidèrent « comme les autres peuples » avoir un roi, désigné par D.ieu. Le prophète Samuel choisit vers un jeune guerrier Saül.
Issu de la tribu de Benyamin, il fixa sa résidence royale à Guilboa, qui devint sa capitale.
Quand Saül meurt à la bataille de Guilboa, avec son fils Jonathan, son deuxième fils Ishboshet est proclamé roi par les habitants des tribus du nord du royaume. Les habitants du sud désignent David qui établit sa capitale à Hébron, la ville des patriarches.
Issu de la tribu de Juda, David était un petit berger qui affronta le légendaire Philistin, Goliat. Choisi par Samuel sur l’ordre de D., il remplaça Saül à sa mort (Livre de Samuel, Iet II).
David agrandit le royaume, le pacifia, il fit la conquête de Jébus.
Pour arracher la ville aux Jébuséens, trop sûrs d’eux-mêmes, David fit introduire les soldats dans la cité par les conduites d’eau.
Un document archéologique récent, la stèle de Tel Dan (1) découverte en 1993, mit un terme au débat sur l’historicité du roi David.
Elle fit clairement référence à deux royaumes: Juda, le royaume du sud, entouré de puissants voisins ; Israël, le royaume du nord, Aram-Damas, Gath.
Au cours des IXe et VIIIe siècles le royaume de Juda était à son apogée, tous les signes archéologiques d’un royaume centralisé sont présents. Hazaël, roi de Damas, a fait graver en araméen :
« J’ai tué Joram fils d’Achab roi d’Israël, et j’ai tué Ahasyahu fils de Joram roi de la maison de David. Et j’ai réduit leur ville en ruine et changé leur terre en désolation. »
La signification de l’expression « maison de David » est tout à fait claire en archéologie : il s’agit de la dynastie royale dont David a été le premier roi.
Le caractère historique de l’inscription étant indéniable il n’existe pas de raison fondée sur l’archéologie conduisant à mettre en doute l’existence du roi David.
Ainsi, le roi David conquit la cité et la nomma Yerouchalayim, la ville de la paix :
« Le roi, avec ses hommes, marcha sur Jérusalem contre les Jébuséens, qui occupaient le pays ; mais ceux-ci dirent à David : « Tu n’entreras pas ici que tu n’aies délogé les aveugles et les boiteux » voulant dire que David n’y entrerait point. Mais David s’empara de la forteresse de Sion, qui est la Cité de David.[3] ».
L’historien Flavius Josèphe[4] vit dans ce passage une allusion aux fortifications naturelles qui ont joué un rôle très important jusqu’à l’époque romaine.
Pour lui les Jébuséens auraient été si confiants dans la sécurité de la ville qu’ils pouvaient s’en remettre aux aveugles et aux paralytiques pour assurer la protection de la cité.
En fait le choix de ce site comme capitale répondait à plusieurs nécessités : la position naturelle de citadelle fortifiée, la proximité d’une source pour supporter un long siège, la situation centrale dans un royaume qui s’unifiait et enfin le caractère neutre du site afin de surmonter les rivalités entre les douze tribus fondées par les fils du patriarche Jacob.
Sur l’ordre du prophète Nathan qui avait conseillé le premier roi d’Israël Saül, David donna à Jérusalem le rang de capitale politique.
Nathan demanda aussi au roi de transporter l’Arche d’alliance – ce coffret dans lequel étaient placées les Tables de la Loi, où étaient inscrits les dix commandements donnés par D.ieu à Moïse sur le Mont Sinaï – et de la fixer à Jérusalem : les Tables de la Loi données à Moïse résidant jusque-là dans le village de Kiryat Yearim[5].
Jérusalem, la ville en forme de proue, occupait la partie sud de la colline du Mont Moriah aux vallées du Cédron et du Tyropoeon.
L’expansion de la cité se fit vers le haut de la colline au Nord. David y fit construire un palais et des casernes pour ses troupes.
Cette petite ville n’abritait que quelques milliers d’habitants, ses maisons construites sur les pentes ; le palais, construit en bois de cèdre, où était installé un collège de conseillers qui fixait l’organisation du domaine royal, qui faisait procéder à un recensement et qui dirigeait la rédaction de la liturgie.
Ainsi le roi David conféra à la Ville, qui était déjà le centre politique du royaume, un rôle de capitale religieuse.
Il s’éprit de Bethsabée dont il fait éloigner le mari, Urie le Hittite, un officier de la couronne. David épousa Bethsabée et le premier enfant de leur union naquit.
Le prophète Nathan apprit alors à David que cette façon de faire a déplu à Dieu et qu’en châtiment, ce n’est pas ce fils aîné de David qui hériterait du trône, mais un autre fils de Bethsabée, au terme de luttes qui décimeraient la famille royale.
David implora le pardon de Dieu, l’enfant de Bethsabée tomba malade et David jeûne plusieurs jours, jusqu’au décès de l’enfant, le septième jour, ce que David interpréta comme sa punition.
Cet épisode constitua un des éléments qui ternit la réputation du roi guerrier.
Vers la fin de sa vie, David prit la décision d’ériger un autel là l’Eternel.
Il se rendit auprès du dernier roi jébuséen, Aravna, pour lui acheter une aire située sur le mont Moriah, sur les hauteurs de la ville. (A suivre)
Adaptation par Jforum
[1]La stèle de Tel Dan fait clairement référence à deux royaumes. Juda (le royaume du sud) est entouré de puissants voisins : Israël (le royaume du nord), Aram-Damas, Gath. Le royaume de Juda va se développer au cours des IXe et VIIIe siècles et, à la fin du VIIIe siècle.
[2] Le Deutéronome est le cinquième et dernier livre de la Bible hébraïque ou Pentateuque. Il est intitulé en hébreu Devarim c’est-à-dire Paroles, qui sont les premiers mots du texte ou Michné Torah, la répétition de la Torah.
[3] Livre de Samuel : le livre est consacré à la vie de Samuel, consacré à Dieu par sa mère Hannah, et au règne tragique du premier roi d’Israël, Saül choisi et oint par Samuel.
[4] Flavius-Josèphe (37-100) a rédigé une œuvre qui est une des sources principales quant aux événements et conflits de son temps entre Rome et Jérusalem.
[5] Du fait du séjour de l’Arche Sainte sur les lieux, Kiryat-Yéarim devient lieu vénéré pour la chrétienté. Les Byzantins y construisent une église, détruite par les Perses en 614. Depuis 1924, l’église et le couvent Notre-Dame de l’Arche d’Alliance sont construits sur les vestiges de l’édifice byzantin, dont on voit encore dans la cour de l’église, les restes d’une mosaïque. Le couvent appartient à l’ordre français de Saint-Joseph de l’Apparition.
Lire
Neher-Bernheim Renée, Jérusalem trois millénaires d’histoire, Albin Michel 1996.
Simon Sebag Montefiore, Jérusalem Biographie, Calmann-Lévy 2011