Le 6 novembre dernier, je vous parlais de l’Europe et de l’urgente nécessité pour elle de se définir des caps stratégiques pour retourner dans l’histoire et éviter son déclassement face à l’Asie.
J’écrivais, « Les Européens doivent choisir s’ils veulent encore essayer d’écrire l’histoire, leur histoire, ou se comporter comme « les bourgeois de Calais » dont la volonté de préserver leur commerce faisait qu’ils acceptaient tous les envahisseurs. »
Nous avons eu dernièrement deux bonnes nouvelles et une négative.
Le dernier Conseil européen des Chefs d’Etat et de gouvernement a acté le principe de la création d’un instrument budgétaire.
Pour obtenir l’accord des Néerlandais, on n’utilise pas l’expression de budget, mais la sémantique ne change rien ; il s’agit d’une avancée très importante pour le renforcement de la gouvernance économique de la zone euro.
Même si les modalités, et surtout les montants alloués, doivent encore être définis, il n’en demeure pas moins que cela constituera un outil essentiel pour favoriser la convergence des économies européennes et améliorer leur compétitivité.
Quelle que soit sa modestie, c’est une percée, un indéniable pas vers la création d’un véritable gouvernement de la zone euro ; il serait opportun qu’une avancée soit rapidement faite dans le domaine de l’harmonisation fiscale.
Au-delà de cette symbolique décision, le sommet a pris deux décisions importantes :
  • La mise en place d’un « filet de sécurité supplémentaire » en cas de grave faillite bancaire
  • La réforme du mécanisme européen de stabilité (MES), le fond d’aide aux Etats en difficulté créé à l’occasion de la crise grecque.
Cette dernière décision intervient alors que la Banque centrale européenne (BCE) a restreint sa politique monétaire accommodante ; ce signe encourageant signifie que la crise des dettes souveraines est dépassée, que la convalescence grecque se confirme, que la situation italienne est sous contrôle, que les risques de déflation ont disparu. Cela mérite d’être souligné !
Rappelons que cette politique dénommée « Quantitative easing » a commencé en mars 2015, et a principalement consisté par le rachat par la BCE d’abord de titres publics, puis à partir de juin 2016 de dettes privées ; le montant mensuel des obligations rachetées était au départ de 60 Md€ avant d’être porté à 80, avant de se terminer à la fin de cette année. Si la BCE n’achètera pas de nouveau titre, elle refinancera ceux en portefeuille qui arriveront à échéance.
Au total, en trois ans et demi, la BCE a racheté 2 600 Md€, soit 20 % du PIB de la zone euro.
Dans le même temps, le stock de créances qu’elle porte dans son bilan, à concurrence de 4 660 Md€ ne diminuera que progressivement.
Il était grand temps que la BCE amorce cet atterrissage car cette création monétaire excessive entrainait une abondance de liquidités et une propension d’argent facile, entrainant la création et la prolifération de bulles spéculatives.
C’est une politique exceptionnelle qui mérite d’être saluée et rappelée à tous les détracteurs européens ; cette politique a, selon la BCE, eu un impact de 0,4 % sur la croissance annuelle de la zone.
Malheureusement, la crise des migrants démontre depuis cinq ans l’incapacité de l’Europe à apporter des solutions concrètes aux préoccupations de ses citoyens.
A l’initiative personnelle de Mme. Angela MERKEL, l’Europe paye la Turquie pour qu’elle fasse le travail de contrôle de certains flux migratoires à sa place ; c’est un signe caractéristique de son impuissance.
Nous en avons eu une nouvelle démonstration avec le pacte mondial pour les migrations de l’ONU.
Contrairement à ce que certains ont prétendu, ce n’est pas un texte contraignant ; il « … réaffirme le droit souverain des Etats de déterminer leur politique nationale en matière de migration… ».
C’est simplement un texte déclaratif dont les 23 objectifs visent à permettre aux pays de mieux faire face aux migrations.
Et pourtant, ce texte a été l’objet de toutes les déformations possibles, notamment de la part d’extrêmes toujours prêts à attiser les haines et les oppositions entre les hommes.
N’en déplaise à certains, l’exceptionnelle démographie en Afrique sub-saharienne alimente inéluctablement les flux migratoires, tant qu’une croissance économique durable ne stabilise les populations sur place ; cela explique et justifie l’aide au développement.
La population africaine va doubler d’ici 2050 pour atteindre les deux milliards d’habitants, alors que, dans le même temps, la croissance naturelle de la population européenne stagne ; cela fait de l’Europe une zone attractive.
Ce pacte onusien a été encore la manifestions de la désunion européenne, puisque les pays qui sont allés à la conférence de Marrakech n’avaient aucune position commune.
Il est grand temps que l’Europe prenne à bras le corps ses problèmes. A défaut, ce sera la place à tous les populismes, à tous les extrêmes, à tous les vieux démons européens qui ont conduit le vieux continent à son déclassement.
Dov ZERAH  MARDI 18 NOVEMBRE 2018
 
Je vous invite à me retrouver le mardi matin à 7h05 sur Radio J 94.8 FM pour ma chronique économique et financière. 
De plus, j’invite toute personne intéressée par l’information économique sur l’Afrique,  à consulter le site « economiesafricaines.com » Merci

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