Variant indien et crainte d’un cluster : à l’aéroport de Roissy, la zone d’attente inquiète

L’Anafé et La Croix Rouge se sont retirées de la Zapi, où la promiscuité et la situation sanitaire représentent une « mise en danger » des 126 étrangers maintenus, dont une large majorité d’Indiens.

L'Anafé s'est retirée de Roissy pour dénoncer la "mise en danger" sanitaire des migrants. (Photo d'illustration)L’Anafé s’est retirée de Roissy pour dénoncer la « mise en danger » sanitaire des migrants. (Photo d’illustration)

Depuis quelques jours, l’Inde vit une véritable catastrophe sanitaire. Dimanche, près de 350 000 personnes ont été contaminées au Covid-19, un record mondial. La faute, notamment, au variant indien, dit « double mutant ». Un variant qui inquiète au-delà des seules frontières du géant asiatique. En France, depuis samedi, tout passager rentrant d’Inde – mais aussi de quatre autres pays à risque, le Brésil, le Chili, l’Afrique du Sud et l »Argentine – est soumis à une quarantaine de dix jours. Les forces de l’ordre vérifient de manière inopinée leur présence sur leur lieu de quarantaine et peuvent leur infliger une amende allant jusqu’à 1500 euros en cas d’absence. « Nous avons engagé la bataille contre les variants, qui sont une menace face à laquelle nous devons nous protéger », a déclaré Jean Castex, en déplacement dimanche à l’aéroport de Roissy. Le Premier ministre a assuré que « toutes les précautions sont prises ».

Pourtant, dans la zone même de l’aéroport, certaines associations sont particulièrement inquiètes. L’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), a annoncé lundi qu’elle se retirait de la zone d’attente de personnes en instance (Zapi), un centre fermé dans lequel des migrants sont maintenus. « Face au non-respect des mesures sanitaires dans la Zapi de Roissy, à la mise en danger corrélative des personnes enfermées et du personnel intervenant dans ce lieu clos et à l’absence de condamnation de ces pratiques par les juridictions administratives et judiciaires, l’Anafé a décidé de se retirer temporairement », a écrit l’association, protestant contre un traitement jugé « indigne et dangereux ». Cette annonce est intervenue quelques jours après une décision similaire de la Croix Rouge, dont les salariés ont fait valoir leur droit de retrait en raison d’un possible « cluster » de contamination au Covid-19. Plus aucune association n’intervient donc désormais dans la plus grande zone d’attente aéroportuaire de France, où patientent les étrangers qui ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire.

126 personnes entassées dans la Zapi, dont 87 Indiens

Comme le rapporte Mediapart, la Zapi de Roissy, située à 1,5 kilomètre à l’écart de l’aéroport de Roissy, est cachée derrière la zone de décollage du terminal 2, dans une zone de fret désertique. « Il y a trop de monde dans trop peu d’espace. Je n’ai jamais vu tant de monde maintenu en même temps, même en période normale » avant la pandémie, a dénoncé auprès de l’AFP Laure Palun. La directrice de l’Anafé a dénombré 126 personnes présentes lundi dans cette zone, alors que la capacité maximale de la Zapi a été fixée à 150 maintenus avant la pandémie, sans aucun réajustement depuis. Selon Mediapart, parmi ces 126 exilés entassés dans la zone d’attente de Roissy, 87 sont des Indiens.

Depuis janvier, près de 200 ressortissants indiens ont été placés en zone d’attente dont 63 rien que les 19 et 20 avril. Cet afflux inédit inquiète particulièrement, note le site d’investigation, car certains présentent des signes évocateurs du Covid-19. Toujours depuis janvier, près de vingt ressortissants étrangers du centre ont été testés positifs. Le risque est également de voir se propager le variant indien sur le reste du territoire puisque des étrangers « maintenus » dans la zone d’attente et positifs sont relâchés dans la nature, sans moyen de s’isoler ni aucune prise en charge sanitaire.

Au moins une vingtaine de cas positifs a par ailleurs été recensée depuis le début de l’année parmi le personnel exerçant au sein de la Zapi, entre les agents de la police aux frontières (PAF), l’équipe de nettoyage et les salariés de la Croix Rouge, mandatés pour intervenir auprès des étrangers en zone d’attente de réacheminement vers leur destination d’origine ou de libération.

Les autorités se veulent rassurantes

Comme le rappelle Mediapart, les étrangers ne pouvant pas justifier de la régularité de leur entrée en France ou de la poursuite de leur trajet, s’ils présentent de faux documents d’identité ou n’ont pas d’attestation d’hébergement pour la durée de leur séjour, par exemple, parfois des migrants en transit, peuvent être retenus dans la zone d’attente jusqu’à 26jours maximum avant d’être renvoyés – vers leur pays d’origine notamment – ou libérés. Entre-temps, le magistrat peut les autoriser à sortir de la zone d’attente pour réaliser des procédures administratives en France, comme une demande d’asile.

Les autorités, elles, se veulent rassurantes. « Personne n’est malade » et « la situation est sous contrôle », a assuré à l’AFP une source aéroportuaire. L’Agence régionale de santé, a souligné cette source, « fait des tests salivaires tous les deux jours sur le personnel ». « Nous venons de rétablir l’obligation de visas de transit aéroportuaire pour les ressortissants indiens pour éviter de nouvelles arrivées et travaillons avec l’ambassade d’Inde à Paris et les autorités indiennes à New Delhi pour éloigner ceux qui sont actuellement à Roissy », indique de son côté à Mediapart le service de presse du ministère de l’Intérieur.

Un premier cas du variant indien du Covid-19 a été détecté en Suisse, ont annoncé samedi les autorités sanitaires de ce pays. Ce cas avait été détecté chez un passager arrivé en Suisse après avoir transité par un aéroport européen. Jeudi dernier, les autorités belges avaient annoncé la détection dans leur pays de vingt étudiants indiens testés positifs au variant. Ces jeunes avaient atterri à l’aéroport de Roissy le 12 avril.

Par LEXPRESS.fr publié le 27/04/2021 mis à jour à 10:26

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/variant-indien-et-crainte-d-un-cluster-a-l-aeroport-de-roissy-la-zone-d-attente-inquiete_2149652.html#xtor=CS5-888

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