Fifa: le vote sur l’éventuelle exclusion d’Israël maintenu

Sepp Blatter briguera vendredi un 5e mandat à la tête de la fédération

« Jibril Rajoub »
 

« Rien n’a changé, le vote est toujours à l’ordre du jour », a déclaré à l’AFP le président de la Fédération palestinienne de football, Jibril Rajoub, à l’issue d’une réunion d’une heure avec le président de la Fifa, Sepp Blatter, mercredi.

La Palestine, membre de la Fifa depuis 1998, souhaite que l’instance mondiale exclue Israël des compétitions internationales, notamment pour sanctionner, selon elle, les restrictions de déplacement imposées aux joueurs palestiniens. Sa résolution est inscrite à l’ordre du jour du 65e Congrès de la Fifa vendredi.

« Nous avons eu une réunion d’à peu près une heure avec M. Blatter », a expliqué M. Rajoub, précisant que les représentants de la Fédération israélienne ne participaient pas à cette réunion.

« La situation est la même, rien n’a changé. Le vote est toujours à l’ordre du jour » du congrès, a-t-il ajouté.

M. Rajoub, comme son homologue israélien Ofer Eini, étaient invités mercredi matin par le président de la Confédération africaine de football (CAF), le Camerounais Issa Hayatou, à s’exprimer devant les représentants des fédérations africaines, avant le vote de la résolution palestinienne.

Le Palestinien avait alors indiqué à la presse, après son intervention, n’avoir « aucun problème à rencontrer qui que ce soit à tout moment ».

Lors de la prise de parole de M. Eini, l’ensemble des représentants des pays arabes avaient quitté la salle en signe de protestation.

« Je n’aime pas cela. Tout le monde aurait dû rester pour entendre les arguments des deux parties », avait déploré M. Rajoub, qui la veille s’était dit « confiant » dans le vote que son instance sollicite au sein de la Fifa.

La Fifa a été frappée mercredi par un double séisme avec l’arrestation à Zurich de sept responsables soupçonnés de corruption notamment pour l’attribution du Mondial-2010, à la demande de la justice américaine et parallèlement la perquisition de son siège zurichois pour les Mondiaux 2018 et 2022.

Le président Joseph Blatter (79 ans) briguera un cinquième mandat lors de l’élection maintenue vendredi au congrès de la Fifa.

Arrestations à l’hôtel

Michael Buholzer (AFP/File)
Michael Buholzer (AFP/File)« FIFA president Sepp Blatter, pictured in March, faced angry demands to step down after US indictments and the dawn arrests of top officials engulfed world football in the biggest crisis yet of his 17-year reign »
 

Tout a commencé vers six heures du matin, lorsque des policiers suisses opérant à la demande des autorités américaines se sont présentés à l’hôtel de Zurich où sont logés les principaux dirigeants de la Fifa, pour y interpeller sept d’entre eux.

Les suspects ont été placés en détention et font l’objet d’une demande d’extradition américaine. Seul l’un d’eux a accepté la procédure d’extradition simplifiée.

Au total, neuf élus actuels ou passés de la Fifa et cinq partenaires de l’instance mondiale du football ont été inculpés de corruption, racket et blanchiment à New York, accusés d’avoir reçu ou distribué plus de 150 millions de dollars depuis 1991, pour les droits de diffusion de tournois internationaux.

Parmi les dirigeants visés figurent Jeffrey Webb (Iles Caïman), Eugenio Figueredo (Uruguay), tous deux membres du comité exécutif, et Jack Warner (Trinité-et-Tobago), ex-membre du comité exécutif. Ce dernier, déjà impliqué dans de nombreuses affaires de corruption, s’est dit « innocent ». Il a été arrêté en fin de journée à Port-d’Espagne, capitale de Trinité-et-Tobago, selon des médias.

En fin de journée, la Fifa annonçait la suspension des neuf élus, plus Daryll Warner (fils de Jack) et l’Américain Chuck Blazer, ancien dirigeant de la Concacaf devenu l’informateur de la justice US.

La Fédération brésilienne de football a de son côté suspendu de ses fonctions son vice-président José Maria Marin « jusqu’à la fin de l’enquête ».

USA en pointe, Mondial-2010 ciblé

Les interpellations ne sont « que le début » de l’offensive lancée mercredi par la justice américaine, a prévenu le procureur fédéral de Brooklyn (New York) Kelly Currie.

Signe de l’ampleur de l’initiative, la ministre de la Justice des États-Unis, Loretta Lynch, a elle-même accusé en conférence de presse les personnes poursuivies d’avoir « corrompu les affaires du football mondial pour servir leurs intérêts et pour s’enrichir personnellement ».

V.Breschi/V.Lefai (AFP)
V.Breschi/V.Lefai (AFP)« Les arrestations de responsables de la Fifa à Zurich et les inculpations aux Etats-Unis « 
 

Cette ancienne procureure fédérale, qui s’était déjà penchée sur le dossier Fifa, a lâché une nouvelle bombe, concernant cette fois le Mondial-2010 en Afrique du Sud: « Même pour cet événement historique, des dirigeants de la Fifa et d’autres ont corrompu le processus en utilisant des pots-de-vin pour influencer la décision d’attribution » de la Coupe du monde à un pays africain pour la première fois.

« Il ne s’agit que d’allégations », a réagi Dominic Chimhavi, porte-parole de la Fédération sud-africaine.

Concernant Warner, « il a entre autres sollicité et obtenu des pots-de-vins dans le cadre des processus d’attribution des Coupes du monde 1998 et 2010 », selon le ministère américain de la Justice.

Le même jour, le siège de la Confédération d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), situé à Miami, a été perquisitionné par le FBI.

La Russie n’a en tout cas pas apprécié cette offensive américaine et a officiellement demandé à Washington de « mettre fin à ses tentatives d’exercer la justice bien loin de ses frontières ».

Dans une procédure distincte, le parquet suisse a annoncé avoir saisi des documents électroniques au siège de la Fifa à Zurich, dans le cadre d’une procédure pénale contre X pour soupçon « de blanchiment d’argent et gestion déloyale » entourant les attributions des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Cette procédure, ouverte depuis le 10 mars, n’avait pas été rendue publique jusqu’à mercredi.

Pour vendredi, Blatter ne change rien

La Fifa est ébranlée, mais M. Blatter et son secrétaire général Jérôme Valcke « ne sont pas impliqués » dans cette affaire. « M. Blatter est concentré sur le congrès et il reste relativement détendu », a poursuivi M. De Gregorio.

Gil Cohen Magen (AFP/Archives)
Gil Cohen Magen (AFP/Archives)« Le président de la Fifa Joseph Blatter, lors de sa « mission de paix » au Proche Orient, le 19 mai 2015 à Jérusalem »
 

Sepp Blatter est sorti de son silence dans la soirée, via un communiqué. « C’est un moment difficile pour le football, les supporteurs et la Fifa », a-t-il réagi.

« De tels comportements n’ont pas leur place dans le football et nous nous assurerons que ceux impliqués seront exclus du jeu », a-t-il ajouté.

Vendredi, il briguera donc un cinquième mandat à la tête de la richissime et surpuissante Fifa, secouée depuis le début de son règne en 1998 par une série de scandales, notamment liés à l’attribution des Mondiaux 2018 et 2022.

La Confédération africaine (CAF) lui a réitéré son soutien. Mais l’UEFA, elle, a demandé le report « dans les six mois » d’un congrès électif qui « risque de tourner à la farce ». « Ces événements montrent que la corruption est profondément enracinée dans la culture de la Fifa », a-t-elle aussi accusé.

Un seul candidat se présentera vendredi face à M. Blatter: le prince jordanien Ali bin Hussein. Celui-ci a estimé dans un communiqué que la Fifa avait besoin d' »un leadership qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui. La crise dure depuis longtemps, elle ne se limite pas à ce qui s’est passé aujourd’hui ».

(avec AFP)

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires