L’homme d’affaires Zvi Ammar (et Président du Consistoire de Marseille, réélu dernièrement avec une très faible différence de voix) a été déféré mardi soir devant le parquet de Marseille dans une affaire de blanchiment présumé ayant pour toile de fond le meurtre d’un de ses employés en 2007.
Le frère de M. Ammar, Simon, et Adnan Houdrouge, un homme d’affaires monégasque, président du groupe Mercure international of Monaco (MiM) et ancien vice-président de l’AS Monaco, avaient également été déférés dans cette affaire. Dans la soirée, le comptable et homme de confiance de M. Houdrouge devait également être présenté au juge Pierre Philippon, selon la même source.

Neuf autres personnes placées en garde à vue sont sorties libres, dont l’ancien arbitre international Gilles Veissière (Photo Presse-Sports), interpellé en sa qualité de dirigeant de l’enseigne de magasins City Sport, propriété du groupe MiM. Ces personnes étaient entendues depuis lundi dans le cadre d’une information judiciaire pour abus de biens sociaux et blanchiment ouverte contre X en février 2010, parallèlement à l’enquête sur le meurtre d’un homme à Marseille fin 2007.

La victime, Olivier Plançon, cadre commercial du groupe MiM que dirige M. Houdrouge, avait été abattu au volant de sa voiture par deux hommes à moto qui avaient pris la fuite, sur le parking de la société International Sport Fashion (ISF) que dirige Zvi Ammar dans les quartiers nord de Marseille, où M. Plançon avait rendez-vous. La justice soupçonne des transactions financières entre les deux entreprises, ISF et MiM, d’être au coeur de l’affaire. (Avec AFP)

Affaires La mort trouble d’un “collecteur de fonds”

Les enquêteurs suspectent des opérations de blanchiment entre Marseille et Monaco derrière l’exécution énigmatique d’une relation d’affaires d’un notable phocéen.

Sylvain Ammar martèle être totalement étranger au meurtre d’Olivier Plançon, abattu d’un coup de fusil alors qu’il quittait tout juste les locaux d’International Sport Fashion MaxPPP

Son nom demeure associé à un mystérieux homicide commis, à l’automne 2007, sous ses propres fenêtres. Sylvain Ammar, dit « Zvi », mis en examen le 13 juillet 2010 pour « déplacement d’une scène de crime », martèle être totalement étranger au meurtre qui continue de lui coller aux basques tel un tenace morceau d’adhésif. Celui d’Olivier Plançon, abattu d’un coup de fusil alors qu’il quittait tout juste les locaux d’International Sport Fashion (ISF), société marseillaise spécialisée dans la vente de baskets au Maghreb appartenant à « Zvi » Ammar, réélu sur le fil, fin janvier, à la tête du consistoire phocéen.

Le 8 novembre 2007, le défunt, directeur commercial de Mercure International of Monaco (MIM), négocie des traites pour le compte de son patron, Adnan Houdrouge, un Libanais fortuné, familier du palais monégasque, principal fournisseur de M. Ammar. Il regagne sa voiture, son collègue, Simon Roques, assis à ses côtés. Deux individus surgissent à scooter, les braquent, lorsque claque une lourde détonation. Aidé du passager indemne qui les a prévenus, le patron d’ISF accourt, un employé sur ses pas. Ils extirpent illico du véhicule des sacs avant l’arrivée des secours. Ce qui vaut à Simon Roques une mise en examen identique à celle de « Zvi » Ammar.

346.000 €

Sur place, le chef d’entreprise remet aux policiers trois sacs contenant 15.000 € en liquide – une somme récupérée par M. Plançon et son collègue peu avant chez un autre client de MIM. Et découvrent sans plus d’explication, dans l’un d’entre eux, un morceau de carton, manifestement oublié, sur lequel figure un curieux décompte mentionnant 346.360 €. Trois sacs, 15.000 € seulement ? Les enquêteurs, perplexes, se demandent depuis si le montant reporté sur le pense-bête cartonné n’a pas opportunément disparu des sacs avant leur arrivée. Difficile à établir aujourd’hui, car sur le moment les bureaux ne sont pas perquisitionnés.

Quelques semaines plus tard, les enquêteurs constatent d’étranges mouvements de fonds créditant 346.000 € en espèces sur cinq comptes de la famille Ammar, tous effectués par Simon, petit frère et salarié de « Zvi » Ammar. Il a, depuis, été mis en examen pour « recel d’objet de nature à faciliter la recherche de preuves » pour « avoir déplacé l’argent postérieurement au crime et de l’avoir déposé » en banque.

Me Gérard Bismuth, l’avocat de « Zvi » Ammar, ne conteste pas l’enchaînement des faits. Son interprétation diffère toutefois de ce que subodore la police. « Mon client n’a jamais nié avoir déplacé les sacs et a de lui-même parlé du carton écrit de la main de son frère, chargé des stocks et des espèces », affirme-t-il à France-Soir.

A l’écouter, le boss d’ISF, dont il réclame la nullité de la garde à vue effectuée, cet été, a remis une enveloppe à Olivier Plançon. A l’intérieur : quatre lettres de change de 820.000 € destinées à MIM, son fournisseur. Pas d’espèces, rien que des traites. Les sacs extraits à la hâte du véhicule de la victime ? « Dans la panique, M. Ammar n’a fait qu’aider Simon Roques », insiste Me Bismuth, soulignant qu’un contrôle fiscal n’a décelé « aucune anomalie comptable » dans l’activité de son client.

« Cheville ouvrière »

Soit. Mais le mobile du meurtre d’Olivier Plançon ne laisse pas d’intriguer. Troisième juge à hériter du dossier en trois ans, Pierre Philipon tente d’en démêler les contours sur la base du travail de Luc Fontaine, son prédécesseur. Outre les mises en examen prononcées contre trois des protagonistes subsiste une instruction pour « abus de biens sociaux » et « blanchiment en bande organisée », vierge pour l’instant de toute mise en examen. La veuve d’Olivier Plançon soutient pourtant mordicus devant les enquêteurs que son mari transportait souvent des espèces entre Marseille et Monaco, sommes, insiste-t-elle, susceptibles de « dépasser le prix d’une maison ».

Une version confirmée à France-Soir par Me Victor Gioia, l’avocat de la famille du cadre abattu. Outre la vente de baskets, le salarié de MIM « collectait des fonds en espèces », dit-il. Selon lui, Olivier Plançon, loin d’être « un nabab » – un appartement acheté, un salaire mensuel de 2.500 € –, a été « la cheville ouvrière d’un univers dont les méthodes l’ont probablement dépassé ».

Me Gioia s’étonne en outre de la lenteur de l’instruction. « Malgré la gravité des faits, la famille a le sentiment d’être en face d’un temple dressé pour le sommeil, résume-t-il. Comment comprendre qu’à ce jour aucun des principaux acteurs du dossier n’ait effectué de détention provisoire ? » Et le conseil de fustiger des « erreurs invraisemblables » dès l’origine de l’enquête, citant pêle-mêle « de tardives mises en examen », « l’absence de perquisition des locaux d’ISF », « des pièces à conviction non prises en compte » et « des prélèvements ADN opérés bien après la mort de la victime ».

Reçu par le juge Philipon, mercredi 9 février, avec ses clients, Me Gioia sollicite sans plus attendre l’audition d’Adnan Houdrouge, résident monégasque, ainsi qu’une confrontation entre tous les protagonistes de ce dossier à double fond.

Une curieuse entrevue…
A peine quatre heures après la mort brutale d’Olivier Plançon, son collègue, Simon Roques, fait l’objet d’un drôle de débriefing dans un Sofitel des quartiers Nord de Marseille. Faits qu’il a depuis confirmés sur PV devant les policiers. Après qu’il est sorti en urgence de l’hôpital, déclinant tout soutien psychologique, une voiture le conduit aussi sec à l’hôtel.

Dans l’une des chambres : Adnan Houdrouge, son patron, actionnaire majoritaire de MIM, arrivé de Suisse toutes affaires cessantes, Me Ellia Florent, le conseil de ce dernier, Jean-Pierre Deschamps, le secrétaire général de MIM, et… « Zvi » Ammar. Une drôle d’entrevue qui suscite l’étonnement des enquêteurs et de la famille de la victime. « Qu’avaient-ils bien à se dire de si pressé ? ironise Me Victor Gioia, le défenseur de la famille Plançon. Cette étrange rencontre prouve que M. Houdrouge peut parfaitement se rendre en France si nécessaire. »

Par Samy Mouhoubi France-Soir

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Valerie Stora

En tant que membre de la communauté juive de Marseille , je vous informe qu’un appel a été lancé pour demander la démission de Mr Ammar .En effet si il bénéficie de la présomption d’innocence ,il devrait protéger sa communauté en démissionnant de la présidence du consistoire.
Petition disponible sur le site « pétition publique .fr » mot clef consistoire.