IRAK
Les jihadistes de Daech ont renforcé leur présence à Boukamal, principale localité à la frontière irako-syrienne.

Des volontaires chiites pour aller combattre les jihadistes de Daech (État islamique en Irak et au Levant). Mohammad Sawaf/AFP

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a pour la première fois jugé nécessaire hier une solution politique qui irait de pair avec une action militaire pour faire face à l’offensive des insurgés sunnites qui menace le pays d’implosion.

« Nous devons avancer sur deux voies parallèles, la première réside dans les opérations militaires contre les terroristes et la seconde dans la poursuite du processus politique avec la réunion du Parlement à la date prévue pour élire un chef du Parlement et un président, et la formation d’un gouvernement », a déclaré M. Maliki qui s’exprimait lors d’un entretien avec le chef de la diplomatie britannique William Hague.

La visite de M. Hague à Bagdad est intervenue après celle de son homologue John Kerry, les États-Unis et leurs alliés s’employant depuis des jours à convaincre les dirigeants irakiens de tous bords de resserrer les rangs pour mettre en échec l’offensive lancée le 9 juin par des insurgés menés par les jihadistes de Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL). Jusque-là, M. Maliki disait vouloir régler par la seule voix militaire la crise. Le Parlement a été convoqué le 1er juillet, selon un communiqué de la présidence irakienne. Les déclarations de M. Maliki semblent trancher avec sa mise en garde la veille contre toute tentative de le marginaliser et sa dénonciation d’« un coup d’État à l’encontre de la Constitution et du processus politique ».

Par ailleurs, poursuivant sa mission sur l’Irak, M. Kerry s’est entretenu hier à Paris avec ses homologues jordanien, saoudien et émirati de la crise irakienne et de la menace jihadiste. Il doit se rendre aujourd’hui en Arabie saoudite. Aussi, les États-Unis ont indiqué hier s’opposer à toute intervention militaire de la Syrie dans la crise qui secoue l’Irak. De plus, depuis Washington, la porte-parole du département d’État a estimé que l’Iran pouvait « jouer un rôle constructif » en Irak si Téhéran « agissait véritablement pour promouvoir un gouvernement inclusif » et non en défendant les seuls intérêts chiites. En outre, le Sénat américain a confirmé hier la nomination de Stuart Jones pour diriger la plus grande ambassade américaine dans le monde, à Bagdad.

Barzani à Kirkouk

Sur le terrain, après leur débandade aux premiers jours de l’offensive, les forces de sécurité, aidées de volontaires et de tribus, peinent toujours à repousser la progression des insurgés, malgré une réussite hier avec la prise, selon des responsables, de l’université de Tikrit. Devant le retrait de l’armée de Kirkouk et de crainte d’un assaut des insurgés, les forces kurdes ont ainsi pour la première fois pris le contrôle de cette ville disputée où s’est rendu hier le président de la région autonome du Kurdistan Massoud Barzani. Il y a assuré que les forces kurdes « feront tout pour défendre » la ville. Parallèlement, après avoir mobilisé des milliers de ses partisans contre les insurgés, l’influent chef chiite Moqtada al-Sadr, un allié de l’Iran chiite, a promis de « faire trembler la terre sous les pieds de l’ignorance et de l’extrémisme ».

De plus, les jihadistes de Daech ont renforcé hier leur présence à Boukamal, principale localité à la frontière irako-syrienne, après l’allégeance à ce groupe par des jihadistes rivaux dans cette zone selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Des militants pro-Daech ont diffusé une vidéo sur YouTube montrant un grand convoi de voitures et de camions entrant dans la localité et portant le drapeau noir des jihadistes. Toutefois, ailleurs dans cette province, les combats continuaient de faire rage hier entre Daech et al-Nosra qui tente de défendre ses bastions.

Hier matin, les jihadistes ont également attaqué la ville de Mansouriyat al-Djabal, qui abrite quatre gisements gaziers au nord de Bagdad, dans la province de Diyala. Mais le ministère du Pétrole dément que les gisements soient passés aux mains des rebelles.

Enfin, un attentat-suicide contre un quartier chiite de Bagdad a fait au moins 19 morts hier.

« Combattre pour notre religion »
Enfin, dans la ville irakienne de Taza Khourmatou, des hommes, jeunes et moins jeunes, ajustent leurs armes et keffiehs : ces Turkmènes chiites ont pour mission de défendre leurs foyers face à l’avancée des insurgés sunnites. Adolescents, adultes, et même des vieux forment cette brigade armée de fusils d’assaut, mitrailleuses et quelques lance-roquettes, dans cette région au nord de Bagdad. Ils se présentent comme des combattants des Sahwa ou « Réveil », en référence à ces milices recrutées dans les tribus à partir de 2006 pour soutenir la lutte contre le réseau extrémiste el-Qaëda après l’invasion américaine du pays (2003-2011).

Depuis que Daech a attaqué la zone autour de Taza Khourmatou, s’emparant de Bachir, un village turkmène chiite situé à 5 km plus loin, les rangs de la Sahwa locale gonflent. « Nous voulons nous protéger face à la recrudescence du terrorisme », explique Amer Abou Qarar, 45 ans, qui dit « combattre pour notre pays et notre religion ». Sur le front entre Taza Khourmatou et Bachir, les Turkmènes patrouillent conjointement avec les
peshmergas. Publiquement, les deux camps proclament « une coopération à 100 % » mais leur alliance est précaire en raison des tensions de longue date entre Kurdes et turkmènes.

OLJ/Agences 27/06/2014

lorientlejour.com Article original

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