Photo : A.B.-J.
Plus d’une vingtaine de gendarmes, prévenus par la SNCF, attendaient sur le quai, ce train de la peur. Au total, quatre personnes ont été interpelléesDes centaines de voyageurs ont bien cru vivre, hier après-midi, un terrible remake de la soirée du 31 décembre 2005 (1). Un vent de panique a, en effet, soufflé sur le TER numéro 81 195 en provenance des Arcs et à destination de Nice. Terreur à bord quand une folle hystérie s’est emparée, vers 13 heures, de quelques-uns des soixante jeunes (âgés de 15 à 25 ans) montés en gare de Saint-Raphaël, afin de fêter la fin du ramadan rue Jean-Médecin.
Déchaînés, surexcités, ils ont mis le train à sac. Coups de pieds, coups de poing contre les portières, les sièges du train pour se mettre en jambe. Puis, ils ont profité de la pénombre d’un tunnel lors d’un arrêt de près d’une demi-heure – qu’ils ont peut-être d’ailleurs provoqué en tirant la sonnette d’alarme – pour monter encore en gamme. Déchaînement de violence contre le TER. Les vitres ont valsé.
Véritable frénésie
Heureusement, cette fois, contrairement à la triste Saint-Sylvestre de 2005, pas de violence physique, ni de vol à l’encontre des voyageurs. Du moins, selon les premiers éléments. « Nous n’avons, pour l’instant, été saisis d’aucune plainte en ce sens, confirme le capitaine Valot qui assurait le commandement de la compagnie de gendarmerie de Cannes ce week-end.
Une chose est sûre, agression ou pas, la frénésie de ces quelques jeunes a plongé le wagon dans l’angoisse. La demi-heure sous le tunnel a semblé une éternité. Visages blêmes quand le train est enfin arrivé en gare de Mandelieu-La Napoule. Une dame d’une soixantaine d’années n’osait plus dire un mot quand elle a été évacuée par les pompiers. Même la présence d’un copieux comité d’accueil ne parvenait pas à la rassurer…
Plus d’une vingtaine de gendarmes, prévenus par la SNCF, attendaient, en effet, sur le quai. Tous les accès à la gare ont été bloqués. Des contrôles d’identité ont alors été effectués dans les wagons. Quatre personnes ont ainsi été interpellées suite aux déclarations des passagers. Elles seront présentées à un juge.
Le ton monte en gare de Cannes
Mais ces fouilles ont duré et duré encore. De quoi provoquer un certain agacement chez une majorité de jeunes qui ont clamé haut et fort ne pas avoir participé aux débordements. Mais leur désespoir est resté sourd. Le train a été immobilisé durant plus de deux heures. Provoquant une cascade de retards sur la ligne Nice-Marseille.
Ce n’est finalement que vers 16 h 45 que le TER 81 195 a repris sa route. Mais c’était pour mieux s’immobiliser en gare de Cannes. Dans la cité des festivals, une vingtaine d’autres agents des forces de l’ordre avaient, en effet, reçu l’ordre de faire sortir les voyageurs victimes et de garder les insurgés à bord en attendant une décision de la préfecture. Celle-ci est tombée une vingtaine de minutes plus tard : retour à la case départ pour assurer le maintien de l’ordre public…
La fête de l’Aïd Al-Fitr à Nice venait de s’envoler. Le ton est aussitôt monté entre les jeunes et la police. Échanges de mots. Insultes. Mais pas ou peu d’échanges de coups. Ni à Cannes, ni à Saint-Raphaël quand le train a eu fini de revenir sur ses pas.
Dans le Var, les jeunes ont été dispersés. Mais la confusion ne s’est pas enraillée pour autant, car une vingtaine de personnes ont expliqué devoir rallier Nice à tout prix. Faisant valoir leur ticket payé cinq euros dans le cadre des Journées du Patrimoine, elles ont embarqué pour un improbable nouveau voyage. Un voyage sous bonne garde qui s’est conclu par une nouvelle fouille à Nice. Chacun a ensuite été pris en photo avant d’être relâché.
1. Dans la soirée de la Saint-Sylvestre, des bandes de jeunes excités auraient commis des dégradations et menacé des voyageurs. L’affaire avait défrayé la chronique. Six jeunes prévenus ont comparu en juin dernier, devant le tribunal correctionnel de Draguignan. Un seul a finalement été condamné à une peine de six mois de prison avec sursis.
Colette et Michel FINIFTER
comifi@finifter.com
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