La guerre est vraiment finie et le Hamas ne l’a pas emporté. Même la démarche politique de Benjamin Netanyahou ainsi que sa gestion quotidienne du conflit apparaissent sous un jour nettement plus favorable. Par Maurice-Ruben HAYOUN

Le Hamas fait semblant de se faire prier alors que ses arsenaux sont soit vides soit détruits, ses troupes décimées et son rival politique, le Fath de Ramallah a le vent en poupe. Certains commentateurs ont relevé avec raison que même si la démilitarisation de Gaza et le désarmement des terroristes (ce qui revient au même) restent pendant, en fait ils ont déjà commencé. On a sous-estimé l’action systématique de l’armée égyptienne qui a neutralisé des centaines de tunnels, privant ainsi ses ennemis jurés, les Frères musulmans de Gaza de ravitaillement, d’armes et de munitions. Si vous y ajoutez l’action israélienne avec sa destruction des autres tunnels et son blocus resserré, vous constatez que le Hamas ne pouvait plus se réapprovisionner. J’ajoute que les missiles tirés contre l’Etat juif n’ont pas pu être remplacés en raison de la neutralisation des canaux de communication. Il n’est donc pas déraisonnable de penser que le Hamas est non seulement affaibli mais considérablement privé de moyens militaire, surtout face à la machine de guerre d’Israël.

Alors, me direz vous, pourquoi donc les terroristes, devenus faibles et vulnérables, se font désirer en prolongeant la trêve au compte-goutte ? La réponse : on est au Proche Orient, sauver la face est plus important que gagner la guerre. Et puis il y a la nouvelle cohabitation entre frères ennemis qui se prépare : Abbas a incontestablement le vent en poupe et un indice ne trompe pas. Il se rend au Caire en fin de semaine et il ne ferait pas le voyager si les négociations n’avançaient pas ni pour jouer les utilités. C’est d’ailleurs la seule fausse note de B. Netanyahou mais elle s’explique aisément. Pendant des mois, le Premier Ministre a marginalisé le président palestinien et à présent il le veut à la tête de Gaza aussi… Ce n’est pas une conduite inconséquente, c’est tout simplement le désir d’Israël de contrarier l’unité palestinienne. Un peu comme Jean Genêt parlant de l’Allemagne et qui disait : j’aime tellement l’Allemagne que je suis heureux qu’il y en ait deux !

Que va t il se passer ? Je n’exclus pas que des éléments incontrôlables de Gaza tirent quelques roquettes contre Israël, je ne le souhaite pas mais cela peut arriver. Tsahal répliquera avec une telle violence que cela cessera sur le champ.

Mais voyons à présent ce qui peut changer (en mieux) pour les gens de Gaza si Abbas en prend enfin le contrôle, car, après tout, c’est lui qui a la légitimité et ses hommes n’en furent chassés que par un violent coup d’Etat.

Si Abbas et ses troupes, aidés par l’Union Européenne et l’Egypte, et surveillés de près par Tsahal prennent en main les points de passage, tout pourra y transiter à l’exception des armes. Donc la population civile se détournera du Hamas qui ne lui a apporté que les privations, la mort et les ravages. La mentalité changera. Les pécheurs pourront aller plus loin pour ramener dans leurs filets plus de poissons et non plus du menu fretin. Si l’Egypte assouplit vraiment sa politique, en vue de couper le Hamas de ses rares soutiens, elle permettra plus de transit entre elle et l’enclave palestinienne.

Bref, le Hamas vit ses derniers jours et devra se contenter de devenir un parti politique sans branche armée puisque Abbas et ses hommes, échaudés par ce qui leur était arrivé il y a quelques années, y regarderont à deux fois avant de permettre au Hamas de reprendre ses activités militaires.

Mais il y a une grande inconnue, ce sont les relations inter-palestiniennes : les hommes d’Abbas n’ont pas oublié les violences et les humiliations subies lors de la prise du pouvoir par le Hamas… Or, ils sont tenus à une certaine collaboration avec les services spéciaux israéliens qui, de toute manière, disposent, de relais sur place. On l’a bien vu lorsque le moindre chef du Djihad islamique sortait de sa cachette souterraine, il était neutralisé. Ce qui explique aussi que la direction politico-militaire de ce mouvement reste encore terrée sous l’hôpital Al-Shifa.

Cela me fait penser aux chapitres 13-14 du livre des Juges qui nous parlent des exploits de Samson. Ce jeune héros évoluait jadis dans cette même région de Gaza, dans la pentapole (Gaza, Ekron, Gat, Asdod et Ashkelon). Alors qu’il déambule avec ses parents, un lionceau s’avance vers eux et Samson le déchire comme un chevreau… Plus tard, le héros revient sur les liens et découvre que la carcasse du lion est habitée par une ruche d’abeilles dont il savoure le bon miel. Il dit alors une phrase devenue proverbiale : mé-az yatsa matok (= l’amer a donné le doux) Or, quoi de plus amer, de plus violent que le lion et quoi de plus doux que le miel ?

C’est la même chose ici : il a fallu une guerre pour qu’un accord soit en vue. Alors tous ces morts ne seront pas morts pour rien. Le cycle destruction-reconstruction s’arrêtera et peut-être la paix reviendra dans cette région si éprouvée…

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