Ou symptôme d’une crise bien plus profonde et répandue?

Depuis quelques jours, vous apercevez pour certains, sur votre fil d’actualité Facebook une photo du site de rencontres juif JDate accompagnée en statut d’un “Nanterre interdit l’étoile”, accusant la mairie francilienne d’avoir censuré une campagne publicitaire, la vérité est tout autre.Nous avions déjà pris nos distances avec cette affaire en publiant le démenti de la Mairie. Il semble que le publiciste ait simplement pris des précautions, suite à des déprédations contre le mobilier urbain, sur signalement de son personnel sur le terrain. Il n’en reste pas moins que cet antisémitisme déprédateur existe bien. Il ne s’agissait, donc, aucunement, d’une volonté municipale de mettre un frein à l’expression d’une judaïcité ou à des rencontres entre jeunes et moins jeunes.

Il n’y a pas eu de volonté d’ostracisation, mais décision, de la part du publiciste, d’éviter plus de dégradation matérielle. Cela dit, le cas particulier, cette fois, à Nanterre, pose une question d’ordre plus général : la « casse » n’est pas, en soi, un fait nouveau. Il suffit de se rendre ou de vivre dans certaines banlieues pour s’en apercevoir : y compris les boîtes aux lettres des résidents eux-mêmes, les abris-bus, les écoles, etc. peuvent subir ce genre d’atteintes, confinant, alors, ceux qui y restent, à la « ghettoïsation ».

Quand on en vient au droit des minorités, au sein de l’espace public, la législation dit que chacun peut s’y exprimer librement, sans marcher sur les pieds de l’autre minorité ou lui imposer sa vision du monde. De fait, le Judaïsme ne fait pas de prosélytisme, mais subit, parfois, souvent, un ensemble d’atteintes, contre lesquelles il doit défendre son droit à l’expression et à l’identité, le cas échéant.

Ce type de précédent conduit à des formes de sur-précautions, pouvant aller jusqu’à l’autocensure ou alors des mesures de sécurité drastiques, sans lesquelles le droit républicain n’est plus respecté.

Si donc, la Mairie a été interpellée, à tort ou à raison, dans cette affaire, c’est qu’il se passe, chez elle, -et pas seulement- un problème de veille et de sécurité, qui relève des comités locaux se chargeant de ces questions, avec les autres institutions et niveaux décisionnels, y compris par la prévention.

De même, nous ne partageons pas l’avis de certains articles tendant à retourner la responsabilité de l’incident, bien réel, constaté, sur le dos de la société qui le signale, à savoir JDate qui, en quelque sorte, aurait « crié au loup ». Celle-ci interpelle, déplore, mais n’incrimine pas telle ou telle municipalité ou tel publiciste. Cela dit, le problème demeure : la cohabitation est de moins en moins tolérée et le moindre signe juif reste la cible d’une focalisation et d’une agressivité démesurées. Le Conseil de l’Europe s’en inquiète, dans la déclaration suivante

Les responsables du site de rencontres ont adressé le 19 janvier un communiqué à plusieurs médias communautaires dans lequel ils reprochent à la mairie de Nanterre d’avoir censuré leur campagne publicitaire “sous le seul prétexte qu’elle comporte une étoile de David” et fait retirer unilatéralement les panneaux publicitaires installés dans la ville.

Contacté par Le Monde Juif .info, JC Decaux, le groupe industriel français spécialisé dans la publicité urbaine, qui gère la campagne publicitaire du site de rencontres juif, rejette catégoriquement les accusations portées contre la mairie de Nanterre et indique avoir de son propre pouvoir décisionnaire décider du retrait partiel de 18 affiches sur 100 avec 2 jours d’avance sur la campagne.

Thierry Courrault, directeur régional du groupe, précise avoir été saisi le 13 janvier par les équipes terrain “de vandalisme sur nos mobiliers urbains (tags de croix gammées, glaces cassées)“, “dans le contexte actuel très particulier et afin d’éviter une propagation de ce type d’acte”, il nous précise avoir pris “une décision d’exploitation et en aucun cas d’un positionnement ”.

S’il ressort de cette affaire que JDate a bien été victime d’actes antisémites sur quelques-unes de ses affiches, il est regrettable d’avoir accusé à tort de censure teintée d’antisémitisme, la ville de Nanterre, sans avoir préalablement pris contact avec les différents protagonistes de l’affaire. Ce type d’accusations dessert la lutte contre l’antisémitisme.

NDLR : Ne pas interpeller les niveaux concernés aurait, tout autant, desservi la nécessaire prise de conscience et la formulation du problème. Le problème existe à Nanterre, comme il se pose ailleurs, sous d’autres formes »>Article original

Eric Hazan – © Le Monde Juif .info Article original

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La «montée de l’antisémitisme» inquiète

Le Conseil de l’Europe se dit inquiet ce jeudi, de la montée du racisme envers les Juifs sur le Vieux Continent, plus de 70 ans après l’Holocauste.


Nils Muiznieks, commissaire aux droits de l’homme de l’organisation européenne est inquiet de la situation. (photo: AFP)

«Une hostilité profondément enracinée continue de menacer la sécurité et la dignité humaine des Juifs dans toute l’Europe», a déclaré sur son blog Nils Muiznieks, commissaire aux droits de l’homme de l’organisation européenne. Selon une étude menée dans huit pays européens en 2012, et citée par M. Muiznieks, 76% des personnes de confession juive estimaient que l’antisémitisme s’était aggravé dans leur pays au cours des cinq dernières années. Aujourd’hui, «les formes « modernes » d’antisémitisme sont nombreuses», a observé le commissaire, prenant comme exemple la multiplication des messages de haine sur les réseaux sociaux.

En juillet dernier, Twitter a fourni au parquet de Paris une liste qui doit permettre « d’identifier les utilisateurs qui avaient posté des messages antisémites sur le réseau social », a-t-il noté. À quelques jours de la journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah, prévue le 27 janvier, le commissaire invite les États à «s’attaquer à (ce) problème croissant sur Internet», en collectant «systématiquement les données» sur ces incidents, afin de «lutter activement» contre ces «manifestations de haine». Mais l’antisémitisme sévit aussi sous des formes «traditionnelles», ravivant «le terrible souvenir des politiques nazies », selon M. Muiznieks, qui évoque l’appel lancé par le Parlement hongrois il y a un peu plus d’un an afin de « recenser les Juifs représentant « une menace pour la sécurité nationale »».

Évoquant, sans le citer nommément, l’humoriste français Dieudonné, le commissaire aux Droits de l’homme se félicite que les propos de cet « ancien humoriste devenu militant » aient été condamnés par les autorités françaises. «Les autorités doivent se prémunir contre la banalisation de ces manifestations», note M. Muiznieks, notamment «au moyen d’actions éducatives qui consistent à enseigner l’Holocauste avec la plus grande rigueur historique».

( L’essentiel/AFP Article original)

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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