Une crise financière grave reste à craindre, l’austérité risque d’engendrer une forte récession qui pénaliserait les finances publiques déjà au plus mal.par Julien Toyer

BRUXELLES, 8 mai (Reuters) – L’Union européenne est en voie de se doter, avant l’ouverture des marchés financiers lundi matin, d’un mécanisme de gestion de crise de grande envergure susceptible de stabiliser durablement la zone euro.

Réunis à Bruxelles, les ministres des Finances des Vingt-Sept cherchent à formaliser ce plan dont les grandes lignes ont été définies dans la nuit de vendredi à samedi par les dirigeants de la zone euro et qui permettrait à la Commission européenne de s’endetter sur les marchés afin de venir an aide à un pays avec la garantie des Etats.

Selon plusieurs sources diplomatiques européennes, l’une des options les plus sérieusement envisagées serait de permettre à l’exécutif communautaire de constituer dans un premier temps un fonds d’environ 60 milliards d’euros qui serait utilisé comme collatéral pour émettre des prêts « intergouvernementaux » pour des montants largement supérieurs.

Ces prêts, qui seraient émis par la Commission elle-même où par les pays de la zone euro, bénéficieraient par ailleurs d’une seconde garantie, donnée par les Etats utilisant la monnaie unique ainsi qu’un soutien implicite de la BCE.
« Aujourd’hui, il s’agit de valider le premier outil, qui consiste d’une certaine manière à étendre la facilité d’aide à la balance des paiements aux pays de la zone euro », a expliqué l’une de ces sources.

« A très court terme, la Commission serait en mesure de lever 60 milliards d’euros sur les marchés financiers afin de mettre en place ce mécanisme. Ensuite, il y a différentes options sur la table. Il y a la possibilité d’utiliser de puissants effets de levier », a-t-il ajouté peu avant que ne s’ouvre la réunion.
Une autre source a suggéré qu’il était imaginable que ce dispositif permette de lever jusqu’à 10 fois plus que ces 60 milliards d’euros afin de venir en aide via des prêts européens à un pays en difficulté.

Les économistes estiment que pas moins de 500 milliards d’euros seraient nécessaires le cas échéant pour sauver l’Espagne, le Portugal et l’Irlande.

PAS D’OBJECTION BRITANNIQUE

Ce mécanisme en deux temps fait déjà l’objet d’un accord entre les pays de la zone euro, qui ont décidé de le faire reposer juridiquement sur l’article 122-2 du traité.

Cet article prévoit que « lorsqu’un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l’Union à l’État membre concerné ».
Il doit cependant désormais être endossé par l’ensemble des Vingt-Sept, dont la Grande-Bretagne.

A son arrivée à Bruxelles, le ministre des Finances, Alistair Darling, a déclaré que la responsabilité de soutenir la zone euro reposait d’abord sur ses membres mais que la Grande-Bretagne avait clairement intérêt à ce que tout soit fait en Europe pour stabiliser la situation.

Plusieurs sources ont ensuite expliqué que Londres n’avait pas d’objections de fond sur ce double mécanisme.
« Les Britanniques n’ont aucun problème sur le premier point. Ils considèrent qu’ils ont un intérêt réel à ce que la stabilité de la zone euro soit assurée », a dit l’une d’entre elles.
« Sur le second, ils ne sont pas directement concernés et veulent simplement obtenir des détails sur les éventuelles implications indirectes », a-t-elle ajouté.
Côté allemand, où la seule évocation de ce type de dispositif était encore taboue il y a quelques jours, on estime qu’il est désormais trop tard pour revenir en arrière et le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, cherchera simplement à arracher dimanche qu’une limite à ce mécanisme soit précisée.
Angela Merkel s’est à nouveau entretenue au téléphone, pour la deuxième fois en trois jours, avec Barack Obama.

« Ils ont discuté de l’importance que les membres de l’Union européenne prennent des mesures résolues pour ramener la confiance sur les marchés », a dit un porte-parole de la Maison blanche après l’entretien.

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