Une trentaine de pays sont réunis, lundi 15 septembre, à Paris pour décider des moyens à mettre en œuvre dans la lutte contre l’Etat islamique, deux jours après que le mouvement djihadiste sunnite a revendiqué dans une vidéo l’assassinat d’un troisième otage occidental. Une annonce qui confère une forme d’urgence à ce rendez-vous international
Pour les Etats-Unis, l’EI, qui sévit actuellement en Irak et en Syrie, est « plus qu’un groupe terroriste ». Comme le résume le secrétaire américain à la défense, Chuck Hagel, il « allie idéologie et sophistication militaire. Il est incroyablement bien financé. Cela va au-delà de tout ce qu’il nous a été donné de voir. »

Quelles sont les origines de l’Etat islamique ?

C’est dans l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003 que l’organisation connue aujourd’hui sous le nom d’Etat islamique trouve ses racines. Le Jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui en est vraisemblablement à l’origine lorsqu’il réunit autour de son mouvement Tawhid wal Djihad des combattants venus lutter dans le pays pour chasser les Américains, mais aussi ceux qu’il perçoit comme leurs alliés, les chiites irakiens.

Dès 2004, le sunnite prend la tête de la branche locale d’Al-Qaida. En 2007, un an après sa mort, le mouvement djihadiste prend pour appellation l’Etat islamique en Irak (EII). Affaibli par l’offensive américaine, celui-ci bénéficie d’un nouvel élan en 2010 avec l’arrivée à sa tête d’Abou Bakr Al-Baghdadi.

En avril 2013, l’EII s’émancipe de la nébuleuse Al-Qaida et annonce sa fusion avec le Front Al-Nosra, groupe djihadiste présent en Syrie, pour devenir l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Mais Al-Nosra refuse cette alliance, et les deux groupes s’engagent dans une guerre fratricide. Néanmoins, comme le souligne Christophe Ayad, chef du service international du Monde : « Face à une menace extérieure, ils se retrouveront sans problème. On observe d’ailleurs le ralliement de certains groupes d’Al-Nosra à l’EI depuis les victoires de ce dernier en Irak. »

Quel est son objectif ?

Comme le nom du groupe djihadiste le suggère, son objectif prioritaire – territorial – est la création d’un califat. En d’autres termes, il souhaite la mise en place d’un Etat gouverné par un chef politique et religieux unique, ici Abou Bakr Al-Baghdadi, selon la loi islamique, la charia. Le 29 juin, l’EI a proclamé le rétablissement de ce dernier dans les zones de Syrie et d’Irak qu’il contrôle, détruisant notamment à coup de bulldozers la frontière irako-syrienne. C’est à ce moment que l’Etat islamique en Irak et au Levant a officiellement pris le nom d’Etat islamique.

Même s’il est actuellement limité à une partie de l’Irak et de la Syrie, le groupe a promis de « briser les frontières » de la Jordanie et du Liban et de « libérer la Palestine ». Ainsi, l’actuel djihad local pourrait s’étendre plus largement, y compris à l’Occident. Le porte-parole de l’Etat islamique, Abou Mosa, a par ailleurs expliqué à Medyan Dairieh, journaliste pour le magazine américain Vice : « Si Dieu le veut, (…) nous lèverons le drapeau d’Allah sur la Maison Blanche. »

Combien d’hommes compte-t-il dans ses rangs ?

Il est extrêmement compliqué de déterminer le nombre de combattants enrôlés au sein de l’Etat islamique. La première difficulté réside dans le décompte des véritables membres de l’EI et de ses alliés ou sympathisants. Ainsi, en Irak, d’anciens membres du régime baasiste se sont alliés aux djihadistes dans la lutte contre le régime actuel. Selon des experts du renseignement, cités par le New York Times, « entre 10 000 et 17 000 combattants » seraient actuellement « affiliés à l’EI ».

Mais cette estimation est considérée comme basse par d’autres spécialistes, qui évoquent une montée en puissance depuis l’offensive de juin. « Avant la prise de Mossoul, l’EI comptait environ 20 000 hommes, en Syrie et en Irak, expliquait fin juillet dans La Croix Romain Caillet, chercheur et consultant en affaires islamiques, installé au Liban. Etant donné qu’il a libéré de nombreux prisonniers et qu’il a bénéficié de ralliements, il a sans doute environ 25 000 hommes à l’heure actuelle. »

La CIA estime quant à elle que le groupe djihadiste compte quelque 31 000 combattants en Irak et en Syrie. Une des plus grandes craintes des observateurs réside par ailleurs dans la forte capacité de recrutement de l’EI, tant dans les zones conquises qu’à l’étranger

Quelles sont ses sources de financement ?

L’Etat islamique est souvent présenté comme le groupe terroriste le plus riche du monde. Il revendique une fortune de près de deux milliards de dollars, soit 1,2 milliard d’euros rapporte The Guradian. Dans un premier temps, les dons des pays du Golfe auraient été sa principale source de financement, selon les accusations des autorités irakiennes.

Aujourd’hui, l’EI est largement autofinancé. Ses ressources proviennent avant tout du racket (une forme d’impôt révolutionnaire) dans les zones qu’il contrôle en Irak. Puis de la saisie de puits pétroliers et du pillage des territoires conquis. Il a par ailleurs pu aussi bénéficier de l’argent des rançons versées pour libérer des otages.

Le groupe sunnite ultraradical a fait de la guerre des images l’un des pivots de sa stratégie de conquête. Depuis plus d’un an, l’EI a peaufiné sa stratégie de communication et se révèle particulièrement présent sur Internet. L’organisation a même développé des techniques pour contourner les blocages de ses contenus imposés par certains réseaux sociaux.
C’est par ce biais qu’il a diffusé les vidéos montrant l’assassinat des trois otages occidentaux, des images qui occupent une place stratégique dans la campagne de propagande macabre à laquelle se livrent les djihadistes.

Ils jouent notamment sur une mise en scène esthétique de la violence destinée à frapper les esprits, que ce soit pour recruter des sympathisants ou pour effrayer leurs ennemis. Cette stratégie de communication repose ainsi également sur des clips qui mettent en avant les actions des combattants sur le terrain, glorifiant la ferveur et la détermination des militants qui sont prêts à mourir en martyrs. L’EI dispose d’ailleurs d’un label officiel, Al-Furqan Media Production, qui fait de la production vidéo.

[Le Monde.fr

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