Les dirigeants actuels des Consistoires se bercent d’illusions : parce qu’ils s’agitent dans tous les sens, parce qu’ils sont omniprésents dans toutes les cérémonies, parce qu’ils communiquent à propos de tout et de rien, et parce qu’une presse acquise leur renvoie le miroir de leurs faits et gestes, ils s’imaginent naïvement qu’ils œuvrent pour la CommunautéLe Consistoire se concentre sur un clientélisme qui est aveuglé par toutes ces apparences, et ceux qui n’approuvent rien de cette fièvre en campagne électorale permanente, finissent par se démobiliser devant cette situation qui dissimule une vacuité totale.

La dernière assemblée générale du Consistoire de Paris est à l’image de cette prise en mains du pouvoir en place : on fait venir d’illustres inconnus, voire des parents, on présente des comptes financiers à faire frémir, on hurle, on crie, c’est le grand bazar, un vrai désordre!

On cherche vainement un message responsable, un authentique programme, loin de tout populisme qui rabâche les sempiternelles questions qui agitent la Communauté : les craintes, l’insécurité, l’antisémitisme, l’identité juive, l’alyah, l’unité, la solidarité, et tous les autres thèmes bien connus, à commencer par le traditionnel «chalom» .

Les véritables problèmes qui agitent en ce moment nos coreligionnaires ne sont pas traités pour « ne pas fâcher », alors que chacun voudrait connaitre la position du Consistoire sur l’implication des femmes dans la vie communautaire, sur la situation des femmes désespérées qui attendent leur « guet », sur les difficultés du vivre ensemble, etc.

On voudrait des dirigeants qui prennent du champ et qui définissent une ligne de conduite pour l’avenir. On cherche une politique, elle est inexistante.

On cherche une vision en harmonie avec les préoccupations de chacun, elle est inexistante. Quelle orientation pour l’avenir ? Il n’y a pas de cap, puisque la gouvernance vit au jour le jour.

L’ambitieux projet de fusion entre le Consistoires de Paris et le Consistoire Central est la fausse bonne idée, puisqu’il ne résout rien et est porteur de conflits en perspective.

Le Consistoire doit comprendre qu’il a, malheureusement, cessé d’être le centre de la vie juive religieuse.

Il est non seulement concurrencé par les autres mouvements orthodoxes, notamment loubavitch, mais aussi par des courants de sensibilité multiples, allant du libéral à l’ultra-orthodoxe.

Cette diversité se manifeste dans tous les domaines : des dizaines de lieux de culte non consistoriaux, une cacherout multiforme, et surtout une grande voix rabbinique absente.

Il est grand temps que nos coreligionnaires prennent conscience de cette perte des valeurs qui ont bâti la réputation de l’institution et que ceux qui s’attachent encore à ces dernières, se mobilisent pour restaurer une image qui se dégrade de jour en jour.

Moïse Cohen

Communauté de La Varenne

Laurent Kern

Communauté de Neuilly s/Seine

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Ruth

Enfin des paroles claires et courageuses de la part de personnes qui se revendiquent tout autant les valeurs qui fondent le Judaisme. Il était temps car ceux qui travaillent dans le cadre ou autours de ces instances soit en profitent avec les autres, soit en paient un lourd tribut car ils connaissent depuis toujours ces vacuités vanités ainsi décrites et que eux font le travail comme des sbires, en coulisse, dans le silence et sa pathologie.
Mais même leurs travaux sont sabotés sans vergogne. C’est pourqoi, je me permets de vous dire à titre personnel, que ces gens qui font semblant de tout savoir sont épuisants au sens plein du terme.
Vous indiquez:
« On cherche une vision en harmonie avec les préoccupations de chacun, elle est inexistante. Quelle orientation pour l’avenir ? Il n’y a pas de cap, puisque la gouvernance vit au jour le jour. »
Ce constat d’absence résulte d’un autre constat: l’absence de compétence qui est facilement démontrable. A titre d’exemple, sortir les CV!
Cette réalité ne date pas d’hier mais avec l’éloignement de beaucoup, ceux qui se sont installés, plaçant enfant, proche, beau-frères etc, tous persuadés que leur place est normale, donc en plus de ces abus aucun effort, ce qui est aussi logique lorsqu’il n’y a aucune compétence.
Bref, je me permets au moins 2 considérations:
1. Exercice de lucidité n°1: comprendre que ce qui a été produit depuis plusieurs décennies ne pourra changer avec les mêmes personnes en poste. La lucidité, le travail sont une compétence basé sur des études et des expériences dans le cadre de la société civile et non juste une pseudo-volonté;
2. Exercice de lucidité n°2: reprendre calmement le livre de Hanna Arendt dans « Eichmann à Jérusalem » et s’en tenir aux faits rapportés quant aux compromissions des représentants ( elles aussi sans doute aussi par bonne volonté à la mesure de la maladresse et bien plus). D’autres articles ici et là, ont l’espace de quelques lignes abordés les attitudes des représentants de tous bords, ( qui banquier, qui journaliste, qui chef de communauté) pensant les uns et les autres, que l’argent extoriquée, la législation d’exception, les collaborations et « politiques « iniques permettront de trouver la paix dans une société civile qui clairement remet en cause les égalités.
Ce qui importe n’est pas que Hanna Arendt, soit philosophe, mais son certain sens pratique et humain l’a conduit à rapporter ce qui avait été dit à ce sujet. ( sans la considérer comme parfaite, loin de là) A l’époque, l’urgence de juger un nazi était trop prééminente pour que cette question soit posée au même moment.
Désormais, il est temps. Donc pardonner le caractère direct de mes propos ainsi lancés, mais souffrons d’entendre que la représentativité doit être abordée sous trois jours, l’urgence, la compétence et la créativité.