Les programmes du PS et du Front de gauche divergent, sur le ton comme sur le fond.

Pourtant, François Hollande aura besoin du réservoir de voix de Jean-Luc Mélenchon pour être élu président.

Analyse.
Crédité de 13% à 17% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon s’est imposé durant la campagne comme le deuxième homme fort de la gauche.

Une gauche radicale, avec laquelle François Hollande, grand favori des sondages, va devoir compter s’il est élu, quoi qu’il en dise.

Le candidat socialiste assure en effet qu’il ne transigera pas sur son programme et que ceux qui voudront le rallier devront faire avec.

En réalité, le candidat socialiste, a déjà « gauchisé » son programme depuis la montée en puissance de son rival du Front de gauche.

C’est ainsi que l’on peut comprendre la proposition surprise de taxer à 75% sur les revenus supérieurs à un million d’euros annuels – cela ne figure pas dans les 60 propositions présentées en janvier.

Ou encore le coup de pouce au Smic annoncé cette semaine – François Hollande avait initialement conditionné la revalorisation du Smic au retour de la croissance.

On est cependant encore loin des propositions de Jean-Luc Mélenchon, qui veut taxer à 100% les revenus de plus de 360.000 euros et faire passer le salaire minimum à 1700 euros.

D’ailleurs, s’il y a certes des convergences – dans la volonté de lutter la toute-puissance de la finance, d’encadrer les hauts revenus, de taxer les riches ou encore dans la priorité donnée au logement social -, les programmes du PS et du Front de gauche divergent profondément.

Alors que la quasi-totalité des 60 propositions de François Hollande sont marquées par une certaine retenue et un réalisme temporel, le programme économique de Jean-Luc Mélenchon est interventionniste et volontariste.

Ainsi, alors que le Front de Gauche plaide pour un retour aux 35 heures effectives, sans annualisation possible, le PS se contente de vouloir supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires.

François Hollande s’insurge contre les rémunérations excessives des patrons, mais sait qu’il ne peut encadrer les salaires que dans les entreprises publiques, alors que Jean-Luc Mélenchon veut fixer un plafond équivalent à 20 fois le salaire médian, dans le privé comme dans le public.

Autre divergence: la retraite à 60 ans pour tous et à taux plein, prônée par le Front de gauche, alors que le PS reconnaît le droit à partir à cet âge pour ceux qui ont cotisé les 41,5 annuités demandées.

Irréconciliables sur les finances publiques

François Hollande promet aussi de mettre fin à la règle de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, et de créer 60 000 postes dans l’éducation nationale, mais il ne dit rien sur les 800.000 précaires de la fonction publique que Mélenchon veut titulariser.

Pas question non plus pour le PS de nationaliser EDF, Areva, Total, etc. pour créer un pôle public de l’énergie.

Et si François Hollande est déterminé à renégocier le pacte fiscal européen, pour y ajouter un volet sur la croissance, il ne convoquera certainement pas le référendum sur l’Europe qu’appelle Jean-Luc Mélenchon de ses voeux, le traumatisme du « non » à la constitution européenne en 2005 ayant laissé des traces.

Mais ce qui rend les deux programmes vraiment irréconciliables, ce sont les finances publiques.

François Hollande tient à son objectif de ramener le déficit public à 3% du PIB en 2013 et à l’équilibre en 2017, il assume une certaine rigueur, alors que Jean-Luc Mélenchon n’a que faire des exigences de Bruxelles.

Son programme, basé sur la relance, prévoit entre 100 et 200 milliards d’euros de dépenses nouvelles.

Le PS assume lui 20 milliards de dépenses nouvelles, à coût neutre puisqu’il assure avoir prévu de nouvelles recettes pour les financer.

Pour toutes ces raisons, François Hollande ne concèdera rien, ou très peu, à son ami (ennemi?) de trente ans.

Peut-être trouveront-ils un terrain d’accord sur la création d’un pôle public bancaire pour les PME, ou encore sur la modulation des cotisations patronales en fonction de la politique d’embauche de l’entreprise.

Peut-être aussi Jean-Luc Mélenchon va-t-il peser sur le choix du Premier ministre si Hollande est élu – un vote Mélenchon élevé renforce les chances de Martine Aubry.

Le leader du Front de gauche n’en attend d’ailleurs peut-être pas tant.

Etre dans l’opposition à gauche de la gauche au pouvoir peut en effet lui permettre de prendre son envol politique en vue de 2017.

Emilie Lévêque / L’Expansion-L’Express.fr Article original

Elections Présidentielles 2012 Mélenchon Hollande SMIC Retraites Salaires

Social Front de Gauche PS PME PIB Budget Déficit Finances Publiques

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
yacotito

A chaque élection en France, on voit apparaitre des charmeurs de serpents.

La plèbe est très sensible à leurs arguments de comptoir surtout quand la presse s’en mêle pour gonfler leur audience, inconsciente des conséquences dramatiques pour la France qu’aurait l’accession au pouvoir d’un candidat avec de telles idées.

Espérons que la presse n’ait pas réussi son coup, que ce personnage passera vite aux oubliettes de l’histoire, nous évitant ainsi le coup de grace.