Le thème de la Parashah est celui de la liturgie de la Kaparah, de l’expiation, du jour de Kippour. Le terme de Kaparah a d’abord deux sens fondamentaux en hébreu. C’est d’abord l’expiation et c’est ensuite le pardon. Ces deux sens sont intimement liés dans la racine hébraïque.

Étymologiquement la racine hébraïque Lekhaper signifie « recouvrir ». La notion qui apparait là est qu’il y a une liturgie qui permet de recouvrir la faute, de la cacher. Et c’est le début de cette liturgie, et ensuite comme nous le verrons dans le texte, de s’en purifier, et d’évacuer toute trace de ce qu’a pu être l’atteinte de quelque faute que ce soit qui aurait été faite dans le courant de l’année avant le jour de Kippour.

 

Un des principes de cette étude c’est le fait que cette liturgie de l’expiation du jour de Kippour est collective. Cela veut dire qu’au-delà de la notion de responsabilité individuelle apparait la notion d’une conduite, d’un comportement, par rapport à la faute et au repentir qui est d’ordre collectif.

Il y a dans l’identité de chaque membre du peuple d’Israël par rapport à notre sujet, deux niveaux qui sont étroitement liés et qui s’identifie dans la personne de chacun, mais que pour l’étude de ce problème je vais essayer de distinguer :

D’une part, il y a le niveau de l’identité strictement individuelle que chacun est seul à être, et à vivre et à pouvoir effectuer. Et d’autre part, il y a le niveau de notre insertion individuelle à l’identité collective d’Israël.

Nous l’avons étudié dans différentes dimensions, je n’y reviendrais pas en détail mais j’en rappelle le principe. Or, ce qui est frappant c’est que les textes de la liturgie que nous allons étudier mettent l’accent sur le fait que cette liturgie de l’expiation est essentiellement d’ordre collective.

Le point qui nous avait le plus frappé, c’est que tout ceci dépend et est relié à la conduite du repentir. C’est la notion de la Teshouvah : on se situe essentiellement dans Asseret Yemei Teshouvah – עשרת ימי תשובה – qui sont entre Rosh Hashana et Kippour.

La Teshouvah que l’on traduit donc par le repentir qui est une condition sine qua non de la possibilité de l’expiation et donc du pardon. Il y a donc un lien très étroit que nous allons d’ailleurs étudier avec un verset très précis de notre Parashah.

Et le fait qui nous était apparu : par rapport à cette possibilité de cette Teshouvah et donc de l’expiation, et donc du pardon, et cet ensemble permet le fait que la Torah puisse être reçue, la tradition de la Torah, c’est que le salut de l’homme dépend de la conduite par rapport à la loi morale. Ceci ne peut fonctionner, être basé, avoir une effectivité, que si l’expiation des fautes est possible. Nous avons vu que le ‘Hidoush de la Torah à ce sujet c’est que la Teshouvah soit possible.

Je résume ce point :

Nous avons vu que pour la pensée naturelle, pour la conscience naturelle – et c’est le cas fondamentalement pour toutes les traditions en dehors de la la tradition de la Torah et de la révélation prophétique hébraïque – la notion de Teshouvah est invraisemblable et impensable et ne peut être vécue, effectuée.

Depuis que la Torah a été révélée, depuis que l’enseignement de la Bible en général et pas seulement à travers le judaïsme mais à travers tout ce que l’histoire de la révélation elle-même depuis le temps des hébreux, a eu une influence sur la culture universelle, alors on trouve en dehors d’Israël les catégories du repentir, mais c’est par le fait qu’on l’a reçu de la révélation biblique.

Il y a un ‘Hidoush de l’enseignement de la Torah que la Teshouvah est possible.

Et la pensée naturelle, pour des raisons que nous avons étudié en détail ne connait pas cette notion. C’est la raison pour laquelle le judaïsme est la seule tradition pour qui le salut religieux et le problème moral sont étroitement liés.

Le ‘Hidoush de la Torah par rapport au problème de l’expiation et du pardon c’est que le repentir soit possible.

La caractéristique du judaïsme comme religion et comme liturgie par rapport à toutes les autres religions, y compris celles qui se réclament de la Torah elle-même – je pense au christianisme d’un côté dans toutes ses nuances et à l’islam de l’autre dans toutes les siennes – ne comportent pas cette définition que le salut religieux de la créature dépende de la conduite morale. Il y a une tout autre stratégie religieuse et spirituelle qui vise ce que l’on appelle le salut.

Cela ne signifie pas que dans ces religions les hommes de piété soient immoraux, en dehors du souci moral. Mais le souci moral pour eux ne s’identifie pas du tout avec le problème du salut religieux. C’est relié je dirais en parlant essentiellement de la tradition chrétienne, je pourrais vous citer de grands ecclésiastiques qui le disent en clair et en cela ils sont chrétiens essentiels, la théologie dans la tradition chrétienne ne se base pas du tout dans la définition du salut sur le problème moral. Cela ne signifie pas que le chrétien soit immoral, mais que sa préoccupation du salut est a-morale, en dehors du souci de la moralité. C’est un sujet pour lui-même.

Nous allons étudier un premier texte sur un des versets de notre Parashah qui va montrer à quel point la tradition talmudique a tenu à mettre en évidence cette notion que je résume maintenant.

=> D’une part, l’expiation ne peut pas se borner à être individuelle, mais il y a une nécessité de liturgie de l’expiation à l’échelle collective.

=> Et d’autre part, il y a un ‘Hidoush, quelque chose de nouveau qui apparait dans l’expérience religieuse dont les grands intitiés des générations passées, auxquelles la Torah fait allusion dans son récit des généalogies depuis le premier homme, avaient intuition et pressentiment, mais c’est une révélation de la loi de Moïse que la Teshouvah est possible.

A’harei Mot Chapitre 16 verset 21 :

A un certain moment du détail de la liturgie de l’expiation du jour de Kippour, et il s’agit de la cérémonie du sacrifice du bouc émissaire « Saïr laAzazel » (dont la traduction de bouc émissaire est pleine d’implication d’antisémitisme dans la littérature des nations lorsqu’elle parle d’Israël, considérée comme le bouc émissaire de l’humanité).

Le grand prêtre ici va imposer ses deux mains sur la tête du bouc vivant.

Il y avait deux boucs, l’un est envoyé au désert, et l’autre qui reste vivant et est sacrifié dans le camp. C’est la cérémonie de la Smikhah. Le grand-prêtre au nom de la collectivité d’Israël va imposer ses mains sur le Saïr, le bouc.

16:21

וְסָמַךְ אַהֲרֹן אֶת-שְׁתֵּי יָדָו, עַל רֹאשׁ הַשָּׂעִיר הַחַי, וְהִתְוַדָּה עָלָיו אֶת-כָּל-עֲו‍ֹנֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאֶת-כָּל-פִּשְׁעֵיהֶם לְכָל-חַטֹּאתָם; וְנָתַן אֹתָם עַל-רֹאשׁ הַשָּׂעִיר, וְשִׁלַּח בְּיַד-אִישׁ עִתִּי הַמִּדְבָּרָה

Vesamach Aharon et-shtey yadav al-rosh hasa’ir hachay

vehitvadah alav

et-kol-avonot beney Yisra’el ve’et-kol-pish’eyhem lechol-chatotam venatan otam al-rosh hasa’ir veshilach beyad-ish iti hamidbarah.

Et Aharon imposera ses deux mains sur la tëte du bouc vivant

Et il confessera sur lui

J’emploie intentionnellement le terme de confession – Lehitvadot cela veut dire se confesser, avouer ses fautes – c’est la liturgie de la confession. Je suppose que vous êtes un peu choqués d’entendre ce terme classique du vocabulaire chrétien, mais j’y reviendrais tout à l’heure pour rappeller qu’il y a dans la liturgie chrétienne énormément de choses imitées du judaïsme.

Et ce n’est pas une raison parce que les Goyim nous ont emprunté un certain nombre de valeurs qu’il faut s’en mutiler. Et le terme de Vidouï qui se traduit littéralement par « l’aveu » renvoie au verbe Lehitvadot qui signifie non seulement « avouer » de façon précise le contenu de la faute qui a été faite, mais le comportement de l’aveu c’est effectivement « la confession ». C’est-à-dire avoir le courage d’exprimer et de confesser ce qu’a été la faute commise et pour laquelle on demande réparation et expiation. C’est ce mot de Véhitvadah Alav.

אֶת-כָּל-עֲו‍ֹנֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאֶת-כָּל-פִּשְׁעֵיהֶם לְכָל-חַטֹּאתָם; וְנָתַן אֹתָם עַל-רֹאשׁ הַשָּׂעִיר, וְשִׁלַּח בְּיַד-אִישׁ עִתִּי הַמִּדְבָּרָה

et-kol-avonot beney Yisra’el

pour toutes les fautes des enfants d’israël

ve’et-kol-pish’eyhem

pour tous leurs péchés

lechol-chatotam

pour tous leurs péchés-fautes

venatan otam al-rosh hasa’ir

veshilach beyad-ish iti hamidbarah.

Et ils les projettera sur la tête de ce bouc

Et l’enverra dans les mains d’un homme en direction du désert.

A propos de l’expression vehitvadah:

Notez déjà que cela signifie déjà qu’aucune liturgie de l’expiation ne peut être effective, efficace, dans le pardon corollaire, s’il n’y a aveu – Vidouï.

Un des exposés de la semaine a étudié cette question à travers l’enseignement de Maïmonide. Il met bien en évidence que l’essentiel de la Teshouvah c’est le Vidouï.

Au point que Maïmonide ne considère pas que le comportement de Teshouvah soit en lui-même une Mitsvah, c’est-à-dire que la Torah ne donne pas obligation de de se repentir, mais que la Torah oblige et institue que lorsqu’il y a repentir il y a obligation – Mitsvah – d’avouer la faute, sinon le repentir n’est pas autentifié.

Maïmonide considère que le comportement du repentir revient à l’homme de bonne volonté. Et le comportement de repentir est relié à l’homme que la Torah appelle Tsadik. Or, on considère que seul le Tsadik a en fait une faute. Que signifie ce terme de Tsadik dans cette expression ?

Il n’y a véritablement « faute » dans le signe strict de ’Heth (qui est d’abord le sens fondamental, les termes de Pésha et Avon sont plus spécifiés) que pour celui qui a reconnu l’autorité de la loi comme telle. C’est cela la définition du Tsadik.

Le Tsadik est celui dont l’attitude systématique de la volonté est de préférer se conduire d’après la loi plutôt que contre elle. C’est celui dont la volonté préfère systématiquement le bien au mal. Et le Tsadik éclairé par la révélation connait la table des valeurs, pour nous c’est la Torah, et par conséquent le Tsadik est celui qui est sensible à l’autorité de la Torah.

De lui on dit qu’il y a une faute quand il y a une faute. Quelqu’un qui n’est pas Tsadik dans ce sens fondamental est hors-la-loi, dans une conduite de perversion, ce qui est autre chose, c’est pire d’un certain point de vue. Il n’y a pas faute dans le sens strict. Il n’y a de faute que par rapport à une conscience qui a été sensible à l’autorité de la loi.

Et par conséquent selon Maïmonide s’il en est ainsi et s’il s’agit d’un Tsadik, alors la Torah n’a pas à plaider comme obligation de se repentir s’il y a faute parce que c’est la conduite naturelle du Tsadik. On peut faire confiance au Tsadik que s’il y a eu faute sa conscience ne le laissera pas en paix tant que lui-même ne se repentira pas.

Le grand principe de Maïmonide par rapport à ces catégories et sujets, c’est que tout ce qui est comportement naturel n’est pas objet d’obligation de la loi.

 

Devarim-haazinou 33:2

 

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וַיֹּאמַר, יְהוָה מִסִּינַי בָּא וְזָרַח מִשֵּׂעִיר לָמוֹ–הוֹפִיעַ מֵהַר פָּארָן

Vayomar Adonay miSinay ba vezarach miSe’ir lamo hofia mehar Paran

Il (Moïse)dit: « L’Éternel est apparu du haut du Sinaï, a brillé sur le Séir, pour eux! S’est révélé sur le mont Pharan…

 Et la question posée à partir de la Guemara de Avoda Zara 3 :

Dieu savait très bien que les Goyim ne sont pas Israël et qu’ils n’ont pas la catégorie de la Teshouvah et donc qu’ils ne peuvent pas recevoir la Torah ! Ils ne peuvent pas confier leur sort à ce risque qu’à la première faute ils seraient damnés, puisqu’ils ne maîtrisent pas la catégorie de la Teshouvah. Ils ont donc peur de la loi. Vous voyez pourquoi la loi chez les Goyim a un tout autre sens que celui qu’elle a en Israël. La loi en Israël, la Torah, est la clause du salut. Alors que pour les Goyim la clause du salut repose sur des stratégies religieuses, en général magiques par rapport à notre conscience hébraïque. Il n’y a qu’à voir le christianisme et par quelle stratégie magique les chrétiens sont sauvés.

Une stratégie d’ailleurs épouvantable. Il faut communier avec le plus grand crime qu’il puisse y avoir au monde : le père qui tue son fils ! Et quel père et quel fils ? Dieu le père et Israël !

Tout cela par impossibilité d’admettre la tradition juive normale que c’est par la Torah qu’on est sauvé. Pourquoi ? Parce qu’il manque la catégorie de la Téshouvah !

La notion de la loi chez les Goyim existe et est importante,  mais c’est le Derekh Erets en hébreu. La politesse dans son sens grec. La conduite dans la polis, la vie dans la cité. La civilité, la politesse, la convivialité. C’est cela la loi chez les Goyim cité. Les normes (norma en latin, nomos en grec) ce sont les coutumes. Les coutumes érigées en légalité. Alors que pour Israël, la Torah est la loi révélée par le Créateur pour le salut de la créature.  Ce qui différencie Israël des autres dans ce problème c’est la catégorie de la Teshouvah.

C’est pourquoi j’ai voulu mettre en évidence ce verset et la citation du Yéroushalmi:

lorsque Moïse entend que le Vidouï est possible alors il chante Mizmor Létodah. Cela veut dire qu’il y a un ’Hidoush qui se passe dans le monde à ce niveau.

Je vais vous citer maintenant un psaume :;

Le Psaume 51 est très important dans la liturgie de la Teshouvah. Et dans ce Psaume, il y a en particulier le verset (51:17) de

אֲדֹנָי, שְׂפָתַי תִּפְתָּח;    וּפִי, יַגִּיד תְּהִלָּתֶךָ

Seigneur, puisses-tu m’ouvrir les lèvres, pour que ma bouche proclame tes louanges!

C’est un Psaume qui se relie à notre problème, et on y trouve le verset suivant, le verset 15.

אֲלַמְּדָה פֹשְׁעִים דְּרָכֶיךָ;    וְחַטָּאִים, אֵלֶיךָ יָשׁוּבוּ

Je voudrais enseigner tes voies aux pécheurs, afin que les coupables reviennent à toi

 

Je commence par le verset 13 pour que ce soit bien clair : Dans ce Psaume voilà ce que dit David :

אַל-תַּשְׁלִיכֵנִי מִלְּפָנֶיךָ;  וְרוּחַ קָדְשְׁךָ, אַל-תִּקַּח מִמֶּנִּי.

Ne me renvoie pas de devant ta face…

 

Par postulat du contexte, David avait fait une faute. Et il dit :

Verset 18 :

כִּי, לֹא-תַחְפֹּץ זֶבַח וְאֶתֵּנָה;    עוֹלָה, לֹא תִרְצֶה.

Car tu n’agréerais pas un sacrifice, quand bien même je le ferais, un holocauste tu ne l’agréerais pas.

David est dans un cas où le sacrifice est impossible. Alors il demande le pardon par la Teshouvah.

Ici il y a un problème très précis. S’il s’agit d’une faut volontaire, le sacrifice n’est pas efficace. Il faut d’abord qu’il y ait Teshouvah et ensuite, il y a l’expiation.

Mais le sacrifice à l’échelle collectif, celui que le prêtre ou le grand-prêtre fait pour l’ensemble de la collectivité expie les fautes involontaires.

 

Tehilim 51:13-15 :

 

תַּשְׁלִיכֵנִי מִלְּפָנֶיךָ;    וְרוּחַ קָדְשְׁךָ, אַל-תִּקַּח מִמֶּנִּי

Ne me renvoie pas de devant toi

ne me retire pas ton esprit de sainteté. (le roua’h haqodesh l’avait quitté)

הָשִׁיבָה לִּי, שְׂשׂוֹן יִשְׁעֶךָ;    וְרוּחַ נְדִיבָה תִסְמְכֵנִי.

Rend-moi la joie de ton salut

 Et gratifie moi de l’inspiration généreuse.

אֲלַמְּדָה פֹשְׁעִים דְּרָכֶיךָ;    וְחַטָּאִים, אֵלֶיךָ יָשׁוּבוּ

J’enseignerais aux fauteurs tes voies et les pécheurs feront Teshouvah vers toi.

 

Tous les commentateurs sur ce verset 15 l’explique de cette manière :

Le péché de David est rendu public afin que l’humanité sache que la faute de l’individu peut être pardonnée.  Cela veut dire qu’il y a là un enseignement qui met en évidence que le monde entier a besoin de savoir que la faute de l’individu peut être pardonnée. Cela se rattache à ce qu’on vient d’apprendre : Il y a un ‘Hidoush dans l’histoire de la révélation de la Torah : il faut que l’humanité apprennne que la faute peut être pardonnée, que la Teshouvah puisse être efficace. Et c’est ce que dit David : Pardonne-moi pour que j’en témoigne vis-à-vis des pécheurs, alors ceux qui font des fautes feront repentir…

Pourquoi ne faisaient-ils pas repentir ? Parce que cela leur était impensable, impossible, invraisemblable.

Dans cette même Guemara Shabat de la même maniére, la faute de la génération du désert a été dévoilée pour que le monde entier sache que la faute d’une collectivité peut être pardonnée. Et la faute de David a été dévoilée pour que le monde entier sache que la faute de l’individu peut être pardonnée.

Nous y sommes telllement habitués en raisons des 4000 ans d’éducation biblique (Kipour…etc.) que l’on ne perçoit plus ce ‘Hidoush que la Talmud de Jérusalem avait enseigné : quand Moïse a entendu qu’on pouvait se confesser, alors il a chanté des actions de grâces : enfin la reception de la Torah est possible !

Le Talmud dit : la génération du désert n’était pas apte à cette faute ! Pourquoi l’a-t’elle faite ?

Et c’est là qu’est l’étude : pourquoi l’a-t’elle faite ou  bien pourquoi la Torah a-t’elle révélé qu’elle l’a faite ? C’est pour qu’on apprenne que même si une collectivité faute elle peut être pardonnée ! De la même manière n’était pas vouée à une telle faute invraisemblable. De nouveau c’est la mëme étude : Pourquoi David, le grand Tsadik, fait une telle faute ? Pourquoi la Torah la dévoile t’elle ? C’est pour qu’on apprenne que lorsqu’un individu fait une faute, il peut être pardonné !

Il y a vraiment là un ‘Hidoush de l’enseignement de la Torah, qui est accrochée sur ce verset où il y a le mot Vehitvadah.

 

 

 

Chapitre 16 verset 30.

Verset qui va renforcer encore ce que nous avons vu et c’est un verset important de la liturgie du jour de Kippour.

 

16 :30

כִּי-בַיּוֹם הַזֶּה יְכַפֵּר עֲלֵיכֶם, לְטַהֵר אֶתְכֶם:  מִכֹּל, חַטֹּאתֵיכֶם, לִפְנֵי יְהוָה, תִּטְהָרוּ

Ki-vayom hazeh yechaper aleychem letaher etchem mikol chatoteychem lifney Adonay titharu.

 

Ki-vayom hazeh

yechaper aleychem

letaher etchem

mikol chatoteychem

lifney Adonay titharu.

Car en ce jour-là (le 10 Tishri Yom Kipour)

Sera expié-pardonné sur-pour vous (c’est là que le principe du comportement collectif à cette liturgie conduit à ce que le jour expie pour vous…)

Pour vous purifier (il y a plus que recouvrir la faute Kaparah – il y a Taharah de la faute)

De toute vos fautes

Devant Hashem vous serez purifiés.

 

Il y a un événement historique qui est le 10 Tishri au niveau de la génération du désert. C’est le jour où les 2èmes tables ont été rendues à Israël. Les premières étant détruites le 17 Tamouz. Ensuite il y a 40 jours où Moïse prie pour que le Erev Rav soit pardonné et intégré à Israël. On arrive au 1er Eloul. Et ensuite il y a 40 jours du 1er Eloul au 10 Tishri où ils reçoivent les 2ème tables. Et c’est donc le 10 Tishri qu’a lieu l’expérience d’un événement qui a fait comrpendre que bien qu’on reçoive la Torah on n’est pas perdu si la Torah est violée. La Kaparah reste possible.

D’où l’importance du jour de Kipour pour la collectivité d’Israël.

 

A l’échelle individuelle il est bien évident que la Teshouvah et la Kaparah peuvent se faire n’importe quel jour, mais la participation à la liturgie collective le jour de Kipour fait que on est dans ce cas historique que le jour fait jouer le mérite de l’événement de ce jour-là. L’événement du 10 Tishri c’est que les 2ème tables ont été rendues.

 

Quelle est la différence entre les 1ères tables et les 2èmes tables ?

=> Les 1ères tables c’est : « Voici la Loi ! Et celui qui viole cette loi a violé sa charte d’identité et n’est plus Israël ! »

 

=> Les 2èmes  c’est : « Voici la loi ! Et celui qui aurait violé la loi par la faute peut être réintégré dans l’identité d’Israël ».

 

Les 2èmes tables ont été rendues après la faute du veau d’or. Grâce au fait que le mérite de la Teshouvah était récapitulé au niveau de Moïse. C’est le grand prêtre qui prend le relai chaque année. Le rite collectif fait que c’est le jour même qui a ce pouvoir.

 

Et je crois que instinctivement les Juifs ont compris cela. Même ceux qui ne font plus rien ils sont les juifs de Kipour. Ils ressentent cela de manière plus profonde que jamais aucun enseignement ne peut enseigner avec des mots. Ils ressentent cela que là on est protégé dans la mesure où l’on est relié à la collectivité le jour de Kipour.

 

Quelques mots sur l’ensemble du texte:

Il y a deux boucs et les deux sont sacrifiés mais les deux de manière très différente. Un dans l’opprobre et le déshonneur, jetté dans le désert, et l’autre avec l’honneur d’être le bouc de l’expiation dans le temple – le Seder haAvodah  qui est la liturgie la plus extraodinaire de toutes les liturgie de la Torah. On récite un Moussaf de Kipour qui est le moment le plus exceptionnel de la Avodah de Kipour.

 

Or, j’ai été tré impressionné par un article du docteur Israël Eldad, personnage important dans la pensée juive traditionnelle. Il n’est pas rabbin mais c’est un grand penseur de la tradition juive israélienne. Il commence par mettre l’accent sur une des idées que je vais analyser : le fait que le Vidouï est d’ordre collectif et puis il dit qu’il manque dans ce Vidouï au fond l’aveu essentiel que nous devrions faire après le bilan de 2000 ans d’exil et cela continue. On n’a jamais demandé pardon ni fait Teshouvah, on n’a jamais avoué cette faute collective que pendant 2000 ans on était en exil. Cela m’a frappé parce que c’est un enseignement du Talmud à propos d’un verset d’Isaïe. Alors il a explique très bien qu’à un certain moment l’exil devient une faute. Et l’exil devient alors la punition de l’exil lui-même.

 

Comme il n’est pas Dayan il peut se permettre de faire des sujets sur les Dayanim et il suggère qu’on ajoute dans le Vidouï une phrase pour avouer qu’on a été en faute pendant 2000 ans pour ne pas vraiment revenir en Israël.

 

Pendant tout le temps où ce n’était pas possible on était censé être sincère mais dès que cela est redevenu possible cela a dévoilé qu’pon n’était pas tellement sincère que cela.

 

Il explique avec des mots terrible à quel point c’est le plus grand crime que notre peuple a pu commettre sur lui-même et cela a été payé de catastrophes épouvantables et cela continue…

 

Il demande qu’on institue à Kipour une liturgie pour avouer cela. Et il demande cela aux Talmidei ’Hakhamim dont c’est le devoir de cet aveu.

 

Cela m’a frappé  car j’avais un peu fait allusion à cela sous une autre forme lors d’une conférence précédente.

 

Cela m’a donné l’idée de vous parler maintenant de ce que représente dans l’enseignement d’un Midrash cette dualité qu’il y a des 2 Séïrim, les deux boucs, les plus identiques possibles. Ce qui a été indiqué dans la conférence d’hier par Marc Kujavski et que l’un est envoyé dans une histoire catastrophique alors que l’autre vit la même histoire mais dans l’honneur. Et cette histoire assumée, lucide est dans l’honneur – et là je commence déjà à interprêter – est expiatrice. C’est à propos de l’analogie que le Talmud fait entre Pourim et Kipourim.

C’est un problème que l’on a surtout l’habitude d’étudier à Pourim.

 

https://i0.wp.com/media.torah-box.com/pourim-insolite-spiderman-au-kotel-322.jpg?w=696

 

Je vous en signale simplement les dimensions du problème.

Il y a selon le Talmud 2 fêtes qui resteront à la fin des temps : Pourim et Kipourim. Voyez le jeu de mot apparent : Kipour est comme Pourim. Cela s’étudie. Surtout que Kipourim est un mot hébreu alors que Pourim n’est pas un mot hébreu. Le mot hébreu est Goral. « Pour » est un mot persan. Au pluriel hébreu cela donne Pourim. Seulement on trouve le mot de Goral et dans la Maguilat Ester et à propos de Kipour dans notre liturgie de ces deux boucs. On tire au sort celui des deux qui va être envoyé dans le désert et celui qui va rester dans le temple pour le sacrifice « dans l’honneur ».

A Pourim, la fête des sorts, Haman avait tiré au sort le jour de la destruction d’Israël. Ce terme de Goral est commun.

Enseignement important :

Depuis que le temple est détruit, c’est l’exil qui assure la Kaparah qu’assurait le temple.

 

Or, il y a deux manières d’être en exil pour Israël :

=>  A la manière du bouc envoyé dans le désert : on ne sait plus où il est et il ne sait pas qui il est. Disons l’exil des dix tribus perdus par exemple.

=>  A la manière du bouc sacrifié dans le temple.

Pendant la guerre et le temps du nazisme j’ai compris cela assez existentiellement. Quand le nazisme s’est déclenché, tous les Juifs ont été touchés. Tant les Juifs conscients que les Juifs assimilés. Les Juifs assimilés ont ressentis cela de manière beaucoup plus grave que les Juifs conscients. Pour les Juifs conscients c’était le paroxysme de choses familières qui font partie de l’identité d’exil. C’est l’exil que l’on peut maîtriser parce que l’on est conscient du sens de sa propre histoire. Mais pour un Juif assimilé, c’est le tragique au 13ème degré. Pourquoi lui qui précisément a tout fait pour l’éviter et en est atteint ? Les Juifs assimilés ont vécu cela plus tragiquement que les Juifs pieux. Et en particulier je me rappelle des épisodes en Autriche avec le nombre d’intellectuels juifs qui se sont suicidés. La communauté juive autrichienne a été très assimilée et a reçu cela comme une espèce de tragédie épouvantable.

Finalement le Midrash dit que Haman n’arrivait pas à trouver en jettant le sort un jour néfaste pour Israël pour l’atteindre car chaque mois de l’année avait le mérite d’un grand Tsadik d’Israël.

Quand il est tombé au 14 Adar qui est le jour de la pleine lune du mois de Adar et c’est le mois du départ de Moïse et cela lui a semblé le jour néfaste pour Israël. Mais il ne savait pas que c’est le même mois que Moïse était né et qu’il y a une permanence éternelle de la Torah de Moïse en Israël.

Il a pensé l’histoire d’Israël à la manière de l’histoire des nations : naissance – apogée – fin. Et il a cherché la fin et a cru la trouver en Adar, fin de l’année avant Nissan, et il a cru que là il allait atteindre Israël sans Moïse.

Un Midrash corollaire dit que Mardochée chef de la communauté était désespéré, il marchait dans le ghetto, et dès qu’il passait devant un petit Talmud Torah il entendit deux petits étudiants en discussion alors que la ville était dans le desespoir, pour savoir quelle était la longueur de la gerbe du Omer que l’on offrait… alors Mardochée a été rassuré. Avec une telle Torah on est invicible !

C’est ce qui arrive à Haman qui ne s’est pas rendu compte que il n’y a pas de fin en Israël. A partir du moment où le cycle de 120 ans de Moïse s’achève jour pour jour il devient éternel.

Quel est le Goral qui va choisir entre ces deux manières d’être en exil ?

=>  La partie d’Israël qui s’est perdu : les 10 tribus perdues.

=> La partie d’Israël qui s’est conservé et qui vit le Seder HaAvodah dans le temple, alors que l’autre le vit aussi mais comme le Seïr laAzazel.

C’est finalement savoir qui reste fidèle à la Torah et qui ne reste pas fidèle à la Torah. Le royaume de Judée qui est resté fidèle à la Torah a vécu la même hitoire que le royaume d’Israël qui n’était pas resté fidèle à la Torah, mais dans le temple. Alors que l’autre l’a vécu en dehors à la manière du bouc envoyé dans le désert.

Je voulais vous montrer la différence : quel est ce Goral qui peut sembler apparemment mystérieux dans la destinée ? Ce n’est pas du tout mystérieux dans la destinée de l’exil qui remplace les sacrifices. Le Goral c’est l’option de la Torah.

Nous sommes maintenant dans un temps de rassemblement de ces deux manières d’être juif. Et ceux qui le sont sans l’être et ceux qui le sont en l’étant.

Là aussi il y a un paradoxe. Peut-être que le mérite des Juifs qui étaient assimilés est plus grand que le mérite de la Teshouvah des Juifs non assimilés.

Nous sommes maintenant dans un temps de rassemblement de ces deux manières d’être Israël. Celle qui l’était à la manière de l’ancien royaume d’Israël perdu comme c’est arrivé au bouc envoyé à Azazel. Et celle qui l’était à la manière du royaume de Judah, se connaissant, se sachant vivre l’histoire de la Kaparah, mais la vivant dans le Seder haAvodah. Alors que les autres la vivaient aussi mais dans le non-sens absolu.

Notre génération a connu cela : ceux qui sont revenus sans savoir d’où ils venaient et où ils allaient ni pourquoi ils revenaient.

C’est dire que l’expression de Baalei Teshouvah aujourd’hui est mal employée.

Un Baal Tshouvah du point de vue de la Halakhah est un Tsadik qui avait fait une faute et qui s’est repenti, alors que les Baalei Teshouvha aujourd’hui ne le sont pas selon la Halakhah. On les appellait d’ailleurs les ‘Hozrim Bitshouvah. C’était un barbarisme.  En réalité, ils sont des revenants et non des partis…

C’est cela qui est joué dans la scène de la Kaparah et ce que je voulais indiquer par la comparaison qui nous est donnée avec l’exil, c’est que ce Goral n‘est pas ce que nous croyons, un tirage au sort, un hasard. Ce qui fait que le Goral – la destination – de chacun est tellement différente et a un sens dans la mesure où elle est reliée ou non à la Torah. C’est ce qui est joué par le Kohen Gadol au moment du Goral.

Très peu de rabbins savent donner un Goral mais cela existe encore. On pose une Sheelah à un Rav qui répond par le Goral. On croit que c’est un sort, mais c’est d’après ce que la Torah dit.

Dans des civilisations d’Amérique du Sud et chinoises, il y a des techniques d’interrogation du calendrier qu’on appelerait le hasard, le Goral, mais qui sont des techniques d’une certaine sagesse qui répond en posant d’une certaine manière des questions au calendrier.

Par exemple, dans le ’Hassidisme on pose une question à un Rav qui prend de suite son Tanakh et l’ouvre. Il regarde un mot et il donne la réponse… Personne n’a compris comment il a fait, mais c’est la réponse…

Adaptation par Joël Guedj

www.toumanitou.org

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