©/Featurechina Photo Service/MAXPPP - A volunteer checks the temperature of passers-by at a checkpoint in Hangzhou in east China's Zhejiang province Monday, Feb. 03, 2020. (MaxPPP TagID: maxbestof105763.jpg) [Photo via MaxPPP]

Vers une dictature « sanitaire »

 

Par Gilles FALAVIGNA

Un de mes précédents articles sur Jforum, Affaire Buzyn, stéréotype du bouc-émissaire, a reçu un accueil plutôt négatif.

https://www.jforum.fr/affaire-buzyn-stereotype-du-bouc-emissaire.html

Les commentaires pourraient soit traduire qu’un point de vue opposé est parfaitement acceptable et préférable, soit que je me suis mal exprimé pour rester un éternel incompris.

Je voudrais développer une autre option, celle qui conforte la thèse que je tentais de développer à travers le concept du bouc-émissaire. Celui-ci n’est pas, contrairement aux idées reçues, une victime innocente. Il s’agit d’une fonction sociale. Le bouc-émissaire va agir comme un bout de viande à dépecer et pendant que la meute se régale, elle détourne son regard du plus important.

Il s’agit d’une force qui dépasse la raison comme l’explique René Girard. Elle produit le coupable nécessaire à calmer la fureur de dieux, pensée idolâtre oblige, ou à calmer le destin, pour les idolâtres du matérialisme de la raison. La violence inhérente à la société a besoin d’une soupape de sécurité comme une cocotte-minute pour ne pas exploser.

Pour ce qui de la définition biblique, elle est à contextualiser avec la « faute » des fils d’Aaron. Du Pschat au Sod, la signification profonde est corrompue par la pensée judéo-chrétienne.

Il m’a été reproché d’être complaisant avec l’Etat ou bien de ne pas comprendre que la responsabilité de Madame Buzyn est criminelle.

Mais là n’était pas le sujet. Il s’agissait de mettre en évidence le phénomène sociologique qui conduit à conjurer le sort par le sacrifice de ce qui est porteur de nos péchés.

Ne pas recevoir cette thèse, ou la considérer inexistante à la manière du tabou, la met au contraire en évidence.

Le principe du bouc-émissaire ne se positionne pas sur le principe de l’innocence ou de la culpabilité. Le seul intérêt au niveau de l’efficacité du sacrifice est de voir le sacrifié se sentir coupable. C’est alors beaucoup plus simple.

En l’occurrence, il est beaucoup trop tôt pour évaluer, qualifier, noter, la procédure sanitaire qui a été mise en œuvre. On peut toujours mieux faire, mais donner les bonnes ou mauvaises notes doit considérer l’état de l’information.

Il aurait fallu confiner dès la connaissance de l’épidémie. Pour rappel, le jour du confinement, les jardins publics étaient bondés et les gens buvaient un dernier verre au café à la manière du jour de l’An… Quatre, trois, deux, un : c’est la fête !

Aujourd’hui, le Chef de l’Etat dispose des pleins pouvoirs. Nous l’acceptons. Nous avons le recul suffisant. L’aurions-nous sincèrement accepté il y a seulement 8 jours ? La France aurait été à feu et à sang.

L’article en question a été construit sur des analogies argumentaires pour mettre en évidence un principe halakhique : Quand on ne peut sauver tout le monde, tâchons de ne sauver que ceux qui peuvent vraiment l’être.

Vouloir sauver tout le monde relève d’un absolu qui construit la pensée occidentale chrétienne. L’Homme est un Dieu. Il s’adore et s’il doit créer une entité supérieure à adorer, elle sera pourvue des attributs de l’Homme en absolu : Amour, miséricorde, etc. Dieu est à l’image de l’Homme par simple réciprocité. Voici le sens fondamental de l’idolâtrie.

Ensuite, dans la pratique, il est un devoir de sortir de ses (et de ces) limites pour aller jusqu’à sauver chaque être. Ainsi, Avraham s’opposa à D.ieu pour sauver les habitants de Sodome. Agnès Buzyn est restée, dans le meilleur des cas, à la dimension qui est la sienne.

Nous vivons des moments tragiques. Leur gestion par la société n’est que le fruit de ce qui est préparé depuis longtemps maintenant.

Concernant Madame Buzyn, je souhaiterais me référer à un article que j’ai écrit il y a maintenant près de 2 ans pour ceux qui souhaitent développer le sujet de la bonne mesure:

https://www.jforum.fr/le-prix-a-payer-ne-peut-etre-cher-il-ne-peut-etre-que-juste.html

Le prix à payer ne peut être cher. Il ne peut être que juste. Tout est dans le titre.

Cet article est, lui aussi, construit par des analogies. « Nous avons envie de lutter contre les inégalités de destin », expliquait Agnès Buzyn.

Une fois prise la mesure de ce qu’elle avançait, n’est-elle pas déjà aussi fautive que pour la gestion du covid-19 ? Mais peu importe sa personne.

Nous vivons des moments tragiques que nous avons peine à mesurer. Nous pouvons considérer la gestion de la crise par le gouvernement comme des atermoiements criminels. Nous pouvons les considérer comme nécessaires à l’évolution. En final, c’est pour notre Bien.

Désormais, nous acceptons que les mesures à venir soient pour notre Bien. Il aura juste fallu qu’un responsable et coupable soit nommé.

Nous n’aurions pas pu imaginer, il y a quelques mois, ce que nous vivons aujourd’hui. Les pires scénarii catastrophes et d’épouvantes le décrivant auraient été jugés insuffisamment crédibles. Il s’agit d’une contre-utopie. Comme pour 1984 ou le Meilleur des mondes,  les décisions sont prises dans l’intérêt du Peuple, ce petit enfant. Les dictatures reposent sur ce postulat : le Bien pour le Peuple. Le peuple confie lui-même les clés du pouvoir au dictateur. Hitler est devenu chancelier suite à des élections et pour le Bien de sa Nation. Et il fallait un bouc-émissaire pour le faire accepter.

Le principe est toujours le même : l’autorité agit avec la conviction de faire dans l’intérêt du peuple, à tort ou à raison. Ce qui importe est que le peuple finisse par l’accepter.  Dans le cadre de cette mécanique, la Démocratie peut sembler la plus douce des dictatures. La démocratie moderne, porteuse de morale, a su ainsi, dans un premier temps, se faire accepter avec le politiquement correct, le correctness plus largement. Il y a, ensuite, une pensée devenue unique, aseptisée. Nous sommes dans le tabou indiqué en introduction. Le principe du bouc-émissaire est d’autant plus efficient. C’est également une explication de la montée du nouvel antisémitisme.

En final, une différence majeure entre une dictature et la Démocratie est que pour cette dernière, le peuple change périodiquement de dirigeant. Mais le système, lui, reste le même. Sarkozy a été le bouc-émissaire pour Hollande puis Hollande l’a été pour Macron.

Pour revenir à l’esprit de l’article initial sur Buzyn et au Judaïsme, en quoi la faire payer répare-t-il la faute ? Il n’est pas question de ne pas la faire payer. Il est question de comment apporter quelque chose de positif.

Vouloir faire payer Buzyn, ou raser le crâne de tous ceux qui se seront trompés, c’est accepter cette dictature portée par la morale occidentale qui ne connait pas la mesure. Cette morale porte en elle l’idolâtrie.

Il ne faut pas s’y tromper. La vengeance, car il est question de cela, est un apanage de l’idolâtrie. Elle avait son temple à Rome comme divinité poliade. C’est Martis ultoris. C’est le temple créé par Octave pour valoriser la vengeance en finalité sociale. C’est la source de la spécificité judéo-chrétienne du bouc-émissaire.

Le pire est à  venir. L’Homme est le plus grand des prédateurs, croit-il. Il croit même pouvoir vaincre un virus. L’Homme se venge car il est un loup pour l’Homme. Il est également un mouton. C’est plus confortable. Et question mouton, l’Homme est anatociste. Il prélève plus de laine au mouton que celui-ci ne peut en produire.

L’Homme est un mouton de Droit. C’est un paradoxe des plus intéressants pour imaginer la suite. Il est probable qu’il y aura un avant Covid-19 et un après Covid-19. L’économie au sens profond, c’est-à-dire la façon de vivre devrait profondément changer. Jusqu’où portera ce changement ?

 

Par ©Gilles Falavigna

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yakova simha

Il ne s’agit pas de crier « Haro » seulement sur Agnès Buzyn car tout les membres du gouvernement étaient au courant et sont tous responsables. Sa grosse erreur a été de ne pas crier la vérité aux citoyens et ensuite démissionner. Elle est coupable du silence qu’on avait dû lui imposer et de s’être faite manipuler en beauté ! Elle a été trop faible, dommage !