Une offre de paix israélo-russe pour contrer Hollande-Obama? ©

 

Au cours de son séjour de 48 h à Moscou (lundi et mari 6 et 7 juin), le Premier Ministre Binyamin Netanyahu essaiera d’aborder avec le Président Vladimir Poutine la question de l’intégration militaire d’Israël au sein de l’équipe de travail évoluant entre Washington et Moscou, dans le combat contre Daesh en Syrie. En contrepartie, Netayahu proposera d’élever Moscou au rang de médiateur principal dans la controverse israélo-palestinienne, en retenant soit Moscou, soit Genève en tant que lieu pour des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, s’ils adviennent – et avec la participation des Etats-Unis. Netanyahu est aussi désireux d’offrir un rôle important au Président égyptien Abdel-Fattah al Sissi.

Des sources de Debkafile à Jérusalem et Moscou révèlent en exclusivité que le caractère encore flottant et aléatoire de cet accord en voie de formalisation est la raison pour laquelle le Ministre des Affaires étrangères de Russie, Sergeï Lavrov s’est abstenu d’assister à la Conférence pour le Moyen-Orient, le week-end dernier, organisée par le Président français François Hollande à Paris. Les Ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne et d’Allemagne ont suivi la voie russe et se sont tenus à l’écart de la démarche française.

Et vendredi 3 juin, le jour même de la réunion à Paris, le Vice-Ministre des affaires étrangères russe, Mikihail Bogdanov, qui est en charge de la politique moyen-orientale du Kremlin, a proposé une nouvelle formule pour résoudre le problème des implantations israéliennes en Judée-Samarie/Cisjordanie. Cette formule est pratiquement identique au plan des échanges de territoires déjà proposé par le Ministre de la Défense Avigdor Lieberman, il y a quelques années en tant que Ministre des Affaires étrangères. 

Elle consiste essentiellement par des transferts à l’Etat Palestinien de secteurs d’Israël à fort peuplement arabe, en échange de la reconnaissance palestinienne de la souveraineté israélienne sur les communautés judéo-israéliennes de Judée-Samarie. Dans des commentaires à l’agence de presse Tass, Bogdanov a déclaré que Moscou veut accueillir une conférence israélo-palestinienne de paix et également offrir une méiation entre les deux factions rivales palestiniennes, c’est-à-dire le Fatah d’Abu Mazen et le Hamas radical qui dirige la Bande de Gaza.

Alors que certains hommes politiques israéliens perçoivent l’initiative française comme un moyen d’offrir au Président Barack Obama une bonne occasion de régler ses comptes contre le Premier Ministre Binyamin Netanyahu avant de quitter définitivement la Maison Blanche, à la fin de l’année (novembre, soit moins de 6 mois), Moscou et Jérusalem concoctent une stratégie parallèle – non seulement pour bloquer la manœuvre franco-américaine, mais pour faire basculer un accord potentiel israélo-palestinien de Paris jusqu’à Moscou.

Les sources de Debkafile disent que cette manœuvre est fondée sur le modèle des premières phases de la coordination militaire et politique entre Washington et Moscou, dans l’arène syrienne, concernant le combat contre Daesh.

Aucune coordination de ce genre n’existe entre Washington et Paris.

Netanyahu envisage le renforcement de la coopération militaire entre la Russie et Israël en Syrie, en même temps qu’une participation active d’Israël dans les frappes aériennes directes contre Daesh, pour devenir une partie intégrante de l’entente américano-russe et qui se prolongerait dans le cadre de la question israélo-palestinienne.

Moscou et Jérusalem estiment tous deux qu’une offre de garanties américano-russo-arabes aux Palestiniens, souscrite par l’Egypte et l’Arabie Saoudite, est susceptible de faire progresser les (non-) négociations.

 

DEBKAfile Reportage Exclusif 6 juin 2016, 10:31 AM (IDT)

 

Adaptation : Marc Brzustowski