Le camp Bleu-Blanc laisse un peu trop vite éclater sa joie d’avoir vendu la peau de l’ours Bibi avant de l’avoir tué… 

Dernière semaine de campagne et sondages de sortie des urnes

Par Manfred Gerstenfeld

Deux événements importants -sans lien avec la campagne – sont survenus durant la dernière semaine précédant les élections. L’une concerne la restitution de la dépouille du soldat Zachary Baumel z’l, tombé au champ d’honneur il y a 37 ans au Liban. Le second événement correspond à la rencontre du Premier Ministre Binyamin Netanyahu avec le Président russe Vladimir Poutine à Moscou. Il reste impossible de comprendre l’ampleur de l’impact, s’ils en ont un, ces événements ont pu avoir sur la décision des électeurs. 

A peine quelques jours avec le jour des élections, le 9 avril, Netanyahu a promis à la télévision, d’étendre la souveraineté israélienne à toutes les implantations israéliennes. Il a tenu à spécifier qu’il ne ferait aucune distinction entre celles appartenant aux principaux blocs d’implantation et celles plus isolées. Le lendemain, Netanyahu a déclaré que les Etats-Unis étaient au courant de son projet d’annexer les unités de logement de la Rive Occidentale du Jourdain et de son rejet d’un Etat palestinien complet. 

Vers la fin de la campagne, il est devenu évident que les résultats des élections seraient déterminés, de manière significative, par ces électeurs indécis au cours des derniers jours, voire même jusqu’au jour de l’élection. Un sondage mené par l’entreprise Maagor Mochot, et commandité par Israel Hayom et i24TV, le 5 avril demandait à quel point les sondés avaient confiance dans le fait qu’ils ne changeraient plus dans leur choix de vote jusqu’au jour des élections.

Le 5 avril était le dernier jour où il était permis de publier des sondages. Il y a eu jusqu’à 11 sondages publiés entre le 3 et le 5 avril. Sept d’entre eux indiquaient que Bleu et Blanc allait obtenir entre 1 à 4 sièges de plus que le Likoud. Trois sondages montraient que le Likoud l’emporterait avec 1 à 3 sièges d’avance sur Bleu et Blanc. Dans un seul, on découvrait qu’ils obtiendraient le même nombre de députés. Au cours de l’élection, le Likoud a obtenu 36 sièges, un de plus que Bleu et Blanc.

Dans tous ces sondages, le Parti Travailliste arrivait 3ème, avec entre 8 et 11 députés. Il n’y a que dans un seul sondage que le parti Gesher, mené par Orly Levy-Abekasis, franchissait le seuil électoral à 3, 25% des suffrages. 

Les sociétés de sondages ne peuvent pas interviewer les soldats de façon représentative, et qui constituent le noyau dur des 5% approximativement de votants dont les suffrages sont comptés séparément. Une autre question importante est que les sondages reflètent les intentions de vote au moment de l’interview. Donc, le jour même des élections, les sondés peuvent encore voter différemment.

Les deux principaux partis ont siphonné les votes de leurs alliés potentiels, plutôt que ceux de leurs opposants. C’est ce qui explique la déroute de la Nouvelle Droite, qui n’a pas pu franchir le seuil électoral. Les 11 derniers sondages ont donné entre 5 à 7 sièges à la Nouvelle Droite. Le parti Zehout obtenait entre 4 à 8 sièges dans ces sondages. Pourtant l’un comme l’autre sont restés en-deçà du seuil, lors de l’élection. Le parti travailliste a terminé avec 6 sièges, même si tous les sondages de la dernière semaine lui offraient entre 8 et 11 députés.

Les campagnes ont moins impacté le domaine public que lors des précédentes années électorales. Il n’y a pas eu énormément d’affichage. Toutes ces modalités d’action impliquent des coûts énormes et n’apportent apparemment que peu de résultats concrets. A la télévision, les émissions consacrées aux partis se sont avérées de moindre importance que lors des occasions précédentes. Tout cela a fait que la campagne électorale a semblé plus difficile à suivre.

Le jour des élections a été chargée de tensions et de rumeurs. On a prétendu que le jour des élections, le Likoud aurait placé au moins 1.200 caméras cachées dans les bureaux de votes des villes arabes. Certaines d’entre elles étaient dissimulées sur le corps de militants et d’observateurs du Likoud. Le Président du Comité Central des élections, le Juge Hanan Melcer, de la Cour Suprême, a déclaré que filmer à l’intérieur des bureaux de votes constitue une violation des lois électorales. La Police a retiré les caméras. Netanyahu a réagi en disant que si on voulait s’assurer d’un vote équitable, il devrait y avoir des caméras visibles partout, plutôt que des caméras cachées. 

Immédiatement après la fin du scrutin, le 9 avril à 22h, les trois chaînes de télévision 11,12 et 13 ont publié des sondages à la sortie des urnes. Alors que les chaînes 11 et 13 se sont avérées proches du résultat final, la chaîne 12 était très loin du compte, en offrant un pont d’or de plus de 4 sièges d’avance à Bleu et Blanc sur le Likoud.

Une analyse des sondages au cours des élections, réalisée par le Jerusalem Post a découvert que les sondeurs de la Chaîne 12 et Yediot Ahronot ont eu tout faux à plusieurs reprises. Le journal déclare qu’ils surestiment toujours le succès de Bleu et Blanc. Il y a eu des spéculations disant que certains sondages pouvaient être déformés, à cause de la tendance d’un média à chercher à influencer les résultats. Peut-être qu’une raison encore plus plausible relève du fait que les divergences entre les sondages sont influencées par la somme d’argent investie et par la méthodologie de sondage.

La critique des sondages à la sortie des urnes a été encore plus sévère. Un expert a dit que les échantillons étaient trop infimes et que les résultats ont été publiés trop tôt, trop vite. C’est dû au besoin de satisfaire un public impatient attendant des réponses. Un autre facteur relève du fait que certaines personnes donnent intentionnellement de fausses réponses aux sondeurs.

Il était sans doute symbolique qu’il y avait même de la confusion dans le comptage des scrutins. La publication des résultats définitifs a été retardée de plusieurs heures. Un décompte peu soigné des bulletins a fait suite à une campagne électorale désordonnée.

Par Manfred Gerstenfeld

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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