Avec Venezuela, la Batsheva Dance Company et Ohad Naharin retrouvent la scène de Chaillot le temps d’une grande fresque dansée. Un sommet de virtuosité

Peu de chorégraphes ont, comme Ohad Naharin, marqué de leur empreinte créative la danse mondiale. Chaque passage de sa compagnie bouleverse les spectateurs. L’osmose entre les danseurs et leur créateur est à nouveau convoquée dans Venezuela. Il y est question d’un dialogue permanent – et parfois conflictuel – entre le mouvement et sa représentation. Ohad Naharin pose les questions à sa manière, virtuose, multipliant les pistes, affolant nos perceptions, déroutant nos certitudes. La chute des corps selon Ohad devient ici un geste éperdu, la transe scelle les pas dans un unisson majeur, les drapeaux maniés deviennent un décor en mouvement. Plus que jamais, les interprètes de la Batsheva lient leur énergie dans un élan généreux. Et, lorsqu’un danseur tend la main vers le public, Venezuela touche au cœur. « J’ai demandé aux danseurs de travailler sur ce qui provoque le fait qu’on s’écrie “waouh” devant par exemple un coucher de soleil ». Venezuela n’est pas une référence au pays, mais davantage un mot-clé, synonyme de catastrophe annoncée. Car le chaos sous-tend ce spectacle alternant calme et furie. Vivant en Israël, Naharin sait ce que signifie naviguer au bord du gouffre des passions politiques ; pourtant, il ne traite jamais le sujet de front. Il préfère la métaphore, comme dans sa magnifique pièce Last Work (2015) où une coureuse de fond sur tapis roulant donnait, en fond de scène pendant toute la durée du spectacle, une idée de la résilience.

Israël , toujours de trop pour certains

Connu pour son positionnement politique, voilà ce que déclarait Ohad Naharin , il y a déjà quelques années : « Ceux qui appellent au boycott d’Israël n’en ont rien à faire que nous soyons pro-Palestiniens, contre l’occupation, gauchistes… Nous sommes Israéliens, donc ils nous attaquent. J’ai essayé de dialoguer avec eux, de les encourager à dépenser leur énergie à des choses de plus utiles et plus constructives pour les Palestiniens. Ils feraient mieux de nous soutenir, nous représentons une voie d’espoir, de changements pour Israël. Vous savez, si manifester contre les spectacles de la Batsheva Dance Company pouvait servir la cause palestinienne, je serais le premier à boycotter mes spectacles ». Il est vraisemblable que ceux qui ne pensent qu’à boycotter les dattes, l’équipe cycliste de la Start-Up Nation, Puma et maintenant la Bat Sheva Company, aveuglés par leur haine d’Israël, n’entendront pas cette remarque. Des manifestations sont d’ores et déjà prévues.

A vos agendas !

Paris, Palais de Chaillot : du 12 au 27 mai

Lyon, Maison de la Danse du 31 mai au 3 juin

Montpellier, Le Corum du 24 au 1er juillet

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