TSaV: un feu continuel entretenu sur l’autel? Vidéo

Dans Vayikra ont été présentés les différents sacrifices dont l’homme dispose pour se faire pardonner selon les infractions commises. Ici, dans la paracha de Tsav, il est question en particulier du sacrifice: zevah shelamim (זבח שלמים) sacrifice complet.

Le mot shelamim vient de « shalom » paix mais aussi de « shalem » entier. Il s’agit d’un sacrifice qui est apporté au temple en signe de reconnaissance à l’Éternel pour quelque chose de bien, d’un événement qui aura réjoui l’homme. C’est le seul et unique sacrifice dont tout le monde profite: le mizbéah (autel), les Cohanim et ceux qui ont offert le sacrifice !

Dans le monde futur, tous les sacrifices disparaîtront SAUF le korban SHELAMIM pour la simple et bonne raison que toutes les fautes, tous les péchés n’existeront plus, il n’y aura donc que des joies et des occasions de se réjouir ! Le seul sacrifice qui demeurera sera le « shelamim ».

On rapporte dans le midrash que les Nations se sont plaintes du fait qu’il ne leur était pas possible d’offrir de sacrifices quels qu’ils soient et surtout pas de korban « shelamim ».

La réponse à cette plainte est très logique: L’Eternel a proposé à toutes les nations d’accepter Sa Torah, mais toutes ont refusé chacune pour une raison particulière tandis que le peuple Juif a accepté la Torah dans son intégralité – en bloc – et sans conditions pourquoi donc les nations viendraient-elles à présent se plaindre parce qu’elles ne peuvent appliquer certaines consignes qui leur plaisent davantage ?

Les sacrifices qui pourraient être acceptés sont les sacrifices : ôla, hatath, asham ou minha tels les sacrifices offerts par Balak mais en aucun cas ceux de shelamim car n’étant pas juifs ils ne pourraient en consommer la chair !…..

Le Maharsha (1), à propos de la guemara Berakhot écrit au sujet des sacrifices de shelamim que les 4 verres de vin que l’on doit boire le soir du seder de Pessah se rapportent chacun à l’un des cas de ceux qui doivent apporter un sacrifice de shelamim (de remerciement) 2.

Voici l’intégralité de cette citation :
גם ארבעת הכוסות בליל הסדר, (כפי שאומרת הגמרא במסכת פסחים הם מכוונים כנגד ארבעה לשונות של גאולה – וְהוֹצֵאתִי, וְהִצַּלְתִּי, וְגָאַלְתִּי, וְלָקַחְתִּי) מכוונים כנגד ארבעה שצריכים להודות…

Le Midrash de son côté confirme ce qui a été dit plus haut au nom de R’ Pinhas, R’ Lévy, et de R’ Yohanan fils de R’ Guedaliya que dans le monde futur les sacrifices seront tous supprimés ne subsistera que le sacrifice de remerciement et le midrash continue à énumérer les choses auxquelles nous sommes habitués qui n’existeront alors plus: l’homme ne priera plus, les Prophéties et les Hagiographes n’existeront plus, personne ne manquera d’argent, les hommes étudieront, les fêtes en dehors de Pourim n’existeront plus.

Pourtant, se pose une question pour ce qui concerne les prières que nous faisons lors des néoménies (Rashé Hodashim) et lors des fêtes de continuer à venir à Jérusalem pour y apporter des sacrifices si, comme cela est énoncé plus haut, les sacrifices seront annulés ?

Les Sages confirment que tous les sacrifices (korban yahid : ôla, hatath, asham et minha) seront annulés et que seul les sacrifices de reconnaissance seront offerts car il n’y aura plus de yetser harâ qui pourra tenter l’homme et le faire flancher au point de contrevenir aux paroles de la Torah.

Lorsque tous nous serons dans le ôlam haba (le monde futur), seule la joie régnera, il n’y aura pas de maladie, pas d’affliction, pas de larmes ni de soupirs….

Et nous seront dévoilés des secrets nous concernant personnellement, lorsque nous avons perçu des échecs personnels comme une punition nous comprendrons que ce que nous avons mal vécu dans ce monde-ci n’était qu’une protection personnelle, qu’un bien propre, une faveur décrétée du Ciel pour notre bien le plus absolu.

Les médias sont pleins d’exemples de personnes qui ont eu la vie sauve à cause d’une panne ou d’autre chose…

En hébreu on a l’habitude de s’exclamer lorsqu’il arrive quelque chose de fâcheux « gam zou letova » (ceci est aussi pour un bien) un grand maître du Talmud était coutumier du fait. Il se nommait Nahoum Ish Gamzou. Il fut celui qui enseigna le grand Rabbi Akiva.

Cette sidra nous entretient d’un autre aspect de la tâche du Cohen. La Torah rapporte que HaShem a demandé à Moïse « d’ordonner »  à Aharon et à ses fils…….. ; les Sages notent que ce n’est pas ainsi qu’il faut le comprendre mais dans une acceptation différente: se hâter להזדרז .

Le fait de se hâter, de s’empresser, signifie que l’homme met toute sa volonté et tout son amour pour HaShem.

Rabbi Moshé Hayim Luzzatto (3) en évoquant le zèle précise que la personne qui ne serait pas zélée risque bien souvent de se priver de l’accomplissement de mitsvoth qui pourraient fort bien ne plus se représenter et en conséquence, avoir négligé l’accomplissement d’une mitsva ou d’un acte quelconque pourrait manquer à cette personne au moment de rendre des comptes le moment venu, car les choses qui pourraient paraître insignifiantes sont, en réalité, complémentaires les unes des autres.

Manquer l’occasion de faire ce qui se présente et de le faire en temps voulu, empêche la personne de réussir, ainsi qu’il est dit : זריזות היא חצי מזל le zèle est la moitié de la chance.

Dans cette parasha, Aharon est cité personnellement et non pas en tant que père de ses fils et le midrash nous en donne la raison : l’Eternel s’était emporté contre Aharon à cause de sa conduite lors de l’épisode du veau d’or et, IL pensa même à effacer son nom de la Torah mais, Moïse intercéda pour que son frère soit pardonné chose faite lorsque commença cette portion hebdomadaire.

L’essentiel de cette péricope est l’accent mis sur la volonté de l’être humain à sublimer ses instincts et son penchant.

Si l’on est persuadé qu’une étincelle divine se trouve dans chaque être humain, il revient à dire que pour chacun, l’effort – pour faire revivre cette étincelle et la transformer en flamme – est minime.

Il suffit d’un peu d’amour et de lumière pour faire revivre cette étincelle et la transformer en flamme. C’est en se référant au verset suivant de notre parasha que nous en percevons la promesse (lévitique VI, 6)  :

« אש תמיד תוקד על המזבח לא תכבה »

Un feu continuel sera entretenu sur l’autel, il ne devra point s’éteindre

En cela il faut comprendre que c’est par la volonté humaine et par l’action humaine que se produit cet entretien qui maintient le feu, l’éclat, la chaleur.

Et, la volonté ajoutée à la foi font que l’homme désire ardemment et de toutes ses forces obéir même sans comprendre mais, en acceptant simplement d’obéir aux injonctions divines avec joie et dévouement.

Si ce verset est répété c’est parce qu’il fait allusion à quelque chose : le sens est que l’étincelle de l’âme juive ne s’éteint jamais et c’est pour cela qu’à n’importe quelle occasion, même dans les situations les plus désespérées, l’âme s’éveille et s’ébranle faisant repartir et étinceler à nouveau les feux les plus mourants.

C’est ici une parabole car c’est en entretenant le feu par l’ajout de bois par le Cohen que les flammes continuent à se consumer.

Sur un autre plan, en mystique juive, l’autel sur lequel on allume le feu, où sont offerts les sacrifices, et où est balancé l’encens, est un haut lieu du Saint des Saints. Le Temple tout entier correspond au corps humain et le Saint des Saints correspond à ce que l’homme compte de très précieux : sa tête, siège de ses pensées, de sa réflexion, de ses intentions.

En donnant la Torah à l’homme D. permet à la créature de pouvoir guider et diriger ses pensées et de les canaliser. L’être humain ne peut pas toujours se dominer et ne parvient pas obligatoirement à s’obliger à avoir des pensées adéquates.

Le corps de l’homme sert de rempart à l’âme et, tant que le corps vit, l’homme peut corriger son âme, la parfaire, et la renforcer, car, a-t-on coutume de s’exprimer en mystique juive, l’âme est un « produit brut » qu’il est possible de façonner tant que l’homme évolue dans ce monde mais… dès que l’homme se retrouve « dans son milieu originel » (la terre), il ne lui sera plus possible de modifier quoique ce soit et il restera tel qu’il aura été perçu sa vie durant.

« Tout ce qui se présente à toi fais le car, il n’y aura ni activité, ni projet, ni science, ni sagesse dans le shéol (tombeau) vers lequel tu te diriges ».

Si donc, le corps sert de rempart à l’âme, il n’est pas permis pour autant d’attenter au corps humain comme entailler son corps, ou y faire des tatouages.

Le Rambam en parle largement, et, aujourd’hui la science permet à ceux qui, dans leur jeunesse se sont laissés tenter par cette mode, et le regrettent par la suite, d’effacer d’une manière ou d’une autre.

Dans la Kabbale, l’on précise qu’en faisant un tatouage, une cicatrice profonde marque l’âme. Il n’est pas question que de ceci mais aussi des différentes modes qui consistent à insérer des objets divers sous la peau ou dans le lobe des oreilles, sur la lèvre inférieure (femmes à « plateaux ») etc….

La médisance, la colère, la rancune, la vengeance sont des comportements inadaptés à l’âme juive et les sages précisent pour renforcer cette idée:

כל המעביר על מידותיו, מעבירים לו על כל פשעיו

Rashi sur Guemara Rosh Hashana 17 a c’est-à-dire que dans le ciel on juge l’homme tel qu’il s’est conduit avec ses semblables et, en conséquence, s’il a été conciliant, patient, s’il a pardonné volontiers, cela lui sera « rendu ».

Ainsi qu’il a été dit plus haut, le « yetser hara » (mauvais penchant) n’existera  plus et l’on étudiera la Torah ce qui fait qu’en conséquence nous ne pêcherons  plus, nous n’aurons plus d’occasion de fauter et donc plus besoin d’offrir de  sacrifices. 

L’ordre confié à Moïse pour le retransmettre à Aharon et ses enfants sera  prononcé par la bouche. Cet orifice qu’est la bouche se dit « péh » en hébreu. La  fête qui aura lieu à présent dans moins d’un mois : PESSAH. Ce nom est  expliqué de deux façons en effet il s’écrit en hébreu péh-samekh-heth tout comme le verbe lifsoah soit (pour la racine trilittère) péh-samekh-heth et signifie  passer par-dessus en souvenir du fait que l’Ange de la mort est passé au dessus des maisons juives lors de l’exécution de la dixième plaie en Egypte: la mort des premiers-nés. 

Cependant de nombreux Sages ont donné une toute autre signification au nom  de Pessah en le scindant en deux mots : PEH SAH péh-hé et samekh- heth ce qui signifie une bouche purifiée… car, en considérant la mitsva de Pessah  de consommer des matsoth ils en arrivent à considérer que les liens entre cette  célébration et la bouche sont nombreux : effectivement, si nous nous  abreuvons et nous nourrissons en utilisant la bouche, les lèvres, les dents et la  langue, nous nous servons du même organe pour parler, prier et, lorsque nous  parlons nous pouvons le faire de différentes façons tout comme nous pouvons  nous en servir pour de la médisance… 

En lisant le premier paragraphe de la Haggada de Pessah en araméen : « HA  LAHMA ANIYA » soit « ceci est le pain de misère », on nous explique qu’en  donnant notre pain à un pauvre et en lui permettant de survivre de cette façon,  nous participons à l’effort de faire pardonner la première faute commise par  Adam et Eve qui consommèrent du fruit de l’arbre de la connaissance : car ils  en ont mangé avec leur bouche mais ce qui les a conduits à cette faute est par dessus tout par la médisance : ils ont parlé au serpent qui de par sa duplicité a  fait de la médisance vis-à-vis du Créateur en détrompant Eve qui détrompa et  encouragea Adam. 

Encore un autre joli petit argument: dans la phrase « HA LAHMA ANIYA » nous  trouvons en guematriya que le premier mot de cette phrase en araméen : hé alef d’un total de 6 (5+1) ajouté au de lahma (5) car le mot pain se dit lehem  en hébreu font un total de 11 (5+6) et, le mot pauvre « ani » est suivi du suffixe  youd –alef (11) ce qui permet de conclure qu’en faisant l’acte de donner du pain  au pauvre cette action te permettra de recevoir une récompense… 

Autre chose : ce qui est appelé « langage de la rédemption » est ce qu’a dit  Moshé en se présentant au peuple en Egypte : « Pakod Pakadeti » et c’est ainsi  qu’il se révéla et que le peuple le reconnut en tant que Libérateur (HaGoel). C’est donc ainsi, selon ces indices, que les Sages trouvent un lien entre la fête  de Pessah et la bouche (péh). 

Rabbi Tsadok de Lubline (4) tire de ses réflexions le fait que lors de la création du  monde le blé était un arbre tout comme la vigne, le grenadier, l’olivier, le palmier ou le figuier mais l’arbre de la connaissance était soit le blé soit la vigne et c’est  pourquoi la matsa est faite de farine et que nous buvons 4 coupes de vin lors  du seder pour « racheter » la faute d’Adam et Eve. 

JForum.fr avec Caroline Elishéva REBOUH

cours dédié à la Mémoire de Hafsa Bat Messaouda  Z’l  (16 Adar II 5765)

1. MaHaRSHa = Morénou HaRav SHemouel Eliezer Idels 1555-1631 

2. Ceux qui sont redevables et doivent apporter un sacrifice « shelamim » sont ceux qui : ont traversé la  mer ou ceux qui ont traversé un désert, ceux qui ont été malades ou ceux qui ont été libérés (d’un  emprisonnement ou d’une prise d’otages) dans le texte il est écrit : חבושים ,ימים עוברי או מדבר עוברי .או חולים

3. Désigné sous l’acronyme Ramhal (né à Padoue en 1707 et mort à St Jean d’Acre –Ako- en 1746) était  rabbin, cabbaliste, poète et écrivain, réthoricien. Auteur du «Sentier de Rectitude » et d’une  quarantaine d’autres œuvres en Cabbale et philosophie mais aussi des œuvres littéraires profanes.

4. De son nom complet Rabbi Tsadok HaCohen Rabinovitsh de Loubline (Pologne) né en 1823 e décédé  en 1900 était un chef de communauté hassidique.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires