Les israéliens n’attendent rien de l’accord conclu avec l’Iran, annoncé par le directeur général de l’AIEA, Yukiya Amano.

Téhéran aurait accepté que les occidentaux inspectent le complexe militaire de Parchin où sont menées des recherches sur l’arme atomique.

Yukiya Amano a certes reconnu l’existence de «certaines divergences» mais il reste convaincu de la conclusion d’un accord.
Le jeu iranien


Gouvernement d’union nationale

Israël sait que plusieurs accords d’inspection sont déjà restés lettres mortes et que le gouvernement iranien se joue des occidentaux.

Alors il laisse planer une menace d’un recours à la force pour mettre fin au programme nucléaire iranien.

La mise en place surprise d’un gouvernement d’union nationale, avec l’entrée au gouvernement des centristes de Kadima, donne un certain crédit à cette éventualité.

Le ministre israélien de la défense passive Matan Vilnaï a estimé que : «L’Iran a démontré au fil des ans son manque de crédibilité, sa malhonnêteté.

Dire la vérité n’est pas son fort, aussi devons-nous rester méfiants à son égard et examiner l’accord évoqué».

Les israéliens attribuent l’optimisme de Yukiya Amano à la volonté de dédramatiser une situation qui perdure.

En fait les iraniens tentent de dissiper les inquiétudes pour obtenir un allègement des sanctions qui devraient être appliquées en juillet.

Alors ils persistent à faire croire que la maitrise du nucléaire est liée à la nécessité d’alimenter leur réacteur de recherche médicale.

Or Israël sait que la maitrise d’enrichissement de l’uranium à 20% conduit facilement à l’étape supérieure de 90% pour un usage militaire.

Pas de concession

Benjamin Netanyahou pointe du doigt les négociateurs du groupe des six comprenant États-Unis, Russie, Chine, France, et Grande-Bretagne, plus l’Allemagne :

«L’Iran cherche toujours à détruire Israël et menace la paix mondiale.

Les négociateurs ne doivent faire aucune concession à l’Iran».

Ses collaborateurs ont précisé que Barack Obama a été passif pendant ses trois ans de mandat tandis que, dans le même temps, l’Iran a élargi ses capacités nucléaires.

Certes les mesures déjà prises ont touché l’économie iranienne qui souffre de récession et d’inflation mais le concurrent républicain à l’élection présidentielle pense que cela n’est pas suffisant et l’accuse de mollesse face à l’Iran.

Le scepticisme des israéliens résulte de l’absence de résultats tangibles sauf à croire dans la tenue régulière de discussions et de réunions techniques qui impliquent de la patience et de la confiance face au «cinéma» des iraniens.

Ils savent que le guide suprême Khamenei a intérêt à la prolongation et à la réussite de ces pourparlers car c’est la dernière chance de survie politique pour lui et pour son régime.

Pendant 23 ans, il a concentré entre ses propres mains un pouvoir qui vacille face aux sanctions politiques et économiques de l’occident.

Par ailleurs, les menaces des révolutions arabes, l´effondrement du régime syrien et la perte de contrôle du Hamas ne peuvent être compensées que par des négociations nucléaires qui s’étirent dans le temps.

D’ailleurs tout était déjà inscrit dans le marbre.

Les grandes puissances et l’Iran ont clôturé le 24 mai deux jours de négociations tendues sur le programme nucléaire iranien à Bagdad avec pour seul résultat tangible un nouveau rendez-vous les 18-19 juin à Moscou, et le constat de «désaccords importants» sur le fond du dossier.

L’Iran a encore gagné un mois de pause pour faire avancer son programme.

Accord secret


Usines nucléaires en Iran

Les Etats-Unis, qui ont autorisé en secret l’Iran à enrichir son uranium à 5%, et Israël agissent chacun de leur côté.

Les services de renseignement occidentaux révèlent que 3.000 nouvelles centrifugeuses sur les 9.000 planifiées sont installées à Fordo, dans des installations souterraines.

Elles sont dédiées à l’enrichissement à 20% de l’uranium dont le stock actuel est de 110 kg.

En fait, l’Iran qui a été autorisé à poursuivre l’enrichissement d’uranium à 5% tient à poursuivre le dialogue pour masquer l’évolution de son programme.

L’ayatollah Khamenei n’avait rien caché de ses intentions puisqu’il avait prévenu Barack Obama qu’il ne fermerait jamais Fordo.

En revanche il acceptait d’augmenter la fréquence des visites au site et l’installation de nouvelles caméras de surveillance seulement si les sanctions étaient immédiatement annulées.

Dans une interview à CNN le 17 mai, le ministre de la défense Ehud Barak craignait que les négociations avec l’Iran n’aboutissent à un accord qui permettrait à Téhéran «de tromper le monde entier et de continuer à construire une arme nucléaire».

Il a laissé entrevoir une solution non diplomatique : «Nous sommes maintenant confrontés à un véritable défi pour le monde entier, non seulement pour Israël.

Je pense qu’un Iran nucléaire va changer tout le paysage du Moyen-Orient.

Nous devons faire quelque chose pour l’empêcher de se produire, que ce soit par des sanctions, des négociations ou quelque chose d’autre.».

La menace est voilée mais claire.

Les israéliens n’abandonnent pas les autres options.

Ils continuent de soutenir le principal parti iranien d’opposition, les Moudjahidine du peuple (MEK) qui sont leurs principaux sous-traitants locaux aussi bien dans la réalisation d’attentats que dans la collecte de renseignements.

Le MEK a transmis le 12 mai les détails privés concernant plus de 60 experts nucléaires iraniens en dévoilant la structure détaillée de l’organisation centrale sous le commandement du corps des Gardes Révolutionnaires affectés à l’installation de Fordo.

Ces informations réfutent l’idée que l’Iran n’a encore rien décidé en ce qui concerne la construction de l’arme nucléaire.

Elles pourraient être aussi utilisées pour mener des actions d’assassinats ciblés contre des piliers du programme.

Cela pourrait expliquer les déclarations de certains dirigeants sécuritaires israéliens qui ne prônent plus une action militaire immédiate contre les installations nucléaires iraniennes.

Le MEK


Combattant du MEK iranien

Le MEK a ainsi dévoilé un protocole d’accord signé avec les Etats-Unis comprenant trois points : autorisation de l’enrichissement de l’uranium à 5%, interdiction de l’enrichissement à 20% et exportation du stock actuel à 20% pour empêcher son utilisation militaire.

Ces révélations ont été démenties par les iraniens qui persistent cependant dans leur volonté de développer leur usine de Fordo.

A la rigueur, ils accepteraient uniquement de plafonner la quantité enrichie. Cet accord est déjà combattu par Israël qui exige l’arrêt immédiat de l’enrichissement d’uranium.

Catherine Ashton, arrivée à Jérusalem le lendemain de la constitution du nouveau gouvernement d’union nationale, a été justement informée de la doctrine israélienne par Avigdor Lieberman, le ministre des affaires étrangères.

Les révélations du MEK traduisent la réalité du programme nucléaire iranien dans une phase très avancée et réfute toute idée que l’Iran est loin de la construction d’une ogive nucléaire ou d’une bombe alors que le projet est développé sur le site de Mojdeh, à l’université Malek Ashtar dans la région de Lavizan.

Le MEK a décrit dans le détail l’organigramme des subdivisions de ces centres de recherche avec en prime les noms et adresses des chefs ainsi que les numéros de téléphone privés et professionnels.

Les américains jettent un doute sur la crédibilité de ce document mais le MEK s’était déjà distingué à la fois par ses actions meurtrières et par la qualité des informations qu’il avait transmis à Israël.

Les américains sont conscients du scepticisme d’Israël mais, tout en agissant par ailleurs en laissant diffuser des informations sur leurs exercices militaires dans la région, ils tiennent à donner à la phase diplomatique tout l’essor qu’il convient pour éviter une déflagration dans la région.

Crispation américano-israélienne

Wendy Sherman, sous-secrétaire d’Etat aux affaires publiques

Benjamin Netanyahou et Ehud Barak ont tenu à marquer leur désapprobation sur la façon dont sont tenues les négociations de l’AIEA avec l’Iran.

Ils ont boycotté la visite en Israël du délégué américain chargé des pourparlers avec l’Iran pour ne pas avoir à écouter ses explications.

La sous-secrétaire d’Etat, Wendy Sherman, n’a pas été reçue par les deux dirigeants et a dû remettre son rapport à un haut fonctionnaire du ministère israélien.

Cette mauvaise humeur découlait du refus persistant des iraniens de suspendre l’enrichissement de l’uranium à 20% et de fermer l’usine de Fordo alors que des informations sécuritaires précisent que le stock d’uranium enrichi atteint à présent 145Kg.

La prochaine réunion à Moscou, dans trois semaines, ne semble pas s’ouvrir sous de bons augures car la quantité enrichie augmente de 24 kg chaque mois.

Les inspecteurs de l’AIEA ont d’ailleurs détecté des particules d’uranium enrichi à 27% à Fordo que l’Iran justifie par «des raisons techniques indépendantes de la volonté de l’opérateur».

Bien que les officiels américains s’en défendent officiellement, il semble que l’écart se creuse entre les positions d’Israël et des Etats-Unis sur cette négociation avec l’Iran.

Les langues se délient pour révéler que le ministre de la Défense, Ehud Barak, avait consenti un compromis tendant à autoriser l’activation de 1.000 centrifugeuses en contrepartie pour les iraniens de garder 1.000 kg d’uranium enrichi à 3,5%.

Depuis, Benjamin Netanyahou a renoncé à cette concession qui a été utilisée par l’Iran comme argument pour réclamer plus d’enrichissement.

Il a clairement informé ses alliés américains que l’option militaire restait d’actualité tant que les centrifugeuses iraniennes fonctionneraient à grand débit.

Jacques Benillouche Article original

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