La minute de silence s’achève quand s’élève un « Allons enfants de la Patrie », repris en chœur par la foule: encore sous le choc, les habitants de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) ont manifesté samedi leur rejet de la « barbarie » qui a frappé leur commune la veille.

« On n’a pas de mots », répètent les habitants de cette bourgade tranquille, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Lyon, après l’attentat qui a visé une usine de la zone industrielle locale où un dirigeant d’entreprise a été retrouvé mort décapité.

Alors, hommes et femmes de tous âges sont réunis devant l’hôtel de ville pour « faire front face à la barbarie », selon les mots de la première adjointe Andrée Ligonet, et saluer la mémoire de l’entrepreneur Hervé Cornara.

Un lourd silence et une Marseillaise spontanée leur ont permis d’exprimer leurs sentiments, qu’ils peinent à formuler avec des mots.

« Qu’est-ce qu’on cherche aujourd’hui? De la cohésion. Qu’est-ce que l’hymne? Le symbole de la cohésion nationale », résume après coup le septuagénaire qui a lancé le chant.

Certains, comme Philippe Ouastani, sont venus « pour témoigner »: « Témoigner de mon soutien à la liberté et à la démocratie et mon opposition à la sauvagerie et aux pratiques moyenâgeuses. C’est inouï de décapiter un homme au XXIe siècle. Nous, qu’est-ce qu’on a comme arme pour combattre ça? Être ici, ensemble. On n’a pas le droit de déserter. »

Cet ancien cadre technique est l’un des rares à parvenir à formuler ses sentiments après l’attaque de la veille et « aussi celle qui a eu lieu en Tunisie« , à Sousse, faisant 38 morts.

– Incompréhension, effroi, stupeur –

Comme beaucoup d’habitants, Noëlle Lapalus, elle, « ne peut pas mettre de mots ». Cette retraitée n’a pas pu sortir de chez elle de toute la journée de vendredi: « Ça m’a choquée à un point… J’y pense tout le temps. »

Elle est donc venue une rose à la main et avec un panneau frappé du mot « liberté » autour du cou. « Parce que nous sommes un pays de libertés », explique-t-elle, le regard grave.

Samedi, la vie semblait suivre son cours tranquille à Saint-Quentin-Fallavier. « Un samedi normal, avec juste beaucoup de journalistes », ironise Thierry Martinet, au comptoir du bar du village.

Philippe Ouastani ressent, lui, dans le village « une grande sérénité et une grande dignité », mais aussi « de l’incompréhension, de l’effroi, de la stupeur ».

Un peu plus loin, sur les marches de l’école des Tilleuls, une mère de famille, hijab sur la tête, confie aussi de « la peur ». « C’est terrifiant. Quand j’ai appris ça, je n’ai pas pu parler, j’ai pleuré », raconte-t-elle.

« Ces actes n’ont rien à voir avec la religion, le Prophète n’a jamais dit de tuer des innocents », s’indigne cette femme, qui veut rester anonyme.

Elle a aussi cherché les mots pour expliquer à son fils de 4 ans « qu’il y a des méchants qui ont fait quelque chose de pas bien et que la police va les mettre en prison et les punir pour leur grosse, grosse bêtise ».

Dans le jardin d’enfants non loin de là, « il n’y a pas grand monde« , note-t-elle. « Habituellement, c’est plein. »

TNO

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yatin

Le grand malheur dans tout cela, et je vais essayer de rester le plus possible respectueux, c’est que les textes mêmes du Coran sont loin d’inciter au pardon et à l’acceptation d’autrui QUEL QU’IL SOIT, c’est bien là que tout commence : prendre les textes à la lettre ou les relativiser, mais comment avoir du recul si l’on croit que le texte descend du ciel sans aucun intermédiaire …. Nous n’en avons sûrement pas fini avec cette question qui est en réalité, bien sûr, une question de CIVILISATION.