Point de vue de l’écrivain et philosophe Roger-Pol Droit.
Ce n’est pas un incident. Ce serait même une grave erreur de banaliser cette histoire. Les résolutions que l’Unesco vient d’adopter à propos de Jérusalem suscitent à juste titre un scandale international, et le Premier ministre italien, Matteo Renzi, comme beaucoup d’autres, s’honore de les juger inacceptables.

En effet, dans ces textes, le lieu historique du Temple de Jérusalem est dorénavant désigné par son seul nom arabe (Al Buraq), comme si le judaïsme et son histoire n’avaient jamais existé. Ces résolutions défendent exclusivement le point de vue musulman et palestinien sur l’esplanade des Mosquées et sur cette partie de la Ville sainte, sans souci ni des juifs ni des chrétiens. Leur adoption est donc choquante, aussi bien d’un point de vue religieux et culturel qu’historique.

Elle se révèle de surcroît monstrueuse d’un point de vue philosophique. Il faut expliquer pourquoi.

En rappelant d’abord que l’Unesco fut une institution particulièrement philosophique, dans ses principes et ses textes fondateurs. Elle fut créée à partir d’une idée précise de la raison et du savoir : la compréhension mutuelle garantit la paix, les guerres proviennent du mépris et de l’ignorance réciproques. Son Acte constitutif, adopté à Londres le 16 novembre 1945, stipule que « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». Le texte – inspiré par l’Américain Archibald MacLeish (1892-1982), bibliothécaire, poète, prix Pulitzer – constitue, de fait, une des déclarations capitales du XXe siècle. Au coeur des ténèbres, il a marqué la résurgence d’une philosophie des Lumières. Surtout, il a promu cette idée régulatrice : les forces de l’esprit – sciences, éducation, culture – se doivent d’être des remparts contre la barbarie. C’est pourquoi il fut un temps, je m’en souviens, où je m’honorais d’avoir, au sein même de l’Unesco, publié de nombreux textes sur l’histoire de cette institution et sa portée.

Entre ces idéaux et les réalités, il y a bien sûr une vaste marge. Durant plus de soixante-dix ans, l’évolution de l’Unesco a été marquée, inévitablement, par les conflits opposant les Etats, depuis la guerre froide jusqu’à la guerre du Golfe. Les questions culturelles s’y transformèrent fréquemment en enjeux de pouvoir et en rivalités symboliques aiguës. S’en offusquer serait d’un angélisme candide. Parmi ces luttes politiques, celle des pays arabes contre Israël a pris une tournure systématique. Devenu membre de l’Unesco en 1949, l’Etat d’Israël dut s’inclure dans le groupe Europe-Etats-Unis, et non dans sa région géographique.

Ces dernières années, une série d’offensives anti-israéliennes menées par les pays arabes, entraînant les autres, ont abouti à des aberrations, en particulier considérer le sionisme comme un racisme (Durban, 2001), et inclure un Etat encore inexistant (la Palestine) parmi les Etats membres de l’Unesco (Paris, 2011).

La même volonté anime les récentes résolutions concernant Jérusalem. Pourtant, elles atteignent quelque chose de neuf dans le registre de l’absurde et de l’insupportable. Parce qu’elles franchissent le cap de la réécriture subreptice de l’histoire, de la falsification des noms, de l’effacement de la mémoire. S’agissant de documents internationaux officiels, c’est inacceptable. S’agissant de résolutions de l’Unesco, cela devient proprement monstrueux – et la directrice générale, Irina Bokova, a tenté d’exprimer quelques réticences. Car les sciences, l’éducation, la culture – tout simplement la pensée – exigent comme conditions premières l’exactitude des termes et le respect des faits, autrement dit la vérité. Vouloir combattre la politique israélienne est une chose, faire comme si le mur occidental et le mont du Temple n’étaient pas juifs est d’une tout autre nature.

Il ne s’agit donc ni d’une simple faute ni d’un incident de parcours. Quand ceux-là mêmes qui ont pour mission de défendre éducation et culture se mettent à travestir les faits, déforment les noms, biaisent les discours, ils se renient – car ils détruisent ainsi ce qu’ils sont chargés de défendre et de promouvoir. C’est une situation de honte, telle qu’il n’est pas possible de se taire. Que la France ait pu voter le premier de ces textes, et se soit abstenue – seulement abstenue ! – à la ratification du second est également une honte. Dans les deux cas, envers l’Unesco comme envers la France, il s’agit d’une forme particulière de honte – face aux principes trahis, à la langue trafiquée, à la vérité flouée. Une honte philosophique, en fait.

Les Echos

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olivia

Jérusalem et Al Buracq …. Une grande histoire…!!! .Al Buracq est le nom de la jument du prophète Mahomet. Le cheval est un véhicule psychopompe. ( féminin) . Il est question de rêve ou de sortie hors du corps ( Il est question du voyage de l’âme) jusqu’à Jérusalem.
Il est question de la Jérusalem céleste, du juste et du Tzadik .Le mot hébreu tsadik* (צדיק) désigne littéralement un homme juste. Ce terme provient de la racine צדק, qui signifie « justice ». *en arabe *sadiq (صادق)

Dans un premier temps le prophète prie en direction de Jérusalem ( terrestre) ( Sion est le nom ancien de Jérusalem) puis après avoir été initié aux mystères d’Osiris (éternité) par les tribus banous (juives), qui ne voudront pas payer la taxe et seront passées par l’épée , le prophète se tournera et priera dans un second temps vers la Mecque . La Pierre de la Kaaba est la Pierre noire sacrée de l’Islam. Un bétyle.
Concernant Jérusalem, qui doit être une terre de paix, voici une petite source qui pourrait mettre tout le monde d’accord.
Josué 10 : 1 est appelé fils de Noun . ( voir texte) :Adoni-Tsédek, roi de Jérusalem (Yeruwshalaim), apprit que Josué (Jérusalem est donc lié à Adonaï, source juive) et .Josué est considéré comme un prophète en islam sous le nom arabe : يوشع بن نون deYūshaʿ ibn Nūn.
(Moïse donna à Hoshea, fils de Noun, le nom de Josué.)

Josué est écrit en hébreu יהושוע Yehoshua (Deutéronome 3:21), ce qui signifie « Dieu sauve » (Jésus porte ce nom)
Le nom vient de la racine trilittère ישע, « sauver ». Io ou iah (yah) signifie Dieu, schoua « sauve »ou par « Dieu est son aide », car il contient יה (yah), comme Yehouda יהודה, « louange à Dieu »
Moïse donna à Hoshea, fils de Noun, le nom de Jo-sué. » יהושוע Yehoshua (Deutéronome 3:21), « Dieu sauve ».

Le dôme du rocher est un monument important soit mais pour mettre tout le monde d’accord ,  » rocher » se traduit aussi par Kaf accueil de la lumière au féminin, ancien symbole rocher.
au sommet du rocher arrive un oiseau de lumière ( saint esprit) qui valide la présence de Dieu ; ceci passe par l’apparition de l’oiseau Akh ou bénou ( tradition égyptienne et juive) ( appelé aussi Simorg dans la tradition persane ) ( grue en Asie).
(La valeur 20 ou 500 est Kaf dans la tradition hébraïque .) Pourquoi ne pas aller voir l’article en ligne sur J forum : Quand le figuier reverdit. ?

Espérons..que par la connaissance le monde s’apaise !!!!
j’ai oublié quelque chose d’important…pour terminer et rassembler tout le monde dans la même maison. A Jacob est donné le nom d’ Israël . Il est le père des 12 tribus. Ceci … pour rafraîchir la mémoire de tout le monde…!!! la Ménorah, Israël et l’histoire des tribus se retrouve donc présente dans la même maison, qui est Jérusalem, Ville sainte appelée à être Celle de la Paix.

Julien

L’UNESCO, c’est comme la justice à l’heure actuelle ( cf affaire TANGER et bien d’autres) ça ne fonctionne pas.
Les hommes de droit ne sont pas rigoureux , ce qui perds le monde entier!

Smadja

Tout d’abord, merci à Michel Pol Droit pour dire le droit et la justice car sans droit et justice , en France à quoi croire? Avant la clairvoyance de Monsieur Droit, que des positions alambiquées de nos hommes politiques. J’ai mal à ma gauche pour laquelle j’ai voté sans discontinuité depuis ma naturalisation en 1968, 48 ans déjà.
Addict à la France, celle dont la réaction lors des événements du 13 novembre, nous a mis du beauté au cœur, dans son unanimité. Et pourquoi pas sa grandeur dans la conduite et l’organisation de la COP 21.
Même si je n’oublie pas la date du 31 Aout 1944 et le départ du convoi 77 pour Auschwitz, dans lequel se trouvait mon père.

sylvain Asline

Non contents d’avoir spolies les Juifs dans « leurs pays » les arabes maintenant veulent l’identité juive jusque dans ses racines. La spoliation a suivi les pogromes pendant plus de 1600 ans. Il faut plus ne pas s’en faire. Ces dernieres annees c’est aux infidels occidentaux qu’ils s’attaquent et cela finira indeniablement pas des confrontations terribles.
« leurs pays » – c’etaient des pays ou les Juifs vivaient depuis plus de 1400 ans avant que les hordes de tueurs arabes ne conquierent ces territoires apres avoir reduit le nombre d’ habitants par des tueries sans precedent.

André

Les arabes, les musulmans, vaincus par les israéliens, les juifs, à la loyale sur le champs de bataille utilisent depuis l’arme des lâches : une propagande éhontée faite de mensonges, de calomnies et de corruption. Ils ont perdu toute dignité.