Intel: Pourquoi la Russie s’associe à la Chine contre le plan de paix américain
La Russie a officiellement rejeté la participation au sommet de la paix au Bahreïn parrainé par les États-Unis le mois prochain à Bahreïn, un jour après que l’ambassadeur de Chine dans les territoires Palestiniens, Guo Wei, a annoncé que Pékin et Moscou avaient conclu un accord pour le boycotter.
« Il est évident qu’il s’agit d’une nouvelle tentative des États-Unis pour modifier les priorités de l’agenda régional et imposer la vision américaine du règlement israélo-palestinien », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. «Les tentatives persistantes visant à substituer à un règlement politique global un ensemble de primes économiques, tout en sapant le principe de deux États pour deux peuples sont un sujet de grave préoccupation».
Pourquoi c’est important : l’administration Donald Trump mise sur un large soutien international pour son plan visant à amener les Palestiniens à accepter des concessions territoriales en échange d’incitations économiques. La ferme opposition de puissances majeures telles que la Russie et la Chine risque de saper la légitimité de l’effort américain, qui est généralement considéré dans la région comme trop favorable à Israël, tout en renforçant la détermination des Palestiniens à se cramponner sur leurs positions.
La Russie s’est opposée au plan Trump depuis le début. Le conflit israélo-palestinien et la réconciliation intra-palestinienne ont constitué une part importante du portefeuille du ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cette année. En commençant par sa tournée en Afrique du Nord en janvier, puis par son voyage dans le Golfe en mars et par son dernier voyage en Égypte et en Jordanie, Lavrov a sondé les attitudes régionales vis-à-vis du projet américain. De nombreux dirigeants régionaux – certains en public, la plupart en privé – auraient exprimé leur malaise en faisant un effort qu’ils se sentent obligés d’appuyer, malgré le fait que cela puisse déstabiliser davantage la région en attisant le sentiment pro-palestinien.
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La position commune de la Russie et de la Chine pourrait aider à convaincre certains gouvernements régionaux qu’ils n’ont pas à s’aligner sur les positions américaines. Au minimum, cela leur donne une meilleure position de négociation avec Washington.
Rester pertinent: Depuis 2002, la Russie fait partie du soi-disant Quartet du Moyen-Orient, aux côtés des Nations Unies, des États-Unis et de l’Union européenne. La Russie envisage de régler le conflit par le biais d’un cadre juridique international défini dans les résolutions de l’ONU, la Conférence de Madrid de 1991 et l’Initiative de paix arabe de 2002. Moscou se méfie donc de tout effort qui l’exclurait.
Parallèlement, Moscou a tenté – sans succès, de tirer parti de ses liens historiques avec diverses factions palestiniennes – pour négocier un accord intra-palestinien selon lequel la cause Palestinienne deviendrait un acteur uni avant de négocier avec Israël ou les dirigeants arabes de la région. Moscou sent également que les efforts déployés par Washington pour faire dérailler les intérêts russes en vue de conclure un accord politique en Syrie et de reconstruire le pays avec le président Bashar al-Assad toujours au pouvoir sont rentables.
La suite : tout dépendra du contenu réel du plan américain, qui reste secret.
Un haut responsable militaire israélien à la retraite qui s’est rendu à Moscou il y a quelques semaines a déclaré à Al-Monitor que la proposition américaine offrait une chance «à l’Amérique de rester forte dans les affaires du Moyen-Orient malgré les troubles régionaux» Déclarer que cette chance se concrétise par cet accord, c’est exactement ce dont les Russes ont peur. » [Un renfort américain à leur détriment].
Mais une source diplomatique à Moscou a déclaré qu’il était beaucoup trop tôt pour le savoir.
« Nous n’avons toujours pas vu le plan, nous ne connaissons pas ses modalités précises ni les moyens de le mettre en œuvre, pour dire comment il pourrait renforcer ou réduire l’influence des Américains dans la région », a déclaré la source. «Mais il est évident pour nous que ce plan n’a rien à voir avec le règlement [de paix] en tant que tel. C’est une tentative, assez mal déguisée, de faire avancer unilatéralement les positions israéliennes dans la région. «
En savoir plus: Maxim Suchkov, rédacteur en chef d’Al-Monitor Russie-Moyen-Orient, sur la coopération et la concurrence russo-chinoises au Moyen-Orient.
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