Pourim et l’éternité du peuple juif (Meguila)
Pourim: La reine Vasti refusa de venir
Le refus de la reine est surprenant. Elle n’en donne aucune raison et personne ne lui en demande. Certains lecteurs ont considéré que, comme le texte précise qu’elle doit venir en portant son turban royal, elle ne devait rien porter d’autre, et donc venir nue. Son refus serait alors plus compréhensible. Toutefois le texte ne permet pas de justifier cette interprétation.
Le refus de Vasti peut probablement se comprendre plutôt en tenant compte de la culture d’alors. A la fin des banquets, quand les hommes boivent, seules restent les concubines ou les prostituées. La demande du roi est déplacée et met la reine devant un dilemme. Si elle vient, elle accepte de se mettre au rang des concubines et des prostituées et elle perd sa dignité; si elle refuse, elle risque de fâcher le roi et de perdre sa place.
Elle choisit de préserver son honneur. L’attitude de la reine apparaît en conformité avec la sobriété de la description de son banquet, en contraste avec celui du roi, ce qui pourrait suggérer que le narrateur a plus de sympathie pour elle que pour le roi.
Le fait que le récit précise que le roi a trop bu est probablement un indice pour laisser penser que s’il avait été en possession de toute sa raison, il n’aurait pas fait une telle demande.
A.B.
Il comparait leurs beautés à l’image de Vasti (Midrach d’Esther).
Elles étaient venues des trente satrapies,
Les vierges, qui briguaient le lit du roi sanglant :
Et chacune, en sa fièvre de séduire l’impie,
Devant son sceptre bleu passait d’un pas tremblant.
Mais l’assassin, sous sa tiare en cône,
Restait aveugle et sourd :
Il regardait, tendue en face de son trône,
L’image de Vasti peinte en laines d’Assour.
Et cette épouse aimée et chérie
Par les dards, transpercée, au travers d’un festin,
Dans les couleurs de la tapisserie
Le défiait encor de son sourcil hautain.
Elles passaient, sanglées de cordelettes,
Les vierges du Ghor à l’œil de griffon,
Celles de l’Arabie aux lourdes amulettes,
Celles de l’inde aux bras profonds :
L’image de Vasti, dans la tapisserie
Se dévêtait de ses joyaux,
Et rallumant le sang de sa lèvre flétrie,
S’offrait nue, aux baisers royaux.
Elles passaient, portant le thyrse, la houlette,
Les filles des bergers, des princes noirs ou blonds,
Celles des lacs, ou l’air blanc se reflète,
Celles des mers, que brouille l’aquilon :
L’image de Vasti dans la tapisserie
Emmêlant son plaisir et sa mort
Tourmentait, radieuse et pourrie,
Le tueur, de stupeur et de remords.
Mais lorsqu’Esther parut, dans la tapisserie
L’image d’effaça :
Le roi tendit le sceptre à la juive meurtrie,
Et L’Eternel passa !
Le Miracle d’Esther
Poésie d’EDMOND FLEG
Relire Esther sous la plume de Racine
La Reine Esther Et Mardochée
MARDOCHÉE
Quoi ! Lorsque vous voyez périr votre patrie,
Pour quelque chose, Esther, vous comptez votre vie !
Dieu parle, et d’un mortel vous craignez le courroux !
Que dis-je ? Votre vie, Esther, est-elle à vous ?
N’est-elle pas au sang dont vous êtes issue ?
N’est-elle pas à Dieu dont vous l’avez reçue ?
Et qui sait, lorsqu’au trône il conduisit vos pas,
Si pour sauver son peuple, il ne vous gardait pas ?
Songez-y bien : ce Dieu ne vous a pas choisie
Pour être un vain spectacle aux peuples de l’Asie,
Ni pour charmer les yeux des profanes humains ;
Pour un plus noble usage il réserve ses saints.
S’immoler pour son nom et pour son héritage,
D’un enfant d’Israël voilà le vrai partage.
Trop heureuse pour lui de hasarder vos jours !
Et quel besoin son bras a-t-il de nos secours ?
Que peuvent contre lui tous les rois de la terre ?
En vain ils s’uniraient pour lui faire la guerre :
Pour dissiper leur ligue il n’a qu’à se montrer ;
Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer.
Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble ;
Il voit comme un néant tout l’univers ensemble,
Et les faibles mortels, vains jouets du trépas,
Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étaient pas.
S’il a permis d’Aman l’audace criminelle,
Sans doute qu’il voulait éprouver votre zèle.
C’est lui qui m’excitant à vous oser chercher,
Devant moi, chère Esther, a bien voulu marcher,
Et s’il faut que sa voix frappe en vain vos oreilles,
Nous n’en verrons pas moins éclater ses merveilles.
Il peut confondre Aman, il peut briser nos fers
Par la plus faible main qui soit dans l’univers.
Et vous, qui n’aurez point accepté cette grâce,
Vous périrez peut-être, et toute votre race.
ESTHER
Allez. Que tous les Juifs dans Suse répandus,
À prier avec vous jour et nuit assidus,
Me prêtent de leurs vœux le secours salutaire,
Et pendant ces trois jours gardent un jeûne austère.
Déjà la sombre nuit a commencé son tour :
Demain, quand le soleil rallumera le jour,
Contente de périr, s’il faut que je périsse,
J’irai pour mon pays m’offrir en sacrifice.
Extrait de l’Acte I, Scène 3
Pourim et l’éternité du peuple juif
Kippour comme Pourim à jamais pérennes, Fête à priori éminemment historique, Pourim n’en possède pas moins une dimension éternelle qui, contrairement à toutes les autres fêtes, garde sa pertinence aux temps messianiques.
Maïmonide, Lois ayant trait à la Meguila et à Hanouca (II,18)
Tous les livres des Prophètes et les Hagiographes seront annulés aux temps messianiques, sauf le Rouleau d’Esther, qui est donc pérenne comme le Pentateuque et les règles de la Loi orale qui ne seront jamais annulés. Et quand bien même tout souvenir des malheurs sera annulé, comme il est dit (Isaïe LXV, 16) « les premiers malheurs ont été oubliés, ils sont cachés à mes yeux », les jours de Pourim ne seront pas annulés, comme il est dit (Esther IX, 28) « Ces jours de Pourim ne seront pas éliminés au sein des juifs, et leur souvenir ne disparaîtra pas de leur descendance ».
Yalkout CHIMONI (recueil de Midrachim) Proverbes IX, 944)
Toutes les fêtes seront annulées, mais les jours de Pourim, ne disparaîtront jamais. Rabbi Eleazar dit : de la même façon, Yom Kippour ne disparaîtra jamais non plus. Comme il est dit : ce sera pour vous une loi éternelle.
Benno Gross Akadem
Lecture de la Meguila
Qui est le héros de Pourim ?
Qui est le héros de Pourim ? Les protagonistes et thématiques s’entremêlent dans le livre d’Esther. Les sages discutent quant à savoir ce qui constitue l’essentiel du message de Pourim. L’antisémitisme incarné par Haman, l’insoumission du juif Mardochée, le despotisme d’Assuérus ou la présence silencieuse du Grand Absent ?
Traité Meguila 19a Michna […] Où doit-on commencer la lecture du rouleau d’Esther pour être acquitté de son obligation ?
Rabbi Méir dit: tout le rouleau, depuis le début.
Rabbi Yehouda dit: à partir de « Un homme juif vivait à Suse la capitale et Mardochée était son nom » (Esther 2,5).
Rabbi Yossi dit: à partir de « A la suite de ces événements, le roi Assuérus éleva Haman » (Esther 3,1). Guemara Rabbi Chimon bar Yo’hai dit: à partir de « Cette nuit-là, le sommeil fuyait le roi » (Esther 6,1).
Selon Rabbi Yo’hanan les quatre opinions se réfèrent toutes au même verset « La reine Esther et Mardochée le juif écrivirent tous les hauts faits ». (Esther 9,29)
Pour celui qui dit qu’il faut lire depuis le début il s’agit des hauts faits d’Assuérus.
Pour celui qui dit qu’il faut lire depuis « Un homme juif » il s’agit des hauts faits de Mardochée.
Pour celui qui dit qu’il faut lire depuis « A la suite de ces événements » il s’agit des hauts faits de Haman.
Et pour celui qui dit qu’il faut lire depuis « Cette nuit-là… » il s’agit des hauts faits du miracle.
Recevoir de nouveau la Tora De Chavouot à Pourim : Un midrach enseigne le lien entre la fête de Chavouot et celle de Pourim de façon intéressante. A Chavouot, la Tora est imposée à Israël, à Pourim, dans le temps de l’exil, le peuple d’Israël accepte volontairement la Tora, en écrivant la Méguila sur un rouleau qui évoque le sefer Tora.
Traité Chabat page 88 a « Ils se tinrent sous la montagne »: Rav Avdimi fils de ‘Hama fils de ‘Hassa enseigne que ce verset nous apprend que le Saint, béni soit-Il, a renversé sur eux la montagne comme un fût. Il leur dit: si vous acceptez la Tora, c’est bien, sinon là sera votre tombeau. Rav A’ha fils de Yaacov dit: ceci constitue une grande contestation contre la Tora (et son accomplissement du fait de cette contrainte)!
Raba répond: malgré cela, la Tora fut acceptée à l’époque d’Assuérus, comme il est dit (Esther IX, 27) : « Les Juifs accomplirent et acceptèrent », c’est- à-dire ils accomplirent (volontairement) ce qu’ils avaient accepté (sous la contrainte au Sinaï).
Michaël Wygoda Akadem
Les obligations de Pourim : La joie partagée
Maïmonide énonce les trois obligations de la fête de Pourim.
S’enivrer autour d’un repas, partager des mets et aider l’indigent.
La tsedaka de Pourim se distingue néanmoins de celle réalisée le reste de l’année: il ne s’agit pas seulement de subvenir aux besoins matériels mais de permettre au démuni de se réjouir. On n’est pas regardant concernant l’argent à Pourim [on ne vérifie pas si la personne est réellement pauvre ou pas]. Plutôt, quiconque tend sa main pour recevoir [de l’argent], on lui donne. On n’utilise pas l’argent consacré à Pourim pour d’autres fonds de charité. 17. Il est préférable pour un homme de multiplier les cadeaux pour les pauvres plutôt que d’accroître son propre repas et les envois de mets à ses amis. Car il n’est pas de joie plus grande et plus remarquable que de réjouir le cœur des pauvres, des orphelins, des veuves et des convertis.
Car celui qui réjouit le cœur de ceux qui sont malheureux ressemble à la Che’hina (présence divine), comme il est dit: « réjouir l’esprit de ceux qui sont humbles et faire revivre le cœur de ceux qui sont brisés (Isaïe 57, 15). »
Rav Raphaël Sadin Akadem
Recette des oreilles d’Aman
Ingrédients Pour la pâte
– 150g de farine
– 75g de sucre – 75g de beurre ou margarine (ou 70ml d’huile)
– 1 œuf battu
– 1 cuillère à café de levure
– 1 pincée de sel – 1/2 citron
Pour les farces
– 175g de pavot – 80g de raisins secs – 40g de miel – 40g de confiture d’abricots
– ou autre confiture.
Chauffer son four à 185°C
POURIM SAMEAH