Titre choisi par Ronen Bergman dans Ynet :

« Les Héros israéliens qui ont déjoué les tentatives contre la vie d’Arafat ». 

Pourquoi on peut penser qu’il y a non-sens dans cet énoncé de ce qui va suivre : la vie d’Arafat s’est trouvée « menacée » à chaque fois que lui-même et ses sbires menaçaient l’Etat d’Israël, c’est-à-dire en permanence. Y compris lors de son embarquement dans le port de Beyrouth, quand cinq snipers l’ont dans leur ligne de mire, mais que Sharon a promis au Président américain de ne pas donner l’ordre. Cette fois, pour des raisons politiques (vis-à-vis aussi de Mitterrand) et non parce qu’un sniper aurait pu toucher par mégarde un marin français. 
Donc, la question n’était pas celle de l’élimination d’un homme ayant du sang juif sur les mains, mais celui du choix du moment opportun et du moyen, évitant des pertes collatérales.
Ce qu’on appelle l’éthique de Tsahal, la pureté des armes, y compris au sein des services les plus secrets, adeptes du passe-droit, agissant au-delà des règles et de la morale, s’est forgée et continue de s’adapter dans le conflit, l’adversité. Il y a débat sur ses limites, ses exceptions. En toutes circonstances, il faut un « avocat du diable », un dixième homme pour imaginer le pire. Pourquoi Eytan et Sharon n’auraient-ils pas pu adopter cette posture, quitte à être démentis au moment de l’action?
L’impatience de Rafael Eitan et d’Ariel Sharon à éliminer le dirigeant palestinien, à n’importe quel prix a été contrée par des officiers subalternes et supérieurs qui se sont dressés pour empêcher des opérations qui contenaient une potentialité évidente de mettre en danger des vies innocentes. David Ivry, Uzi Dayan, Aviem Sella, Amos Gilboa et d’autres sont les héros de cette affaire. 

Les tentatives continuelles pour tuer Yasser Arafat constituent une affaire qui mérite un livre entier à elle seule et découle d’une double-perception chez les Israéliens : d’abord et avant tout, qu’Israël doit tout faire, absolument tout, pour éviter d’avoir à mener des guerres longues ; pour reporter la prochaine guerre et le fait de partir en guerre, « seulement quand la lame de l’épée est au-dessus du cou », comme disait l’ancien Directeur du Mossad disparu, Meir Dagan. Au lieu de mener des guerres, il y a un besoin de se concentrer sur les opérations sous couvertures, profondément en territoire ennemi.

Deuxièmement, parce que le cours de l’histoire peut être modifié par l’élimination de dirigeants hostiles. Meir Dagan me l’a dit explicitement : « Je pensais que le liquider aurait changé le cours de l’histoire. Arafat n’était pas seulement un dirigeant palestinien, mais u genre des pères fondateurs de la nation palestinienne. L’éliminer aurait déclenché une grosse part de conflits internes à l’intérieur de l’OLP et entravé significativement ses capacités à prendre des décisions stratégiques à partir de ce moment-là ».

Arafat, 1987 (Photo: AP)

Arafat, 1987 (Photo: AP)

 

Mais, au-delà du fait d’élimier Arafat, cela soulevait la question du risque de blesser ou tuer des personnes innocentes autour de lui. Et c’est, de mon point de vue, la point le plus important dans toute cette histoire. Quand Yehoshua Sagi, Directeur des Renseignements Militaires, a entendu, au début 1982,qu’Israël était sur le point du tuer Arafat et tous ses assistants dans une énorme explosion, qui aurait pu affecter des gens innocents, il s’est rendu chez le Vice-Ministre de la Défense Mordechai Tzipori, le rival d’Ariel Sharon et l’a convaincu de se rendre auprès du Premier Ministre Menachem Begin, son ancie patron au sein de l’organisation clandestine de l’Irgoun pour le persuader d’annuler l’opération.

Au cours de la guerre, le Lieutenant-Colonel Uzi Dayan a pris le commandement de la force d’intervention Salt Fish (Poisson Salé), quqi est intervenue dans l’encerclement de Beyrouth pour traquer Arafat et fournir aux forces aériennes sa localisation avec pour objectif de la bombarder.  Uzi Dayan était assez hésitant : « Arafat a été sauvé par deux facteurs : son interminable chance de toujours s’en sortir et moi-même

Je pensais qu’Arafat était une cible légitime, mais une de celle qui justifie n’importe quel moyen. Si je voyais cela comme impliquant la mort de nombreux civils, même si nous savions qu’Arafat se trouvait là, je n’étais pas d’accord de les laisser poursuivre le projet de bombardement.

Raful (Rafaël Eitan, le chef d’Etat-Major) avait l’habitude d’exploser de colère. Il m’a téléphoné et m’a dit : « J’entends que tu as des informations sur tel et tel endroit. Pourquoi les avions ne volent-ils pas encore pour y aller? » Je lui ai alors répondu que c’était impossible à cause de la concentration de gens autour de lui. Raful m’a dit : « Oublie cela. J’en prends la responsabilité ». Je n’étais pas préparé à le permettre. Ce n’est pas Raful qui allait m’apprendre l’éthique de la guerre.

« A un stade ultérieur, le chef d’Etat-Major m’a rappelé que je n’avais pas l’autorité  suffisante pour décider s’il fallait ou pas larguer ue bombe. Tout ce que j’avais à faire était de signaler quand la cible était mûre, du simple point de vue des renseignements disponibles. A partir de là, chaque fois que nous apprenions que le bombardement déboucherait sur des pertes civiles massives, nous signalions que la cible n’était pas mûre, sous l’angle des renseignements disponibles ».

Sharon, weeks before his passing

Sharon, quelques semaines avant sa mort. 

 

Après la guerre, quand Sharon qui était tellement impatient de mettre un terme à la carrière terroriste et à la vie d’Arafat « le chien », a donné l’ordre aux forces aériennes d’abattre les avions qui transporteraient le Raïs palestinien, un groupe d’officiers de l’IAF a tous simplement décidé que cela n’arriverait pas de cette manière-là.

« Je suis allé rencontrer Eitan », déclare Aviem Sella. Je lui ai dit : « Chef d’Etat-Major, nous n’avons pas l’intention de faire ça. Ca n’arrivera pas, tout simplement. Je comprends que le Ministre de la défense a la position dominante sur cette question. Personne n’ose se confronter à lui, et par conséquent, nous ferons en sorte que cela devienne techniquement impossible ». Raful m’a regardé et n’a jamais rien dit. J’ai pris son silence pour un consentement ».

Chaque fois qu’un avion transportant Arafat était détecté, Sella déclenchait une série d’actions qui rendait l’opération impossible. En même temps, Sharon a commencé à avoir des ennuis avec la commission d’enquête chargée d’enquêter sur le massacre par les milices chrétiennes d’Hobeika, des Palestiniens du camp de réfugiés du quartier de Sabra et Shatila au Liban, et il était assez distrait concernant l’opération prévue, « qui s’est effacée d’elle-même avant qu’on ne l’annule complètement ».

La conclusion est qu’il s’agit d’un sujet jamais clos sur l’éthique au combat et les capacités à préserver les valeurs morales dans la lutte à mort. Le désir fort -et c’est un euphémisme- de Raful et Sharon (ainsi que celui de Begin, selon le secrétaire militaire de Sharon lui-même, Oded Shamir) – de tuer Arafat à n’importe quel prix, a été contrecarré par des officiers subalternes et supérieurs qui ont entravé -soit par des paroles soit des actions- par leur présence et empêché des opérations qui auraient potentiellement mis en danger des vies innocentes. David Ivry, Uzi Dayan, Aviem Sella, Amos Gilboa et d’autres sont les héros de cette affaire.

Ronen Bergman|Publié le :  01.27.18 , 23:53

ynetnews.com

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Franck DEBANNER

Sans la moindre hésitation, nous pouvons comparer ces « héros d’Israël », à Shaoul Hamelekh. Shaoul avait l’ordre divin de détruire amalek. Il l’a épargné. Apportant ainsi des malheurs sur Israël.

Loin d’être fier comme l’abruti qui a rédigé ce papier,, l’attitude des saboteurs de la destruction du meneur des déchets, fait monter en moi, la fureur et la haine contre cette vermine gauchiste qui cancérise Israël.

Alors oui, à quoi bon avoir été de vrais héros, si ensuite, on sabote tout en refusant de finir le devoir ?

Je ne vis pas en Israël, contrairement à ces centaines de milliers de gauchistes qui eux se battent, font les milouïm, etc. etc. Mais vraiment parfois je me dis que ça vaut mieux car en Israël je serai en prison pour « extrémisme de droite ». Enfin, lentement mais inéluctablement, cela change. Dans moins d’une génération, tous les officiers d’Israël n’auront qu’un désir : liquider les déchets nazislamistes. Et pour les abrutis, je précise que les déchets nazislamistes, ce ne sont ni les arabes en général, ni les musulmans en général, mais seulement ceux qui ont la haine des Juifs qui les poussent à nuire. Certains parfois, rarement certes, sortent de cette haine. Mais quand ils sont devant nous avec cette haine, nous avons le devoir de les tuer.

Donc, loin d’être un exemple de morale, ces soi-disant héros d’Israël, sont des nuisance qui ont perpétué le terrorisme antijuif, en décidant tous seuls, contre l’opinion des dirigeants et même de la Torah, qu’il ne fallait pas détruire les déchets. Cette faute lourde de ces cons ne doit pas être oubliée. Merci à Jforum de l’avoir rappelé.