Ozar Hatorah; douze ans, déjà

Douze ans. C’est peu et beaucoup en même temps. Chacun garde en mémoire le massacre perpétré par Mohammed Merah, à Toulouse, le 19 mars 2012, mais, avouons-le, nos souvenirs sont flous. Qui a retenu le prénom des victimes du « tueur au scooter » ? Qui se rappelle qu’il a évoqué les « enfants palestiniens » pour justifier son forfait ? Certes, les attentats djihadistes se sont enchaînés, depuis, à vitesse grand V et les cadavres se sont entassés, mais cette tuerie aurait dû imprimer nos mémoires à jamais. Ce n’est pas tous les jours qu’un enseignant et des enfants sont massacrés dans la cour d’une école.

Le petit Arié, 5 ans, fut le premier à tomber, fauché par une rafale de mitrailleur. Son frère Gabriel, 3 ans, rampait au sol, la tétine à la bouche, lorsqu’il fut abattu à bout portant. Myriam, 8 ans, tenta de s’enfuir, mais elle trébucha sur son cartable et fut rattrapée par l’islamiste qui la saisit par les cheveux avant de l’exécuter d’une balle dans la tête…

Une étrange amnésie collective
Il y a douze ans, déjà, l’attentat d’Ozar Hatorah n’avait pas provoqué l’indignation et le sursaut mérités. Il ne suscita aucune mobilisation de la jeunesse française. Nul appel des people et demi-célébrités à battre le pavé. Les enfants étaient juifs et l’assassin musulman. Ceci explique sans doute cela. Les visages des premiers furent vite oubliés, le nom du second fut sanctifié dans les quartiers, tandis que son idéologie fut mise sous le tapis par les experts en sociologie. Dès le lendemain de la tuerie, il s’en trouva un pour affirmer, dans Le Monde : « L’antisémitisme est moins présent aujourd’hui en France. » Ce phénomène de scotomisation s’intensifia encore dans les années qui suivirent et les victimes de « l’affaire Merah » s’effacèrent bientôt complètement des mémoires. En 2016, l’attaque au camion-bélier sur la promenade des Anglais fut ainsi décrite par l’ex-secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, Juliette Méadel, comme « le premier attentat qui a volontairement touché des enfants ». Quatre ans plus tard, la décapitation de Samuel Paty fut présentée comme la première attaque djihadiste contre un enseignant.

Que peut signifier cette amnésie collective, sinon que, loin d’avoir oublié que des Juifs furent ciblés et tués en tant que Juifs, notre inconscient a occulté le fait que ce sont des enfants français qui furent assassinés ? Au lieu d’en renforcer le caractère scandaleux, la dimension antisémite du crime l’a au contraire allégé, comme si ces trois enfants juifs étaient des Juifs avant d’être des enfants. Et que des Juifs soient tués pour le seul fait d’être juif, n’est-ce pas un peu dans l’ordre des choses ?

La banalisation de l’antisémitisme
L’antisémitisme est devenu une banalité qu’il n’est plus urgent de dénoncer. Les Français s’y sont accoutumés. De glissements en reculades, de censures en aveuglements, nous sommes passés de l’insulte au vol, du vol à l’agression, de l’agression au meurtre, du meurtre au pogrom. « On tue des Juifs dans notre pays avec une facilité déconcertante, observe Patrick Klugman, avocat de plusieurs parties civiles au procès des attentats de janvier 2015 et ancien président de l’Union des étudiants juifs de France. Les assassinats de Juifs sont devenus tellement « rituels » que ce sont les seuls que l’on n’interroge plus. » Le sort médiatique réservé aux victimes du 7 octobre 2023 illustre encore cette indifférence grandissante à l’antisémitisme. En 2006, déjà, l’atroce calvaire d’Ilan Halimi aurait dû révulser la nation tout entière, mais le choc de ce qui fut présenté alors comme un « fait divers » ne fut pas à la hauteur de l’événement. Le jeune homme fut enfermé trois semaines au fond d’une cave pour y être battu, tondu, torturé, puis arrosé d’essence et brûlé à 80 %, mais l’attention médiatique qui suivit la découverte de son corps nu et agonisant, le long d’une voie ferrée, ne dura pas plus de quelques jours.

Le tabou de l’islamisme
« L’antisémitisme, ça a disparu », déclara le journaliste politique Jean-Michel Aphatie sur France 2, le 29 avril 2023. Après avoir fait de l’antinazisme un bruyant fonds de commerce, la presse de gauche est aujourd’hui sourde à la souffrance juive. Elle n’en finit plus de condamner le pétainisme et les crimes de Vichy mais refuse d’entendre parler d’antisémitisme islamique. Elle fait mine d’ignorer que depuis 1945, tous les assassins antisémites de Juifs français s’avèrent être musulmans. Cette réalité incontestablement documentée a ainsi été largement sous-estimée par une élite qui préfère feindre la surdité que d’écorner le mythe d’un vivre ensemble apaisé.

Source : bvoltaire.fr – Par Jean Kast

Mohammed Merah : douze ans, déjà

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