Nasso: La Bénédiction des Cohanim/Prêtres

par Caroline Elishéva REBOUH Juin 2019

 

Après avoir reçu la Torah le jour de la fête de Shavouoth, la sidra suivante est celle de NASSO. Cette lecture inclut des sujets importants comme celui des sacrifices que les « Princes » (les Nessiim) des 12 tribus doivent présenter mais, sont également abordés des sujets tels que la bénédiction des Cohanim et le sujet épineux de la femme infidèle.

Nous allons essayer de nous pencher sur ces deux points, l’un qui est empreint de mystère et l’autre qui, bien qu’il ne soit plus en usage, est malheureusement, toujours d’actualité.

BIRKAT HACOHANIM: La bénédiction pontificale ou bénédiction du Cohen. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut définir brièvement ce qu’est une bénédiction, quand et en quelle circonstance la prononce-t-on ? Qui est apte à faire une bénédiction ?

HaShem a créé un monde avec tout ce qu’il renferme et, bien qu’IL en soit toujours le Propriétaire, nous, les êtres humains, en avons la jouissance entière.

La démarche fixée par les Sages est de prononcer une avant la jouissance de chaque acte, comme manger, voir quelqu’un ou quelque chose d’extraordinaire, sentir un parfum, entendre le tonnerre, voir des éclairs, un arc-en-ciel et bien d’autres choses encore et, lorsque l’on a terminé un repas, on prononce une bénédiction plus longue pour remercier le Créateur d’avoir permis à Ses créatures de se sustenter.

Pour ce genre de bénédictions, l’homme n’a recours qu’à lui-même mais, pour d’autres, l’homme préfère faire appel aux mérites d’un rabbin (rav) car, il est indubitable qu’une bénédiction prononcée par un homme qui consacre son temps à étudier et à enseigner, possède davantage de pouvoir, que notre demande adressée directement à D.

HaShem a conféré aux Cohanim, le pouvoir de transmettre Sa bénédiction à tout Son peuple.

C’est ainsi que dans certaines synagogues, chaque jour, à la fin de la répétition de la « Amida » ou shemona essré de l’office du matin et de l’après-midi (shaharith et minha) et le shabbat et les fêtes, à la fin de moussaf, les cohanim présents dans la synagogue, après s’être déchaussés et s’être lavé les mains, se recouvrent de leur talith et étendant leurs bras et en écartant leurs doigts selon la Tradition prononcent la triple bénédiction en se tournant vers la droite ou la gauche (lorsqu’ils prononcent les mots de la berakha qui se terminent par un khaf sofit), ou en restant immobiles (lorsqu’ils prononcent le nom d’HaShem) et face à l’assistance, qui doit se recueillir et se concentrer sur les pouvoirs extrêmes de cette bénédiction céleste sur les humains.

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Les mots de la birkat Cohanim sont les suivants : yévarékhekha HaShem Veyshmerékha ; Ya’er panav élékha vihounéka ; yssa HaShem panav elekha veyassem lekha shalom puis ils terminent par vessamou eth shemi al bené Israël vaAni avarekhem.

La signification en est: Qu’HaShem te bénisse et te protège, Qu’HaShem t’éclaire de Son « visage » et qu’IL t’accorde Sa miséricorde (vihounéka vient plutôt du mot « hen » qui équivaut à grâce, qu’HaShem tourne Sa face vers toi et qu’IL pose sur toi le Shalom (qui est aussi l’un des noms de D.).

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Ces trois phrases comptent 15 mots qui sont en fait les quatorze phalanges des 5 doigts de la main et la paume de la main !

Les Cohanim pendant les quelques instants que dure cette berakha, veilleront à camoufler légèrement leurs doigts écartés et les fidèles veilleront à ne pas fixer les mains des cohanim, pour ne pas être « éblouis » par la puissance de ces mots.

La première des trois bénédictions concerne l’argent et la protection ; et, pour ce qui est de la dernière phrase qui indique que le shalom sera sur les bené Israël tout comme HaShem a protégé et béni les enfants de Jacob au moment de la sortie d’Egypte tout comme au moment où HaShem a consacré Son peuple comme « Son épousée ».

Caroline Elishéva REBOUH

 

Lorsque les Cohanim récitent la bénédiction sacerdotale (Bamidbar  6, 23 et suivants), ils doivent obligatoirement être déchaussés (Choul‘han ‘aroukh Ora‘h ‘hayyim 128, 5).

Cette obligation du déchaussement n’est pas sans en rappeler d’autres, prescrites dans les textes bibliques. Leur motivation est diverse, parfois même contradictoire.

C’est ainsi que l’on peut rapprocher le déchaussement des kohanim de celui qu’a ordonné Hachem à Moïse lors de l’épisode du buisson ardent (Chemoth 3, 5), de celui prescrit à Josué par « le chef de l’armée de Hachem » (Josué 5, 15), ainsi que de celui que nous devons observer pendant Yom kippour. Il s’agit, dans tous ces cas, d’une marque de respect envers la sainteté, celle du moment ou celle du lieu.

Le déchaussement peut également comporter une connotation de condescendance ou de dédain, comme dans la cérémonie de ‘halitsa, où la femme que son beau-frère a refusé d’épouser lui ôte la sandale de son pied et lui crache à la figure (Devarim 25, 9).

Tout différent est le sens de deuil que comporte parfois le déchaussement, comme celui que pratiquent les affligés pendant les sept jours qui suivent l’inhumation du défunt, ou comme celui que nous portons tous pendant le jeûne du 9 av.

Cette façon de nous affliger correspond très exactement, mais a contrario, à l’ordre donné par Hachem au prophète Ezéchiel à la mort de sa femme : « Gémis en silence : tu ne feras point le deuil des morts. Enroule ton turban sur toi, et mets tes sandales à tes pieds, et ne couvre pas ta barbe, et ne mange pas le pain des hommes » (Ezéchiel 24, 17).

Jacques KOHN

10 choses à savoir sur la Bénédiction des Cohanim

 

Rav David Cohen, Roch Yéchivat ‘Hévron, rapporte des propos du Gaon Rav Steinman : « Il est très fréquent que des visiteurs viennent me voir pour divers problèmes, ils demandent à obtenir des bénédictions, et très souvent, ils sont prêts à voyager loin dans ce but, même s’ils n’ont aucune garantie de l’effectivité des Brakhot de ceux qui les bénissent. Ils ne font pas attention au fait que tout près de chez eux, chaque jour, ils peuvent bénéficier d’une Brakha garantie par le Saint béni soit-Il, qui apporte de nombreux bienfaits », affirme le Rav Steinman, tout en éclaircissant ses propos : « C’est la Brakha récitée tous les jours par les Cohanim… Pourquoi ne pas faire l’effort de rechercher le mérite de la bénédiction des Cohanim ?! ».

10 faits sur la bénédiction des Cohanim

1. Commandement de la Torah pour les Cohanim de bénir le peuple juif : cette Brakha figure dans la Torah dans le cadre de la Mitsva donnée aux Cohanim de bénir les Bné Israël. La Brakha est composée de trois versets, d’où son autre appellation, « la triple bénédiction. »

La bénédiction est récitée de nos jours au cours de la reprise par l’officiant de la prière de la ‘Amida, entre « Hamodim » et « Sim Chalom ».

Les Cohanim accomplissent alors la Mitsva d’étendre les paumes en récitant la Brakha, leurs bras étendus en direction de l’assemblée.

Les versets de la bénédiction des Cohanim servent de Brakha aux Juifs en d’autres occasions, par exemple lors du Pidyone Haben, le rachat du premier-né.

2. La source : La source de cette Brakha apparaît dans le Livre de Bamidbar : « L’Eternel parla à Moché en ces termes : « Parle ainsi à Aharon et à ses fils. Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël, vous leur direz : Que l’Eternel te bénisse et te protège, que l’Eternel fasse rayonner Sa face sur toi et te soit bienveillant. Que l’Eternel dirige Son regard vers toi et t’accorde la paix ! ». Ils imprimeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël et Moi Je les bénirai ».

3. Le Saint béni soit-Il bénit Lui-même le peuple : Dans le Midrach Tan’houma (Nasso 8), il est ramené : « Lorsque les Bné Israël ont entendu le Saint béni soit-Il dire : « Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël », l’assemblée d’Israël s’adressa au Saint béni soit-Il : « Maître du monde ! Tu demandes aux Cohanim de nous bénir ? Nous n’avons besoin que de Ta bénédiction, d’être bénis par Ta bouche, comme il est dit : Jette un regard du haut des cieux, Ta sainte demeure, et bénis Ton peuple Israël. » Le Saint béni soit-Il leur répondit alors : « Bien que j’aie demandé aux Cohanim de vous bénir, Je suis parmi eux et vous bénis, comme il est dit : Ils imprimeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël et Moi Je les bénirai » ».

4. La Présence Divine repose sur les Cohanim au moment de la bénédiction : L’usage est de ne pas regarder les Cohanim au moment de la bénédiction, dans le sillage des propos de nos Sages, selon lesquels toute personne qui regarde les Cohanim lors de la récitation de la Brakha, voient leurs yeux s’assombrir (à savoir que leur vision s’amoindrit), car la Présence Divine repose sur les Cohanim au moment de la Brakha. C’est pour cette raison que les Cohanim s’enveloppent d’un Talith et recouvrent leur visage et leurs mains. Certains pères présents dans l’assemblée recouvrent leurs fils du Talith pendant la Brakha.

5. Ségoula contre un mauvais rêve : Puisque cette bénédiction nous a été donnée directement de la bouche de D.ieu, nous n’avons pas à notre disposition les outils pour mesurer les Ségoulot et l’immense bénéfice pour nous, le peuple d’Israël. Dans les écrits de nos Sages, plusieurs détails ont été révélés sur ce thème, en particulier le fait de répondre Amen à la bénédiction pour dissiper l’effet d’un mauvais rêve.

Dans la Guémara (Brakhot 55, 2), il est rapporté que si l’on est perturbé par un rêve que l’on a fait la nuit, sur soi ou ses enfants, on récitera à la synagogue la formule de la prière spéciale pour dissiper un rêve, au moment où les Cohanim étendent leurs paumes, et on aura l’intention de finir sa prière en même temps que les Cohanim, pour que le « Amen » répondu par l’assemblée serve également à sa prière. Le Méiri explique que la raison pour laquelle nos Sages ont choisi ce moment favorable pour l’acceptation de nos prières tient à ce qu’en ces instants, le public est le plus concentré, et cet Amen est récité avec plus de concentration que les autres Amen de la prière.

Nos Sages s’expriment encore dans le Midrach (Chir Hachirim Rabba 3, 11) sur les termes du verset : « Chacun porte le glaive au flanc, à cause des terreurs de la nuit », que si un homme voit en rêve une épée qui sort de sa jambe, que fera-t-il ? Il ira à la synagogue, lira le Chéma’, priera, et écoutera la bénédiction des Cohanim, à laquelle il répondra Amen, et alors il lui est assuré que rien de mal ne lui arrivera.

D’après le Midrach, l’auteur du Torat ‘Haïm de Kassov a trouvé une source merveilleuse aux propos de Yossef Hatsaddik adressés aux ministres des vins et le panetier, lorsqu’ils lui ont demandé de l’aider à élucider leur rêve : « Les solutions sont entre les mains de D.ieu, relate-les moi, de grâce ».

Les termes de « Na Li, de grâce », écrit le Torat ‘Haïm, forment en valeur numérique le terme d’« Amen », une allusion au Amen auquel on répond après la Brakha des Cohanim, c’est une grande Ségoula pour atténuer les décrets apparus en rêve.

6. En terre sainte, les Cohanim récitent cette bénédiction tous les jours : Les jours ordinaires, la Brakha des Cohanim n’est récitée qu’à la prière du matin, à Cha’harit, et à Moussaf les jours où la prière de Moussaf est récitée.

Les jours de jeûne, on récite également la bénédiction des Cohanim à Min’ha, car on ne craint pas que les Cohanim aient bu du vin avant la Brakha. Mais à Yom Kippour, l’usage est de s’abstenir de réciter la Brakha des Cohanim à Min’ha, mais de la réciter uniquement à Né’ila.

7. A l’étranger, les coutumes varient sur la récitation de la Brakha des Cohanim : Les Ashkénazes de l’étranger et les Séfarades d’Europe occidentale (à part à Amsterdam) ainsi que le Minhag Loubavitch à l’étranger suivent l’usage de réciter la Brakha des Cohanim uniquement pendant les fêtes et non pendant les jours de semaine, ni le Chabbath. La raison de cette coutume, qui annule l’accomplissement d’une Mitsva, tient à ce que la vraie joie ne s’exprime que dans les fêtes, et on ne peut bénir le peuple en l’absence de joie.

8. En l’absence de Cohanim à la synagogue, l’officiant récite la bénédiction : En l’absence de Cohanim sur le lieu de la prière, pour une prière récitée en présence d’un quorum de dix hommes, l’officiant lit une brève introduction avant la Brakha, puis lit verset par verset la formulation de la bénédiction, et l’assemblée répond après chaque verset « Ken Yéhi Ratson ».

C’est l’usage également lorsque la bénédiction des Cohanim n’est pas récitée pour diverses raisons, comme dans la maison d’un endeuillé ou dans les lieux où l’usage n’est pas de la réciter chaque jour.

Lorsqu’un Miniyan se forme composé uniquement de Cohanim, tous montent sur l’estrade pour réciter la Brakha, même s’il n’y a personne dans l’assemblée hormis eux pour bénéficier de leur Brakha ; « Qui bénissent-ils ? Leurs frères juifs affairés dans les champs ». (Traité Sota, 38b)

9. Chaque personne qui prie seule récite la bénédiction chaque matin : Après les bénédictions de la Torah, récitées tous les matins avant d’étudier la Torah, l’usage est de réciter les versets de la bénédiction des Cohanim, telle une étude de la Torah renfermant un message positif et béni.

10. La Brakha des enfants : D’après un usage courant, les pères bénissent (et dans une partie des communautés – les mères) les enfants le soir de Chabbath et à Yom Kippour avec les versets de la Brakha des Cohanim.

Dans certaines communautés, le Minhag (coutume) s’est ancré par lequel les parents bénissent leurs enfants par la Brakha des Cohanim avant un voyage vers une contrée lointaine ou avant d’entreprendre une action dangereuse.

www.torah-box.com

 

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