Le 30 octobre 2016, le membre du Conseil législatif palestinien Mohammed Dahlan a accordé une interview exhaustive à l’agence de presse palestinienne Ma’an depuis un hôtel du Caire, où il séjournait avec certains de ses proches collaborateurs. Dahlan, qui au début de 2011 avait été limogé de l’Autorité palestinienne (AP), car soupçonné d’œuvrer à l’expulsion le président Mahmoud Abbas, a officiellement été exclu du Fatah et réside actuellement dans les Emirats arabes unis (EAU) avec sa famille.

Ces derniers mois, plusieurs médias arabes ont rapporté que le Quartet arabe [Egypte, Arabie saoudite, EAU et Jordanie] entendait faire nommer Dahlan au poste de successeur d’Abbas, après avoir entrepris de réconcilier les deux hommes. Jusqu’ici, ces tentatives ont échoué, Abbas refusant de permettre à Dahlan de revenir au Fatah, et soutenant que les Palestiniens ne permettront à personne de s’immiscer dans leurs affaires [1].

Dahlan a souligné dans l’interview qu’il ne se voyait pas candidat à la présidence, et qu’il soutenait même l’élection de Marwan Barghouti, mais seulement par le biais d’un vote démocratique, et non par des méthodes douteuses, comme une nomination d’Abbas.

Dahlan a confié qu’il aimerait se réconcilier avec Abbas, mais que tous les efforts en ce sens avaient jusqu’alors été vains. Concernant les initiatives pour l’éloigner, lui et ses associés, du Fatah, Dahlan a affirmé : « Le Fatah n’appartiendra jamais à personne. » Il a refusé de dire ce qu’il ferait si la septième conférence du Fatah se tenait sans lui ou ses associés, mais a précisé qu’il suivait le cours des événements et réagirait de manière appropriée en temps voulu. Il a ajouté : « Les données individuelles disparaissent avec les individus tandis que les données patriotiques demeurent et se déploient dans les cœurs. »

Accusant Abbas d’utiliser les mêmes méthodes que Staline et que le président turc Erdogan, il a soutenu que les dirigeants de l’AP étaient responsables de la sombre situation en Cisjordanie, en raison de leur faiblesse, de leurs politiques défaillantes et de leur obsession des affaires partisanes internes, conduisant le public palestinien à perdre confiance en son leadership politique. Le secret de l’immortalité du Fatah est « le dévouement et le sacrifice de soi », a-t-il affirmé, ajoutant que c’est pourquoi il se redressera.

Selon Dahlan, les opérations de « résistance » en Cisjordanie, notamment à Jérusalem, ne se sont pas transformées en véritable Intifada car elles n’ont reçu ni appui ni soutien financier de la part des dirigeants de l’AP ou d’autres grandes organisations palestiniennes. Il a estimé que la situation actuelle à Jérusalem et en Cisjordanie ne pouvait pas durer, prédisant un soulèvement populaire qui aurait de dangereuses conséquences.

Concernant Gaza, Dahlan a considéré que la situation économique et sociale y était très tendue et pourrait exploser, plongeant la région dans une situation encore bien pire et plus douloureuse. Il a toutefois exprimé l’espoir que l’Egypte se montrerait clémente face aux difficultés endurées par Gaza.

Dahlan a appelé les dirigeants du Fatah et de l’OLP à œuvrer à une véritable unité palestinienne et à accueillir le Hamas et le Jihad islamique au sein de l’OLP. Reconnaissant opérer dans des camps de réfugiés au Liban, il a déclaré que la situation aurait été différente si les dirigeants du Fatah et de l’OLP remplissaient leurs obligations envers les réfugiés de ces camps. Il a qualifié ces camps de « bastions de la ténacité et [de] boucliers qui protègent la sécurité et l’honneur de notre peuple ».

Au sujet du processus politique, Dahlan a estimé que l’ère des négociations était révolue et que seule une implication internationale résolue pourrait amener une issue.

[1] Pour plus d’infos : Tension Between Mahmoud ‘Abbas, Arab Quartet Over Initiative For Internal Reconciliation In Fatah, 27 september 2016.

MEMRI

 

Congrès du Fatah: les opposants à Abbas frappent fort

C’est ce mardi 29 novembre que s’ouvre à Ramallah le 7e congrès du Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas. 1 300 représentants du parti nationaliste palestinien sont réunis jusqu’à la fin de la semaine. Alors que le processus de paix avec Israël est au point mort, le mouvement n’a jamais semblé aussi divisé et affaibli. Plusieurs dizaines de militants ont été exclus officiellement pour manque de loyauté à Mahmoud Abbas. Ces opposants de l’intérieur réclament le départ du chef de l’Autorité palestinienne qui a fêté ses 81 ans cette année. Reportage.

Avec notre correspondant à Ramallah,  Nicolas Ropert

Dans le bureau de Jihad Tomaleh, des drapeaux du Fatah, mais pas de portrait du président palestinien Mahmoud Abbas. Ce député du parti nationaliste a été exclu il y a moins d’un mois de sa formation pour avoir, selon lui, réclamé des réformes.

« Nous plaidons pour que le pouvoir ne soit plus dans les mains d’une seule personne. Le président actuel est à la tête de l’Organisation de libération de la Palestine, de l’Autorité palestinienne et du Fatah. Il concentre tous les pouvoirs. Nous réclamons aussi que les membres exclus soient réintégrés, au premier rang desquels Mohammed Dahlan pour que notre mouvement soit de nouveau réuni », explique Jihad Tomaleh.

Mohammed Dahlan est l’absent dont tout le monde parle dans les rangs du Fatah. Ancien responsable de la sécurité à Gaza, il est devenu l’opposant numéro un à Mahmoud Abbas depuis qu’il a été contraint de s’exiler aux Emirats arabes unis.

Dimitri Diliani a, lui aussi, été exclu du Fatah pour avoir affirmé soutenir l’ennemi juré de Mahmoud Abbas. « Nous n’avons aucune liberté d’expression. Des gens sont arrêtés exactement comme le font les Israéliens, uniquement à cause d’un message sur Facebook ou d’une conférence de presse. Ceux qui déragent le pouvoir sont immédiatement écartés. On ne parle pas de gens qui ont fait quelque chose d’illégal, simplement de personnes qui expriment leurs divergences. Quand tous les pouvoirs sont réunis dans une seule main, qu’est-ce qui peut vous arriver ? », demande Dimitri Diliani.

Selon ces opposants internes, ce 7e congrès du Fatah n’est que le moyen pour le pouvoir de faire le ménage au sein du parti.

 RfI 

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