A cours d’argument, les LFI n’ont plus comme arme que la provocation, la haine et l’antisémitisme à offrir comme marque de fabrique. Ils n’arrêtent plus d’éructer, leur colère de se voir mis de plus en plus à l’écart du jeu politique. Le PS et les Verts ont quitté le radeau de la Méduse, ont coupé les ponts avec Mélenchon qui n’a que les réseaux sociaux pour s’exprimer, et quelques affiches provocatrices. Il s’est cru dans le vent, mais il n’avait pas compris qu’il l’emporterait. Il a fini par chassé le reste de la classe ouvrière vers le RN, vers un Jordan Bardella gentil, poli, et bien sur lui. Ce qui est étonnant c’est qu’il n’ait pas fait d’affiche « Bardella vote ! Et vous ? », par contre il s’attaque à ceux qu’il croie être les responsables de sa descente au enfers, en évitant de se remettre en cause.

« Nathalie Saint-Cricq vote. Et vous ? » « Christophe Barbier vote. Et vous ? On s’inscrit sur les listes électorales et on vote insoumis ! » Il est aisé de s’indigner des ignobles affiches de campagne de La France insoumise pour les élections européennes de juin. Mais l’indignation est infertile. Une fois qu’on a crié, la crasse demeure. Mieux vaut y mettre les mains. De quoi la méthode qui consiste à désigner des journalistes est-elle le nom ?

D’une réduction des journalistes à leurs opinions présumées. Du refus que les journalistes soient des individus libres dont les sensibilités varient au gré des sujets. Dans le droit-fil du vieux projet mélenchonien d’afficher les orientations politiques des chroniqueurs TV, ou du rapport ubuesque de François Jost, qui préconise l’examen du pedigree moral et intellectuel de l’ensemble des collaborateurs de CNews, LFI prétend étiqueter, une fois pour toutes, les journalistes comme on le fait des bestiaux, selon l’origine, le lieu de naissance, celui d’élevage, voire le numéro de lot… avant de les envoyer à l’abattoir.

D’une mauvaise compréhension de Marx (aux yeux de qui toute opinion est l’effet de nos déterminations sociologiques) qui culmine dans un procès d’intention : au lieu de s’interroger sur les rapports de force qui forment nos discours, LFI fait au locuteur le procès de son identité fantasmée : tu nous critiques, donc tu es un défenseur du système ! CQFD.

D’un châtiment par la foule. Les journalistes que LFI montre du doigt ont simplement commis l’erreur de faire le travail de pédagogues, d’éclaireurs et, au besoin, de critiques. Mais qu’importe ? S’ils éreintent LFI, ce sont des ennemis du peuple qu’il faut donc traiter comme tels. Par le lynchage.

D’une nostalgie de la dictature. Si LFI était au pouvoir, ses séides n’hésiteraient pas à enfermer les journalistes qu’ils menacent aujourd’hui. Mais comme LFI n’a pas les moyens, contrairement à son modèle russe, d’enfermer ou d’exécuter ceux qui osent ne pas l’approuver, c’est le « bouc-émissariat », la dénonciation publique et la vindicte populaire qui lui tiennent lieu de prison d’État.

Du postulat que « les riches » (sauf Mélenchon), « les racistes » (sauf Taha Bouhafs) ou encore « les golfeurs » (mais pourquoi ?) ne voteront jamais pour eux. Autrement dit, d’une réduction du « peuple » (soit l’ensemble d’une population) à la « masse », c’est-à-dire aux seuls gens dont LFI courtise les voix. Or c’est la quintessence de la démagogie : parler à certains et non à tous, identifier le peuple à ses seuls électeurs aux dépens des autres, bref, scinder la société pour gratter des suffrages.

Enfin, d’un trumpisme bien français. Après avoir, comme Trump, systématiquement contesté le résultat des élections, après avoir applaudi des séditieux qui enfonçaient la porte d’un ministère, après avoir refusé de condamner des violences urbaines, LFI, copycat du milliardaire américain, attaque frontalement la presse et ses représentants, en les accusant d’être les gardiens du pouvoir en place – et bientôt, peut-être, de « l’État profond ». Quelle différence entre les affiches de LFI, qui livrent des journalistes à la fureur collective, et Trump, qui se met en scène en train de casser la figure de CNN en personne ? Aucune, sinon que Trump est dangereux, alors que Mélenchon est pathétique. 

JForum.fr & Raphaël Enthoven

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Richard MALKA

Parallèle entre Trump et Mélenchon ???? c’est une plaisanterie de mauvais gout.
Trump représente une bonne majorité d’américains lucides et clairvoyant quand Mélenchon représentent une bande de frustré antisémite et surfent sur sa vision de la mondialisation etc…..
Quand l’extrême centre fait de telles comparaisons, on se demande au final qui est le plus dangereux !!!

Jean-Jacques Amerein

Bonsoir M. Richard Malka, je me permets de vous préciser que les LFI, comme vous les dénommez, ne me paraissent pas du tout antisémites, leurs propos s’apparentent plus à une opposition à l’action extrémiste des sionistes-religieux qui influent, sinon soutiennent Netanyahou dans sa guerre d’anéantissement des habitants de la bande de Gaza.
Cette guerre n’a pas démarré le 7 octobre 23, son départ date de 1948, c’est une longue histoire, j’en conviens, mais personne sur ce forum ne solutionnera ce problème avec des propos insultants.
Par ailleurs, à la décharge de Panot, comment situer la Palestine quand Israël est sans cesse à repousser les frontières à coups de bombardements et avec des chars d’assaut ?

Richard Malka

En d’autres termes vous plaidez pour la destruction d’Israël, à part cela rien d’antisémite, d’extrême gauche ou de nazislamiste !!!! La majorité des français ont compris à qui ils ont affaire avec vous.