
En douze ans, onze juifs ont été assassinés parce que juifs, en France. Comment a évolué l’état d’esprit des communautés juives pendant cette période ?
Lorsque Ilan Halimi a été torturé et tué dans les conditions horribles que l’on sait, en 2006, j’avais réagi en disant, dans une expression qui m’avait peut-être échappé : « C’est le premier meurtre antisémite du XXIe siècle. » Comme si quelque chose m’avait poussé à commencer à comptabiliser cela, comme si je pressentais qu’il y en aurait d’autres – ce que bien évidemment j’ignorais en 2006.
Quels facteurs vous avaient conduit à dire cela ?
Depuis l’année 2000, nous étions devant un panorama nouveau. A partir du premier octobre 2000, en l’espace de quinze jours, 75 actes antisémites ont été commis contre des juifs ou des institutions juives. C’était presque autant que pour l’ensemble des années 1998 (81 actes) et 1999 (82 actes). Fin 2000, le ministère de l’intérieur en comptabilisait 744, presque dix fois plus que les années précédentes.
Quelles ont été les réactions à l’époque ?
Elles ont été faibles. Les gouvernants et un certain nombre de responsables politiques ont été tentés de faire passer ces agressions pour des violences ordinaires. Alors que pour nous, la qualification antisémite ne faisait pas l’ombre d’un doute. Il a fallu attendre 2003 pour que le président de la République, Jacques Chirac, réagisse très fortement. Cela a marqué un tournant.
Comment a évolué la situation par la suite ?
Les événements nous ont hélas donné raison : en 2002, il y a eu 936 actes antisémites ; en 2004, 974. Ils ne sont jamais redescendus au niveau des lire la suite dans www.lemonde.fr
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