«Manifeste contre le nouvel antisémitisme» : changer l‘Islam, non le musulman

Le «manifeste contre le nouvel antisémitisme» publié le 21 avril 2018 par Philippe Val dans le quotidien «le Parisien – aujourd’hui en France» dénonce l’antisémitisme musulman qu’il considère comme «la plus grande menace qui pèse sur l’Islam du XXI ème siècle et sur le monde de paix et de liberté». Le document, signé par 300 personnes (responsables politiques, élus, philosophes, intellectuels, artisteschef d’entreprise…), explique (de façon schématique) que sans les juifs, la France ne serait plus la France. Il déplore alors, que ces derniers soient les victimes d‘une haine musulmane, comme l’illustrent les chiffres statistiques : «Les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans».

Bons nombres de dignitaires de l’Islam se sont naturellement offusqués contre ce document, compte tenu du risque de stigmatisation des musulmans qu’il est susceptible d‘engendrer. Bien évidemment, les musulmans ne sont pas en cause dans le manifeste, mais juste certains messages coraniques (structurant le mode de pensée des musulmans) qu’il conviendrait d’adapter au système occidental pluriculturel.

L’auteur évoque les assassinats en France de personnes juives commis ces dernières années par des personnes de confession musulmane :«Dans notre histoire récente, onze Juifs viennent d’être assassinés –et certains torturés– parce que Juifs, par des islamistes radicaux.» (il évoque en fait, sans les nommer, Ilan Halimi en 2006, Myriam Monsonégo, Gabriel Sandler, Arié Sandler, Jonathan Sandler en 2012, Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada, Yoav Hattab en 2015, Lucie Attal-Halimi en 2017, Mireille Knoll 2018).

Aussi, l‘auteur rappelle-t-il que pour éviter les violences qui leur sont faites, les juifs sont obligés de déménager des quartiers populaires (où ils sont installés), pour aller vivre dans des quartiers plus huppés (de Garges vers Sarcelles)voire de quitter la France pour aller vivre en Israël. Ce phénomène qu’il qualifie d’«épuration ethnique à bas bruit» l’afflige dans la mesure où la présence des juifs fait partie d‘une des composantes identitaires de la FranceIl fait alors le constat d’une amère réalité : la violence que les musulmans exercent sur les juifs français modifie le pacte social et partant, l’identité française. Il suggère donc aux musulmans de France qu’ils apprennent à accepter cette présence juive, sauf à prendre le risque de faire perdre à la France une de ses spécificités.

Philippe Val s’inquiète, certes, d’une absence de dénonciation du phénomène par les autorités françaises qui serait la conséquence d’une forme de lâcheté politique: «parce que la bassesse électorale calcule que le vote musulman est dix fois supérieur au vote juif». Selon lui, il est préférable de déplorer l’islamophobie que l’antisémitisme: «La dénonciation de l’islamophobie –qui n’est pas le racisme anti-Arabe à combattre– dissimule les chiffres du ministère de l’Intérieur». Pour autant, le problème est ailleurs.

Il demande donc aux autorités religieuses musulmanes qu’elles entament un processus de réforme de l’Islam pour expurger du Coran, les versets qui appellent au meurtre des juifs, et plus généralement, au meurtre des personnes non musulmanes : «ouvrant la voie»les «autorités théologiques»doivent «prendre en compte l’obsolescence des versets du Coran, appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants».

Il s’agit effectivement d’un problème crucial de l’Islam : si le Coran reprend les valeurs morales adoptées par les différentes religions et les sociétés occidentales, il contient également d’innombrables appels au meurtres des juifs et des chrétiens, appelés «les gens du Livre», de sorte que le monde embrasse, à terme, les seules valeurs de l’Islam.

Le rédacteur du manifeste redoute alors que la présence grandissante de musulmans en France s’accompagne d’un changement du pacte social français. Si le comportement des adeptes de l’Islam s’inspire majoritairement des préceptes coraniques, et non des principes républicains qui proscrivent le meurtre, en général, et celui des juifs, en particulier, la coexistence risque de s’avérer compliquée..

Une fois encore, le problème n’est pas l’homme mais le message. Autrement dit, l‘homme n’est, parfois, qu’une «pâte à modeler»des textes institutionnels qui le structurent. C’est, du moins, ce que l’histoire à permis de constater. Au cours de la seconde guerre mondiale, le problème ne tenait pas aux allemands en général, mais à l’idéologie nazie qu’il convenait d’éradiquer.

Au cours des deux mille dernières années, le chrétien n‘a pas posé de problème particulier. Seules les dispositions des évangiles faisant du peuple juif un peuple déicide étaient inadaptées : la répétitionchaque semaine dans les églises, que les juifs n’ont pas voulu reconnaître Jésus comme étant leur messie, qu’ils l’ont collectivement tué et qu’ils ont été rejetés par le Ciel pour prix de faute a été, incontestablement, un vecteur d’antisémitisme.

L’Église a donc procédé à son introspection et modifié sa doctrine en expurgeant les références à la nature déicide du peuple juif. Lors de Vatican II (1965), le pape Paul VI donc modifié la doctrine chrétienne dans le texte «Nostra aetate»: «S’il est vrai que l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits.»

Plus précisément, l‘antisionisme chrétien a été réglé en deux temps : tout d’abord, la loi sur la séparation de l’Église et de l’État rendu la vérité religieuse autonome du fonctionnement social. Les principes, valeurs fondamentales du christianisme et le mode de compréhension évangélique de l’univers, ont cessé d’impacter le cadre de la vie en société. La foi est alors devenue une dimension de la vie personnelle et non plus la finalité du fonctionnement collectifDans un deuxième temps, l‘abandon chrétien de la thèse du caractère déicide du peuple juif a mis un terme à la stigmatisation des juifs.

Il doit en être de même en Islam.

Iconviendrait donc d‘opérer, de la même manière, «une séparation de la mosquée et de l’État» dans l’esprit des croyants afin de permettre aux «personnes soumises à Allah» de gagner en tolérance, ouverture d’esprit, nuance et modération. Les théologiens de l’Islam pourraient alors, concomitamment, proposer une version du Coran qui n‘exige plus l‘élimination des juifs et des chrétiens.

Ainsi, et après Vatican II, ce que l’on pourrait appeler «Mecque II» faciliterait une communauté de vie en France, des musulmans avec les autres communautés religieuses ou laïque: le corpus des règles en Islam serait alors aménagé pour permettre une coexistence de l’Islam avec les autres systèmes de foi.

Bien évidemment, l’Islam (qui se présente comme conquérant), devra faire preuve d’une extraordinaire humilité. Ce n’est pas gagné : ceux que l’on appelle les «radicalisés» en France ou ailleurs dans le monde n’ont aucune autorité comme le Pape ou le Grand Rabbin, en mesure de dicter leur conduite à suivre, et d’interpréter les propos de Mahomet, dans un sens qui soit compatible avec la coexistence avec d’autres systèmes de foi.

Le «manifeste contre le nouvel antisémitisme» n’est donc en rien une mise en accusation des musulmans, réputés étrangers à la véritable identité française. Il ne s’agit pas non plus de remonter les communautés religieuses les unes contre les autres, à l’instar du texte «Ma France sans l’islam» de Philippe de Villiers publié dans « Valeurs actuelles», voire encore, de soutenir les thèses des extrémistes de l’extrême droite française qui agitent le spectre d’un «Grand remplacement» en cours sur le territoire national, les musulmans étant alors présentés comme des envahisseurs. Enfin, il n’est pas non plus question d’exiger des musulmans qu’ils renoncent à leur dignité.

Il s’agit juste un message humaniste visant à engager un processus de réforme de l’Islam, par les musulmans eux mêmes (nécessité dont bon nombre de musulmans a, d’ailleurs, parfaitement conscience). Le proverbe yiddish «heureux comme Dieu en France» retrouvera alors tout son sens.

Par ©Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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Photini Mitrou

Cette histoire a fait couler beaucoup d’encre et chacun y a été de son commentaire.
Je ne vois pas comment le Coran pourrait être corrigé? L’auteur du coran, c’est dieu lui-même. Peut-on corriger dieu et lui mettre un zéro pointé? Ca serait reconnaître qu’il a écrit des conneries. Obsolescence et dieu, ça pose question. Un dieu qui n’est pas dans l’éternité est-il dieu?
Toucher à l’oeuvre de dieu, le coran, n’est-ce pas crier à l’imposture.
Si on touche au coran, tout s’effondre. Même l’abrogation qui veut que le récent annule l’ancien, ne marche pas.
Les sourates « tolérantes » datent de La Mecque où Mahomet était en minorité et craignait pour sa vie.
Les sourates violences (d’après ce que j’ai cru comprendre) datent de Médine ou Mahomet était un chef incontesté et ne craignait personne ni pour sa vie. Sa vraie nature est dans les sourates de Médine.
L’abrogation, supprimer l’ancien pour ne garder que le récent, serait donc de supprimer les sourates de La Mecque (celles qu’on nous cite souvent et qui sont soft, un copier-coller de versets juifs) pour ne garder que les sourates de Médine, les violentes.
Il n’y a pas beaucoup d’issues. Il faudrait que les musulmans fassent leur aggiornamento et reconnaissent que l’islam est une hérésie du judéo-christianisme. Mais ça ça va être difficile pour leur ego.

Jge france reaa

Encore 14 siecles de conquete de la secte coranique , il y a deja plus de 1 milliards de leurs adeptes qui operent sur toute la planete , pour s informer , il suffit de compter tous les massacres au quotidien dans le monde entier !

AmiedeSion

En 14 siècles d’existence, l’islam a montré sa totale incapacité à évoluer pour vivre avec son temps ! Aucun pays majoritairement musulman, quel que soit son niveau de développement, en ce début de XVIe siècle, traite d’une manière égale, musulmans et non-musulmans, hommes et femmes ou respecte les principes fondamentaux de la démocratie… C’est plié : tous les juifs devront partir d’Europe d’ici quelques décennies, et les autres « kouffars » n’auront que le choix de prendre les armes ou de soumettre à la religion du prophète de Médine…