Comme Régis de Castelnau, je ne porte pas Emmanuel Macron dans mon cœur. Comme Régis de Castelnau, je suis farouchement hostile à toute forme de repentance. Mais contrairement à lui, je ne crois pas qu’Emmanuel Macron, en disant « Vichy c’était la France », se soit livré à un exercice de génuflexion expiatoire. Ni qu’il ait demandé qu’on fasse pénitence pour cela.

Vichy, parlons-en, justement, parce qu’il y a eu la commémoration du 75ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv. Vichy, c’est l’ignoble statut des Juifs d’octobre 1940, statut qui ne devait rien à l’occupant : les Allemands n’en demandaient pas tant. Vichy, c’est le triomphe de notre antisémitisme, bien à nous, bien français et parfaitement autonome par rapport à l’antisémitisme nazi avec lequel il avait bien sûr des affinités électives.

Vichy, ce sont les gendarmes français

Vichy, c’est la victoire des ligues fascisantes et anti-juives d’avant-guerre, une revanche affichée sur l’Affaire Dreyfus. Vichy, ce sont les gendarmes français, seuls à l’œuvre en juillet 1942 pour rafler les Juifs, les parquer au Vel d’Hiv, puis à Drancy, et de là vers les chambres à gaz.

Vichy, ce sont des dizaines de milliers de miliciens et de policiers obéissant aux ordres, y compris les plus abjects, des pouvoirs pétainistes. Vichy, ce sont des centaines de milliers de fonctionnaires dociles et souvent serviles. Vichy, ce sont des magistrats aux ordres, qui, sans état d’âme, expédiaient des résistants à la guillotine.

L’antisionisme est l’antisémitisme réinventé

Vichy, ce sont les Brigades spéciales de la police parisienne qui font le travail que la Gestapo n’aurait pas été capable de faire. Vichy, c’est évidemment, à ce moment-là, la France. Une France répugnante, mais la France quand même. Comme l’Allemagne hitlérienne était également l’Allemagne. Comme l’Italie fasciste de Mussolini était l’Italie.

Mais pourquoi évoquer un passé vieux de 75 ans ? Parce que si on s’interdit de nommer les assassins d’hier, on s’empêche de désigner ceux d’aujourd’hui. Macron, à qui on peut faire bien des reproches, a trouvé les mots justes quand il a cité les noms des Juifs assassinés dans la France d’aujourd’hui : d’Ilan Halimi à Sarah Halimi… Macron a dit aussi, en substance, que « l’antisionisme était l’antisémitisme réinventé ». Rien que pour cette phrase, il doit être remercié.

est journaliste et essayiste

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Richard MALKA

Je crois que l’on baigne en France et en Europe dans un délire irrationnel d’une gravité extrême.
Après la venue de TRUMP, le figaro titrait « Macron veut sortir Trump de l’isolement?! »
Aujourd’hui Macron pronnonce de belle parole pour nous faire croire que la France est en position de juger, alors que son méa culpa sur la collaboration est à des années lumières derrières tout le mal que la diplomatie française a fait aux juifs et à isarël ces 40 dernières années.

Contrairement au petit Ehr dogan Français, TRUMP et BIBI ont été élu avec une forte participation et sont légitimes dans leurs pays.

Macron reçoit TRUMP parce que c’est les USA qui participe allègrement à l’OTAN, sans laquelle nous serions submergé d’attentats en France.(d’autant que Macron veut réduire encor le budget de l’armée).

Macron reçoit BIBI parce que l’aide et l’expérience Israëlienne est fondamentale dans la lutte contre le terrorisme.

Mais « ACHTUNG Das is strictly verboten de dire cela ». Macron ne peut dire cela et il doit faire le grand écart pour ne pas détruire l’échapatoire antisionniste et anti-américain de tous ces frustrés révolutionnaires d’extrême gauche qui vont deferler dans les rues, et ne pas détruire les relations commerciales avec les pays arabes avec nos entreprises du CAC (« et ses 40 voleurs »).
Le grand écart a des limites, et à la rentrée Macron va se retrouver le cul par terre.

Il faudra bien dire la vérité d’aujourd’hui aux Français, avant d’espérer quoique ce soit de positif et pas la vérité d’hier qui n’aura pour effet que de pousser les gens d’avantage vers l’exaspération et la perversion.

francisko

ça a jamais échappé à personne, mais est-ce que c’est bien d’ouvrir la boite de Pandore ?