« Il ne passera pas par moi ». Avec un éminent collaborateur d’un pays prêt à n’importe quel grand écart, Jean-Yves Le Drian. Mais les poignées de main avec des Iraniens qui sentent le souffre atomique et le Coronavirus, ce n’est pas ce qu’on fait de mieux en matière d’assainissement des relations internationales sur le dos  des peuples opprimés d’Irak, Liban, Yémen, de menaces contre les minorités et Israël, et ainsi de suite… L’Iran s’enrhume, c’est la France qui tousse…

Après Soleimani, l’Iran envoie Shamkhani en Irak pour prendre le contrôle

Alors que l’Iran lutte pour contenir la pandémie de coronavirus qui a provoqué plus de 7 000 infections et décès parmi l’élite dirigeante iranienne, Téhéran complote pour contrôler la politique chaotique de l’Irak.

Ali Shamkhani (crédit photo: TASNIM NEWS AGENCY / WIKIMEDIA COMMONS)
Ali Shamkhani (crédit photo: TASNIM NEWS AGENCY / WIKIMEDIA COMMONS)
L’Iran a envoyé Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale d’Iran, à Bagdad afin d’essayer de contrôler l’avenir politique de l’Irak, selon des rapports et des témoignages d’initiés. Shamkhani est une figure clé en Iran. Alors que la République islamique lutte pour contenir la pandémie de coronavirus qui a provoqué plus de 7 000 infections et des centaines de morts – même parmi l’élite dirigeante iranienne – Téhéran complote pour contrôler la politique chaotique de l’Irak.
L’Irak est secoué par les protestations en cours depuis octobre et son premier ministre, Adel Abdel Mahdi, a démissionné en novembre en raison du meurtre de manifestants. Quelque 600 manifestants ont été tués, dont beaucoup par des milices soutenues par l’Iran, et quelque 20 000 autres blessés.
Fin décembre, l’Iran a organisé des tirs de roquettes en Irak contre les forces américaines, qui ont entraîné la mort d’un entrepreneur américain. Washington a riposté; des groupes pro-iraniens ont pris d’assaut le complexe de l’ambassade américaine; et les États-Unis ont tué le chef de la Force iranienne d’Al Quds, Qassem Soleimani et le commandant de la milice pro-iranienne Abu Mahdi al-Muhandis.
Cette élimination ciblée, au milieu des protestations, a déclenché une série de manifestations différentes dirigées par le populiste chiite irakien Muqtada al-Sadr et l’organisation Badr de Hadi al-Amiri pour évincer les troupes américaines. Dans le même temps, les partis politiques irakiens – dont Sadr et Amiri dirigent les deux plus grands mouvement d’un parlement divisé entre les factions chiites, sunnites et kurdes – ont nommé le nouveau Premier ministre désigné Mohammed Allawi. Mais il n’a pas réussi à former un gouvernement à la mi-mars, plongeant la politique irakienne dans le chaos.
Pour l’Iran, la situation chaotique à Bagdad est problématique. L’Iran a investi massivement au cours de la dernière décennie et demie dans la cooptation de politiciens à Bagdad. Des documents divulgués en novembre montrent comment l’Iran dispose d’un réseau d’agents en Irak. Ce réseau a été la clé du rôle de Qasem Soleimani en Irak au fil des ans. Il a travaillé par le biais de milices locales qui ont fait partie du Hashd al-Shaabi, ou unités de mobilisation populaire (PMU). Sa mort début janvier a laissé un grand vide.
Maintenant, l’Iran a envoyé Shamkhani pour reprendre là où Soleimani s’était arrêté. Il a rencontré le chef des renseignements irakiens, Mustafa al-Kadhimi, et a évoqué l’expulsion des forces américaines d’Irak.
« Le rôle des services de renseignement et de sécurité dans la gestion des nouvelles conditions est d’une importance capitale », a déclaré Shamkhani, selon l’agence de presse iranienne IRNA. Le «compte à rebours» pour se débarrasser des États-Unis en Irak a commencé, at-il ajouté. C’est le même langage utilisé par le Harakat Hezbollah al-Nujaba, un groupe pro-iranien des UMP, fortement antti-israélien et qui a été sanctionné par les États-Unis.
Nujaba a publié des vidéos à la mi-février sur le «compte à rebours», montrant les forces américaines et notant que les milices soutenues par l’Iran pourraient facilement les prendre pour cibles. Des roquettes ont été tirées sur l’ambassade américaine et les bases en Irak presque chaque semaine au cours des cinq derniers mois.
Des informations clés sur l’Irak ont permis de retracer les réunions de Shamkhani lors de sa tournée à Bagdad. Non seulement il a rencontré le président du Parlement irakien, le président et ancien Premier ministre, mais il a également rencontré le puissant dirigeant du PMU, Falih al-Fayyadh. Abu Mahdi al-Muhandis était chef-adjoint du PMU, donc rencontrer le chef du PMU montre que Shamkhani essaie de travailler avec les principaux groupes pro-iraniens irakiens.
Les observateurs locaux s’interrogent sur le calendrier et les objectifs des réunions iraniennes à Bagdad. « Ces visites sont liées à plusieurs scénarios », note le média Al-Ain. « Le plus important concerne les efforts de l’Iran pour contrôler le processus de formation du nouveau gouvernement irakien, comme il le fait depuis 2003. Il veut également compenser l’absence de Soleimani. » L’incapacité d’Allawi à former un gouvernement a déclenché le compte à rebours de quinze jours avant de devoir trouver un autre Premier ministre.
Un responsable irakien qui s’est entretenu avec Al-Ain sous couvert d’anonymat a déclaré que Shamkhani était à Bagdad et à Nadjaf. Il a ajouté que le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale d’Iran avait rencontré le chef du Parti Dawa Nouri al-Maliki, le chef du mouvement Hikma Ammar al-Hakim et le religieux irakien Sadr.
« Shamkhani supervise le processus de formation du gouvernement et est guidé par l’ayatollah [iranien] Ali Khamenei », a ajouté la source. «Il est venu directement à Bagdad pour interférer dans le processus.»
Il semble que le chef du renseignement irakien soit une source favorite de l’Iran. Téhéran a subi un coup porté à son influence après l’exécution de Soleimani en janvier. De nombreuses divergences entre les groupes du Hashd (PMU) sont apparues. Le Hezbollah au Liban a été invité à aider à réunir les différentes factions de l’UMP.
Le Hezbollah a envoyé Mohammed al-Kawtharani, qui est en charge des activités du groupe en Irak et en Iran à la suite de la mort de Soleimani pour faire de son mieux pour unir l’UMP. Mais les réunions en Irak et à Qom, aujourd’hui le centre de l’épidémie de coronavirus, n’ont apparemment pas atteint les résultats escomptés. Les divisions «s’aggravent jour après jour», rapporte Al-Ain. Le chef du CGRI, Esmail Ghaani, a également été envoyé en Syrie pour coïncider avec le voyage de Shamkhani. « L’Iran est épuisé de l’intérieur et dans ses initiatives de sécurité », a déclaré un politicien (irakien) aux journalistes.
L’Irak est sous haute tension actuellement, en raison des inquiétudes quant à savoir qui deviendra le prochain Premier ministre. Les groupes kurdes se méfiaient d’Allawi, qui semblait vouloir marginaliser la région autonome kurde. Sadr a élevé le ton de la rhétorique contre les Peshmergas kurdes et la région kurde ces dernières semaines.Pendant ce temps, les membres du PMU, qui soutenaient Allaoui, craignent qu’un autre candidat ne soit sélectionné et semblent s’opposer à Kadhimi. Abu Ali Al-Askara, porte-parole du Kataib Hezbollah, l’a menacé dans un récent message, affirmant qu’il avait joué un rôle dans la frappe aérienne américaine du 3 janvier. On ne sait pas pourquoi la faction du Kataib Hezbollah a mis en garde contre une « guerre » si Kadhimi -chef des renseignements irakiens – est retenu comme candidat, mais ils sont profondément opposés à lui.
Ces spéculations en Irak font suite à la visite de Shamkhani. Beaucoup se demandent pourquoi cet Iranien de haut rang était à Bagdad et quels autres motifs étaient à l’origine de sa visite. Bien que d’autres Iraniens aient été empêchés de voyager en raison de l’épidémie de virus, il a pu aller et venir sans encombre.
L’agence de presse iranienne Tasnim a rapporté que la visite de Shamkhani était sans précédent. Il note que l’Iran cherche à aider à éliminer les forces américaines et à positionner également Kadhimi dans un rôle clé en Irak. L’Iran a investi profondément dans sa visite de deux jours cette semaine malgré la crise des coronavirus, qui a touché de nombreux députés et hauts dirigeants iraniens.
Cela montre l’extrême importance que l’Iran accorde au contrôle de ce qui se passera ensuite en Irak. L’Iran veut utiliser l’Irak pour transférer et stocker des missiles balistiques et d’autres munitions qu’il envoie en Syrie dans le  but de menacer Israël. Il veut également que le PMU soit uni sur le modèle du CGRI et du Hezbollah. Cependant, les déclarations du Kataib Hezbollah et d’autres unités montrent que l’Iran a de très nombreux défis à relever avant d’y parvenir.
L’absence, durement ressentie, de Soleimani et de Muhandis est comme l’absence de deux grandes familles prédominantes de la mafias dans un empire mafieux. Ils ne sont pas faciles à remplacer et l’Iran ne fait pas confiance à la plupart des autres dirigeants. C’est pourquoi l’Iran a dû exploiter le Hezbollah et Shamkhani pour tenter de venir à bout du chaos en Irak. L’Iran envisage d’expulser les États-Unis d’Irak et d’Afghanistan cette année. Les troupes américaines quittent déjà l’Afghanistan dans le cadre d’un accord avec les talibans. Pour l’Iran, le prochain objectif est également de faire sortir les États-Unis d’Irak. Mais il veut le faire sans trop faire sentir ses propres manipulations et irriter les Irakiens. Il a déjà assisté à l’incendie de deux de ses consulats brûlés l’an dernier par des manifestants en Irak.
Adaptation : Marc Brzustowski

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