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Le 17 novembre 2015, le cabinet de sécurité de Benjamin Netanyahou a décrété l’interdiction du Mouvement islamique en Israël en raison des  « menaces qu’il présente pour l’ordre public » et de ses incitations « à la haine et au racisme ». Son leader charismatique, le Cheikh Raed Salah, est considéré comme étant directement responsable de la « guerre des couteaux », lancée en octobre 2015, et de la folie meurtrière des palestiniens qui l’accompagne. Sa campagne, menée sous le slogan « al-Aqsa est en danger », répand qu’Israël souille l’Esplanade des mosquées, et qu’il veut diviser la Mosquée Al Aqsa, voire la détruire pour construire le troisième Temple. Par ailleurs, les sermons du Cheikh Raed Salah dénient à Israël, sa nature d’Etat nation du peuple juif. 

Benjamin Netanyahou a donc expliqué que sa décision participait de la lutte contre le terrorisme d’autant que ce parti niait « le droit d’Israël à exister et appelait à la création d’un califat islamique à sa place ». Le bureau de Netanyahou a d’ailleurs diffusé un document montrant que le groupe était affilié à l’organisation terroriste Hamas avec lequel il coopère secrètement et activement.

Pour sa part, le Ministre de la Sécurité publique, Gilad Erdan, considère que  « Le Mouvement islamique, le Hamas, Daech et les autres organisations terroristes ont un programme idéologique commun qui mènent aux attaques terroristes dans le monde et à la vague d’attentats terroristes en Israël». Aussi, a-t-il expliqué : «l’État d’Israël doit être à l’avant-garde dans la lutte contre l’islamisme extrémiste dont on a vu les émissaires massacrer des innocents à Paris, New York, Madrid ainsi qu’en Israël ». Le Ministre de la Défense, Moshe Yaalon a donc déclaré le Mouvement Islamique illégal, en recourant aux dispositions d’exception datant du mandat britannique.

Le mode opératoire du Mouvement islamique n’est pas sans rappeler celui du Hamas ou du Hezbollah : il fait preuve d’une grande proximité à l’égard des personnes indigentes grâce à un réseau de bienfaisance et de protection sociale, un système éducatif et plusieurs médias pour endoctriner la jeunesse arabe israélienne. Pour autant, et très habilement, le Cheikh Raed Salah n’appelle pas directement à la lutte armée contre Israël : Il la suggère dans ses discours et messages prosélytes anti israéliens. D’ailleurs, il ne se présente jamais comme un mouvement arabe israélien qui participerait de la vie démocratique israélienne, mais bien comme une entité qui rejette Israël et qui incarne l’expression palestinienne en Israël pour prendre le contrôle du pays. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’un mouvement démocratique qui accepte Israël dans sa diversité culturelle et cultuelle mais bien d’un véhicule doctrinaire palestinien (dans les frontières israéliennes) qui prophétise la disparition de l’entité juive, tout comme le faisait le mouvement Al Ard dans les années 50 (qui a également été interdit pour son soutien indéfectible à la cause palestinienne).

Naturellement, le Cheikh Raed Salah s’est immédiatement offensé de l’interdiction de son mouvement, affirmant qu’il continuerait à « défendre Jérusalem et le complexe de la mosquée al-Aqsa des menaces israéliennes ». Il a également reproché à Israël de n’être qu’un Etat raciste qui muselle « sa composante palestinienne », l’interdit de commémorer la nakba, et de s’unir avec les mouvements (terroristes) de gaza ou de Cisjordanie. En somme, pour le leader du Mouvement Islamique, il n’y a pas d’arabes israéliens dans l’Etat juif, juste des palestiniens en Israël dont le sort est lié à celui des palestiniens résidant en Cisjordanie ou à Gaza.

Le cas symptomatique est celui de Jamal Zahalka qui se présente lui-même comme « membre palestinien » du parlement israélien. Pour lui, l’interdiction du Mouvement Islamique est une « déclaration de guerre  contre la minorité palestinienne du pays ». Il a également déclaré « Il s’agit d’une attaque non seulement contre la branche nord du Mouvement islamique, mais contre l’ensemble de notre communauté », ajoutant, « Israël fait des citoyens palestiniens du pays un ennemi ». Pour sa part, Mohammed Barakeh (à la tête du comité), a déclaré que le Mouvement islamique continuera à y prendre part au mépris de cette interdiction.

Israël mène une guerre sans merci contre les mouvements susceptibles de susciter le  terrorisme à l’intérieur de ses frontières. Il peut s’agir de groupes arabes comme ce fut le cas avec l’interdiction des « mourabitoun », ces étudiants musulmans envoyés par le Mouvement islamique dans l’enceinte d’al-Aqsa pour s’en prendre aux juifs (septembre 2015), mais également de mouvement juifs comme le Kach, groupe extrémiste juif qui a été interdit dans les années 90, après que l’un de ses membres, Baruch Goldstein, ait tué 29 fidèles dans la mosquée d’Abraham à Hébron.

Les arabes israéliens (ou plutôt les palestiniens d’Israël) redoutent désormais que cette mesure soit étendue à toute les structures qui appellent à la disparition de l’Etat. C’est en effet ce qui risque de se produire pour les organisations qui ont un objet similaire à celui du Mouvement Islamique comme le Tajammu, ou le parti national démocratique de Zahalka, Balad, (En octobre 2015, le Premier ministre israélien a accusé le parti Balad de conspirer avec le Hamas et l’État islamique), voire encore d’autres ONG qui salissent Israël dans leur communications régulières.

Sur le plan institutionnel, Israël ne porte pas atteinte à ses principes fondateurs en interdisant des mouvements qui incitent aux opérations terroristes sur son territoire. En effet, il ne s’agit pas d’une atteinte à la liberté de pensée mais d’une prévention contre les actes criminels.

La situation est donc différente de celle de la France, récemment confrontée à cette problématique, à la suite des attentats meurtriers qui l’ont endeuillé le 13 novembre 2015. La loi sur l’état d’urgence décrétée en France le 20 novembre 2015 a conduit à la prise de mesures attentatoires aux libertés individuelles comme cela est prévu par l’article 15 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, en cas de guerre ou de danger public menaçant la vie de la Nation. Le gouvernement  français a donc informé le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, des dérogations à certains droits et notamment d’une limitation de la liberté d’expression, d’association, de culte, de droit d’aller et venir, des atteintes au principe du procès équitable, ou encore à l’intimité de la vie privée. Ce n’est pas le cas pour Israël. L’interdiction du Mouvement Islamique correspond à l’incrimination française des associations de malfaiteurs en relation avec des entreprises terroristes.

Il serait donc intéressant qu’Israël tire les conséquences de cette absence d’intégration d’une partie substantielle de la communauté arabe israélienne qui se reconnait dans l’identité palestinienne et non comme arabes israéliens au sein de l’Etat juif. En effet, s’ils se considèrent « palestiniens » en Israël, c’est qu’ils adhérent aux thèses palestiniennes de dépossession, de colonisation, de spoliation pour fonder leur revendication dite légitime, à savoir « la destruction d’Israël ».

Il suffira donc de leur reconnaître la nationalité palestinienne et de leur donner un titre de séjour en Israël, comme c’est le cas pour les étrangers en situation régulière dans le pays. Bien évidemment ils seront déchus du Droit de vote aux élections nationales, faute de nationalité israélienne, (israélite ou juive), et seront susceptibles d’être chassés du pays en cas d’atteinte aux intérêts supérieurs de la nation juive. Ce serait l’apport majeur du Cheikh Raed Salah aux institutions du pays.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach.

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andre

Tres interessant, en particulier le paragraphe ou sont comparees les mesures prises en Israel et les mesures actuelles d’exception en France. Ces dernieres, au contraire des premieres, limitent effectivement certaines libertes individuelles. Il faudra s’en souvenir quand Israel sera a nouveau, n’en doutons pas, diffame pour l’interdiction du Mouvement islamique en Israël. La derniere phrase du paragraphe « L’interdiction du Mouvement Islamique correspond à l’incrimination française des associations de malfaiteurs en relation avec des entreprises terroristes » est a retenir egalement.